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© Orlando Sierra/AFP/Getty Images
Honduras
Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains au Honduras en 2024.
Les autorités ont continué de militariser la sécurité publique. Les conditions carcérales restaient préoccupantes. Des violations des droits fondamentaux ont été commises cette année encore dans le cadre de l’état d’urgence, et la protection des défenseur·e·s des droits humains laissait à désirer. Les conséquences du changement climatique ont aggravé la situation déjà précaire de milliers de personnes. L’avortement était toujours interdit, de même que le mariage entre personnes de même sexe.
CONTEXTE
La création d’une commission internationale contre l’impunité et la corruption ne s’était toujours pas concrétisée à la fin de l’année.
RECOURS EXCESSIF ET INUTILE À LA FORCE
Le gouvernement a pris des mesures en vue de la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans les persécutions et la répression dont ont fait l’objet les acteurs des mouvements sociaux et des protestations intervenus dans les années 1980 et entre 2009 et 2021, mais des obstacles entravaient toujours la justice.
Malgré les critiques d’organisations de défense des droits humains, le gouvernement a prolongé l’état d’urgence imposé pour combattre l’insécurité et le crime organisé et en a étendu la portée ; il a en outre annoncé de nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme, d’ampleur disproportionnée. Entre le début de l’état d’urgence, en décembre 2022, et le mois d’octobre, le Commissariat national aux droits humains (CONADEH) avait reçu plus de 700 plaintes contre la police et les forces de sécurité.
DROITS DES PERSONNES DÉTENUES
Les établissements pénitentiaires étaient toujours surpeuplés et militarisés. Selon des expert·e·s des Nations unies, les conditions de détention dans de nombreuses prisons constituaient une forme de traitement cruel, inhumain et dégradant. Le gouvernement a annoncé la construction d’une « méga-prison ».
DÉFENSEUR·E·S DES DROITS HUMAINS
Selon Global Witness, le Honduras était le pays comptant le plus grand nombre d’homicides de personnes défendant les droits liés au territoire et à l’environnement. Ces défenseur·e·s étaient également exposés à la stigmatisation, à des actes d’intimidation, à des détentions arbitraires et à des poursuites pénales ; la plupart de ces préjudices restaient impunis. Les attaques étaient généralement liées à des projets miniers, à la propriété foncière ou à des violations des droits de personnes autochtones ou d’origine africaine et visaient notamment des défenseur·e·s des droits humains des Garifunas.
Des organisations locales ont déploré les défaillances et l’inefficacité du mécanisme national de protection des défenseur·e·s des droits humains. Juan López, membre du Comité municipal de défense des biens publics et communs de Tocoa, a été tué par balle en septembre.
La Cour suprême a confirmé en novembre les peines prononcées contre huit hommes reconnus coupables du meurtre, en 2016, de la défenseure indigène des droits humains Berta Cáceres.
Le Honduras n’avait toujours pas signé l’Accord d’Escazú à la fin de l’année.
DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES
En application d’une décision de la Cour interaméricaine des droits de l’homme, l’État a commencé, en octobre, à restituer des terres à la communauté garifuna de Punta Piedra.
DROIT À UN ENVIRONNEMENT SAIN
Des communautés du golfe de Fonseca ont fait état des conséquences négatives de la hausse du niveau de la mer, de l’érosion côtière et de la pollution sur leurs moyens de subsistance. Dans le « couloir sec » d’Amérique centrale (ouest du pays), l’accès à l’eau et la sécurité alimentaire étaient affectés par une longue sécheresse. Exacerbés par les inégalités, particulièrement élevées dans le pays, les effets du changement climatique poussaient de nombreux habitant·e·s du Honduras à émigrer.
DROITS SEXUELS ET REPRODUCTIFS
L’avortement était toujours interdit en toutes circonstances et la pilule contraceptive d’urgence était difficile à obtenir car les stocks des établissements de santé publics étaient limités. Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a reçu une plainte contre le Honduras à propos d’une défenseure indigène des droits humains victime de viol à qui un avortement avait été refusé.
VIOLENCES FONDÉES SUR LE GENRE
Le Congrès a adopté une loi sur les refuges pour les femmes victimes de violences, mais la proposition de loi intégrale contre les violences faites aux femmes était toujours en instance à la fin de l’année.
DROITS DES PERSONNES LGBTI
Le mariage entre personnes de même sexe était toujours interdit. Aucune avancée n’a été observée concernant la procédure de reconnaissance de l’identité de genre, dont la mise en place avait été ordonnée par la Cour interaméricaine des droits de l’homme.