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URGENCE ISRAËL-GAZA

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People attend a demonstration to protest against the loading of weapons aboard the Bahri-Yanbu, a cargo ship operating for Saudi Arabia's defence and interior ministries, in Le Havre, France, May 9, 2019. The banner reads: "Their blood, your money".
Les gens assistent à une manifestation pour protester contre le chargement d'armes à bord du Bahri-Yanbu, un cargo opérant pour les ministères de la défense et de l'intérieur de l'Arabie saoudite, au Havre, France, le 9 mai 2019 © REUTERS/Benoit Tessier

Les gens assistent à une manifestation pour protester contre le chargement d'armes à bord du Bahri-Yanbu, un cargo opérant pour les ministères de la défense et de l'intérieur de l'Arabie saoudite, au Havre, France, le 9 mai 2019 © REUTERS/Benoit Tessier

"Bahri Yanbu" : le retour du navire de la honte

Le navire saoudien "Bahri Yanbu", suspecté de venir charger du matériel militaire à destination de l’Arabie saoudite, va transiter par le port civil de Cherbourg. Il doit être arrêté !

Des actions en justice, des manifestations et d’autres types de mobilisation sont prévues dans plusieurs ports européens pour s’opposer au retour du Bahri Yanbu. à partir du 27 janvier 2020 Ce navire de transport appartenant à l’État saoudien a déjà convoyé des dizaines de millions de dollars d’armes pour alimenter la guerre au Yémen.

Lire aussi : Bahri Tabuk, le navire de la honte

Lire aussi : Retour en images sur notre mobilisation

Un voyage mortifère

Tout juste rentré d’un voyage transatlantique au cours duquel il a fait escale aux États-Unis et au Canada en décembre, le navire doit se rendre dans cinq ports européens à partir du 2 février 2020, avant de continuer son périple jusqu’en Arabie saoudite. Il est prévu qu’il s’arrête à Bremerhaven (Allemagne), Anvers (Belgique), Tilbury Docks (Royaume-Uni), Cherbourg (France) et Gênes (Italie). Il n’y aura finalement pas d’escale en Belgique. En effet, les autorités belges auraient fait pression pour que le navire n’accoste pas et ne transite pas dans leurs eaux.

Lors d’un voyage similaire effectué en mai 2019, des manifestations et des actions en justice avaient empêché que certaines des armes à destination du Yémen ne soient embarquées sur le "Bahri Yanbu". Malgré cela, des dizaines de millions de dollars de pièces d’aéronefs militaires et d’armes sont passées entre les mailles du filet. Des multiples États ont failli à leur obligation internationale qui consiste à stopper les transferts d’armes servant à commettre des crimes de guerre et d’autres graves violations des droits humains.

La volonté politique des gouvernements de respecter leurs obligations juridiques est une fois encore mise à l’épreuve. Les militants et les travailleurs/travailleuses portuaires sont en alerte rouge. En effet, le Bahri Yanbu menace de bafouer de nouveau le droit international pour des contrats d’armement lucratifs qui participent à l’homicide illégal de civils et alimentent une terrible catastrophe humanitaire au Yémen.

Lire aussi : Une mobilisation pour entraver le Bahri Yanbu

Une vague de mobilisation

La vague d’opposition au voyage en cours du Bahri Yanbu traverse plusieurs pays.

Belgique : trois organisations non gouvernementales (ONG) ont saisi la justice afin d’obtenir une injonction empêchant l’État d’autoriser des transferts d’armes vers l’Arabie saoudite ;

France : nos bénévoles prévoient de manifester dans le port de Cherbourg ;

Italie : une grève des dockers est prévue à Gênes, où les syndicats ne cessent d’exprimer leur opposition au chargement de « marchandise sensible » destinée à être utilisée dans la guerre au Yémen. Des bénévoles d’Amnesty International Italie prévoient de manifester sur le port.

En décembre, Amnesty International Espagne et des ONG partenaires participant à la campagne « Contrôlez les armes » ont manifesté contre l’arrivée du Bahri Abha, le navire sœur du Bahri Yanbu, à Sagunto, près de Valence. L’État espagnol a indiqué à Amnesty International Espagne que le navire avait embarqué des conteneurs à destination des Émirats arabes unis et de l’Égypte, sans en révéler le contenu.

Un risque élevé

Compte tenu du secret qui entoure le chargement du Bahri Yanbu, nous ne disposons pas d’éléments précis indiquant qu’il transporte actuellement des armes vers l’Arabie saoudite. Cependant, au vu des circonstances de ce voyage et des antécédents déplorables du navire, cela pourrait tout à fait être le cas, et les États risquent véritablement de manquer une fois de plus à leur obligation juridique d’empêcher les transferts d’armes illégaux. Pour autant, l’agent de transport logistique belge de la compagnie Bahri a confirmé à un média flamand, le 2 février, qu’il y a sur le navire « du matériel "roulant" et des pièces à bord qui sont destinés aux services militaires, c'est vrai. ». Ce qui signifie que la mobilisation de la société civile a porté ses fruits.

Selon les connaissements que nous avons analysés, le Bahri Yanbu a transporté, depuis le début de la guerre au Yémen en 2015, près de 360 millions de dollars de matériel militaire ou à usage mixte au cours des dix trajets qu’il a effectués entre les États-Unis et l’Arabie saoudite avant le dernier en date.

Les données disponibles actuellement montrent que, lors du voyage au cours duquel il s’était rendu dans plusieurs ports européens, en mai 2019, le Bahri Yanbu transportait 47 millions de dollars de pièces et de matériel militaires, dont beaucoup correspondaient à des aéronefs militaires. Des conteneurs d’armes ont également été embarqués en Belgique et en Espagne, et des canons Caesar de 155 mm devaient être chargés en France, mais des ONG ont intenté des actions en justice pour empêcher ce transfert. Par ailleurs, nous avons recueilli des informations crédibles indiquant que le navire avait à son bord des véhicules blindés légers de fabrication canadienne.

L’Allemagne, la Belgique, le Canada, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni sont tous parties au Traité sur le commerce des armes. Bien que les États-Unis en soient signataires, le gouvernement de Donald Trump a déclaré ne pas avoir l’intention de respecter les obligations imposées par ce texte. Le Traité interdit les transferts internationaux d’armes qui serviraient à commettre des crimes de guerre, comme des attaques dirigées vers des civils. En outre, la Position commune du Conseil de l’Europe définissant des règles communes régissant le contrôle des exportations de technologie et d’équipements militaires interdit également aux États membres de l’Union européenne d’autoriser des transferts d’armes en pareilles circonstances.

Comprendre : Quels sont les engagements de la France en matière de ventes d'armes ?

La guerre aérienne et terrestre que mène la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis au Yémen a fait des milliers de morts et de blessés parmi les civils, notamment lors d’attaques lancées en violation du droit international humanitaire, dont certaines constituent probablement des crimes de guerre. Le conflit est marqué par de graves crimes de droit international, y compris des disparitions forcées et des actes de torture dans un réseau de sites noirs.

C’est dans ce contexte qu'avec d’autres organisations nous avons saisi la Cour pénale internationale le 11 décembre 2019 afin de mettre en cause la responsabilité des fournisseurs d’armes à la coalition au titre desquels la France.

Itinéraire du voyage en cours du "Bahri Yanbu"

Agir

STOP À LA COMPLICITÉ DE LA FRANCE

Interpellez Emmanuel Macron pour exiger le respect des engagements internationaux en matières de contrôle et de transparence sur les ventes d'armes de la France