Le gaz lacrymogène fait partie de ces armes très souvent utilisées par la police. Présentées comme une arme « à létalité réduite », le gaz lacrymogène, utilisé abusivement, a déjà tué. Décryptage sur les composantes chimiques de cette arme, son encadrement légal.
Pourquoi son utilisation massive pose problème ?
Pour les forces de sécurité, les gaz lacrymogènes permettent de disperser « sans danger » des participant·e·s à des manifestations violentes, pour éviter d’avoir recours à des armes plus dangereuses. Or, dans la pratique, les forces de police utilisent le gaz lacrymogène de façon disproportionnée, d’une manière qui ne correspond absolument pas à l’usage prévu : en utilisant souvent de grandes quantités contre des manifestant·e·s majoritairement pacifiques ou en tirant des projectiles directement sur des personnes.
Nous estimons, tout comme le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, que l’utilisation de gaz lacrymogènes équivaut dans certaines circonstances à un recours à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements.
Quels sont les effets et les risques sur la santé ?
L’exposition au gaz lacrymogène provoque une sensation de brûlure, des frottements aux yeux provoquant des larmes, de la toux, un resserrement de la cage thoracique, des difficultés respiratoires et une irritation de la peau.
Dans la plupart des cas, les effets se dissipent après 10 à 20 minutes. Cependant, chaque personne réagit différemment au gaz lacrymogène, et les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées sont particulièrement sensibles à ses effets.
Les composants du gaz lacrymogènes

Infographie issue de la plateforme d'Amnesty International sur les gaz lacryogènes intitulée "Tear Gas"
Les niveaux de toxicité peuvent varier en fonction des spécifications des produits, de la quantité utilisée et de l’environnement dans lequel le gaz est utilisé. Un contact prolongé peut représenter de graves risques pour la santé. En raison du nombre limité de recherches publiées sur les effets de ces gaz, nous n’en avons pas encore découvert l’ampleur totale et les conséquences à long terme, et des études systématiques supplémentaires sont nécessaires.
Dans quel cas le gaz lacrymogène peut-il être utilisé ?
✅Le gaz lacrymogène peut seulement être utilisé dans des lieux où les gens ont la possibilité de se disperser. Autrement dit, il ne peut pas être utilisé dans un espace confiné ni être utilisé si les rues et autres issues sont bloquées.
✅Le gaz lacrymogène peut être utilisé seulement après que les gens aient été avertis du recours imminent à cette arme pour qu’ils aient le temps de se disperser.
✅Le gaz lacrymogène peut être employé uniquement dans les situations de violence généralisée, dans le but de disperser une foule, si et seulement s’il s’agissait du seul moyen à disposition pour contenir la violence.
❌Le tir des gaz lacrymogènes ne doit jamais être direct. Les cartouches et les grenades contenant des substances irritantes ne doivent jamais être directement tirées sur une personne. D'autant que lorsqu'elles sont tirées, ces grenades deviennent de dangereux projectiles.
❌Il est interdit d’utiliser du gaz lacrymogène à proximité des écoles, des hôpitaux ou pour viser des personnes vulnérables telles que des personnes âgées, des femmes enceintes ou des enfants.
Exemples d’utilisation abusive
Amnesty International a authentifié plus de 500 vidéos d’usage abusif de gaz lacrymogène par les forces de police dans 31 pays. De la France aux États-Unis en passant par la Colombie ou le Nigeria, Myanmar, Hong-Kong... les abus sont présents sur tous les continents. Nous les avons recensés au cas par cas sur notre plateforme interactive « Tear-Gas ». Attention, certains de ces contenus peuvent être choquants.
La liste des cas répertoriés n’est sont pas exhaustive, mais donne un aperçu des problèmes liés à l’usage des gaz lacrymogènes en France et de la nécessité que les autorités changent de pratiques pour se conformer au droit international.
Pour un contrôle des armes à létalité réduite en manifestation !
Au vu de la dangerosité des armes à létalité réduite, nous avons besoin, sans attendre, d’un traité mondial fort et juridiquement contraignant qui régirait leur commerce.