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 	NEW YORK, NY - MARCH 24: Doctors test hospital staff with flu-like symptoms for coronavirus (COVID-19) in set-up tents to triage possible COVID-19 patients outside before they enter the main Emergency department area at St. Barnabas hospital in the Bronx on March 24, 2020 in New York City. New York City has about a third of the nation’s confirmed coronavirus cases, making it the center of the outbreak in the United States.
Les médecins testent le personnel hospitalier avec des symptômes pseudo-grippaux pour le coronavirus, New York // Credit : 2020 Getty Images

Les médecins testent le personnel hospitalier avec des symptômes pseudo-grippaux pour le coronavirus, New York // Credit : 2020 Getty Images

Discriminations

Dans les Amériques, les droits du personnel soignant menacés

Soignants, agents d’entretien, scientifiques, … Dans les Amériques, les personnes se retrouvant en première ligne dans la lutte contre le Covid-19 sont menacées par le virus mais également par certains gouvernements. Enquête.

Les personnes qui se trouvent en première ligne de la lutte contre la pandémie travaillent souvent dans des conditions dangereuses. Elles ne disposent pas d’équipements de protection suffisants. Pire encore, elles s’exposent parfois à des représailles de la part des autorités ou de leurs employeurs si elles protestent, certaines d’entre elles ayant même reçu des menaces de mort ou été agressées physiquement.

Pourtant leur travail est plus que jamais vital puisque près de la moitié des personnes testées positives au Covid-19 se trouvent dans les Amériques (soit plus de deux millions de cas confirmés).

Lire aussi : Tout savoir sur le Covid-19 et les droits humains

Un manque alarmant d’équipements de protection

Sur les 21 personnes travaillant dans le secteur de la santé, aux États-Unis, au Mexique, au Honduras, au Nicaragua, au Guatemala, en République dominicaine, en Colombie et au Paraguay, avec qui nous nous sommes entretenus, deux seulement disposent d’équipement de protection individuelle (EPI) suffisants ou à peu près suffisants. Les autres personnes ont fait part de leurs inquiétudes quant au manque d’EPI adéquats. Elles ont aussi exprimé des préoccupations au sujet des congés maladie, des périodes de repos et du manque de soutien psychologique au travail.

Les lignes directrices de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur le rationnement de l’EPI soulignent que les agents de propreté et d’entretien devraient en fait disposer de plus d’EPI que de nombreux autres membres du personnel hospitalier, y compris les médecins et infirmiers qui n’ont pas de contacts directs avec des patients Covid-19.

Or, nous avons constaté que le personnel des services de propreté est souvent mal payé, avec des avantages sociaux précaires, et certaines de ces personnes travaillaient pour des entreprises qui ne veillaient pas à ce qu’elles disposent d’EPI adéquats. Un médecin au Honduras a vu dans son hôpital des agents de propreté nettoyer à mains nues des endroits où se sont trouvés des patients Covid-19.

Au Nicaragua, des personnes travaillant dans le secteur de la santé ont non seulement été licenciées parce qu’elles ont utilisé des EPI, mais on leur a aussi parfois arraché violemment l’équipement de protection qu’elles portaient.

Voir notre vidéo : Comprendre le droit à la santé

Les lanceurs d’alerte censurés

De nombreuses personnes travaillant dans le secteur de la santé craignent de subir des représailles si elles dénoncent leurs conditions de travail dangereuses. Certaines personnes ont été licenciées ou fait l’objet de sanctions disciplinaires parce qu’elles ont été des lanceuses d’alerte. Tainika Somerville, une aide-soignante qui travaille dans une maison de retraite privée à Chicago, a été licenciée parce qu’elle a diffusé sur Facebook une vidéo dans laquelle elle dénonçait le manque d’EPI sur son lieu de travail. Les maisons de retraites sont pourtant des épicentres de décès liés au Covid-19, et les personnes qui y travaillent sont particulièrement en danger.

Les restrictions de la liberté d'expression ont aussi eu des répercussions sur le droit à la santé et l’accès de la population aux informations relatives à la santé. Au Venezuela, les autorités ont emprisonné des journalistes qui avaient publié des informations au sujet de la pandémie. Les chiffres officiels, au moment de la publication de cette enquête, faisaient état de seulement 541 personnes infectées par le Covid-19 et de moins de 10 décès, des chiffres qui semblent sous-évalués.

La santé des plus d’un milliard de personnes qui vivent dans les Amériques ne peut pas être protégée si des gouvernements persistent à réduire au silence les personnes lanceurs d’alerte, les journalistes et les personnes travaillant dans le secteur de la santé qui prennent courageusement la parole pour dénoncer des conditions de travail dangereuses et réclament à juste titre des mesures adéquates et responsables face à la pandémie.

Lire aussi : Les employés d'Amazon en première ligne

Le personnel de santé stigmatisé

Des membres du personnel de santé ont fait l’objet d’une stigmatisation, d’attaques physiques, de menaces de mort et se sont vu interdire l’usage des transports publics dans des pays tels que la Colombie et le Mexique. En Bolivie on leur a même jeté des pierres publiquement.

Certains gouvernements ont réagi à ces attaques en publiant rapidement des communiqués et en menant rapidement des actions de sensibilisation pour soutenir publiquement le rôle du personnel de santé, mais certains dirigeants ont pris des mesures à leur détriment.

Les remerciements ne suffisent plus

Alors que l’Amérique latine traverse ses semaines les plus meurtrières à ce jour, il est absolument indispensable que tous les pays veillent ensemble à ce que le financement de la santé ne soit pas compromis en cette période cruciale. Cette pandémie ne connaît pas de frontières, et les États-Unis doivent soutenir la recherche d’une solution mondiale en finançant, avec les autres pays, l’Organisation Mondiale de la Santé, afin qu’elle puisse déployer ses capacités techniques et d’expertise là où elles sont le plus nécessaires.

En ces temps difficiles, nous sommes infiniment redevables aux agents de propreté et d’entretien des hôpitaux et des maisons de retraite, aux hommes et femmes médecins et infirmiers, aux aides-soignants et aux épidémiologistes pour les efforts incessants qu’ils fournissent pour préserver notre santé. Mais il ne suffit pas de les remercier. Il faut que les gouvernements prennent les mesures nécessaires pour que leur sécurité et leurs droits fondamentaux soient garantis.

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