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Réfugiés sur l'île de Chios en Grèce © Giorgos Moutafis/Amnesty International

Réfugiés sur l'île de Chios en Grèce © Giorgos Moutafis/Amnesty International

Personnes réfugiées et migrantes

L’accord UE – Turquie : une politique de souffrance

L’accord sur les réfugiés entre l’Union européenne (UE) et la Turquie a rendu les conditions de vie de milliers de réfugiés et de migrants dangereuses et sordides.

Il y a un an, les Etats de l’UE signaient un accord avec la Turquie pour renvoyer les demandeurs d’asile dans ce pays considéré comme sûr pour eux. Problème : cet accord a surtout permis de bloquer des milliers de personnes sur les îles grecques, exposées à des conditions de vie dangereuses et sordides.

Bloquées sur les îles grecques dans de terribles conditions

Depuis que l’accord a été signé, près de 20 000 personnes sont bloquées sur les îles dans l’attente d’une décision sur leur renvoi en Turquie.

J’ai fui la Syrie pour échapper à la prison, mais aujourd’hui, je suis en prison »

Un jeune homme syrien de 20 ans, détenu dans le Hotspot de Lesbos, 5-04-16

Les conditions de vies sont dégradantes dans les îles, car les structures d’accueil sont inadaptées à un aussi grand nombre de personnes et pour une durée aussi longue.

Les centres sont surpeuplés (janvier 2017) :

Centre de Lesbos : +148% d’occupation

Centre de Samos : + 215% d’occupation

Centre de Kos : +163% d’occupation

Les conditions de vie se résument à cette terrible énumération : températures très froides, manque d’eau chaude et de chauffage, conditions d’hygiène lamentables, mauvaise nutrition, système de soins inadapté …Au mois de janvier 2017, trois hommes sont morts en une semaine dans l’un des camps, à Moria. Ils ont perdu la vie à cause du monoxyde de carbone produit par le petit chauffage qu’ils avaient fabriqué pour se tenir chaud sous leur tente.

Fin novembre 2016, une bouteille de gaz utilisée pour cuisiner a explosé tuant une femme irakienne de 66 ans et un jeune enfant de 5 ans.

Ces dures conditions de vie, l’incertitude quant à leur futur, les relations difficiles avec les habitants de l’île favorisent un climat explosif parmi les personnes prises au piège. Des heurts ont lieu.

À cela s’ajoutent les attaques de militants d’extrême-droite qui visent les réfugiés, comme celle qui en novembre 2016 au camp de Souda à Chios.

Lire aussi : La politique migratoire de l’UE est cruelle et absurde

Les trois élèments du piège

Seulement une chance sur trois de demander l’asile

Entre mars et décembre 2016, près de 27 000 personnes sont arrivées sur les îles grecques. Seules 10 600 ont réussi à déposer l’asile, faute de moyens suffisants pour enregistrer leur demande.

Quand je suis arrivé ici, ils nous ont dit de leur donner notre nom qu’ils nous rappelleraient. Cela fait 4 mois maintenant et je n’ai pas de nouvelle. J’ai arrêté de poser des question sur mon cas.

Jeune homme de 25 ans originaire d’Afghanistan, 17-06-16.

Un comité d’appel qui se modifie au grès du vent

Des comités d’appel, chargés de contrôler la légalité des décisions de renvoi, ont effectivement bloqué les renvois des réfugiés dans le cadre de l’accord. Ces instances ont considéré que la Turquie n’était un pays sûr pour les réfugiés et qu’ils ne pouvaient y trouver une protection effective.

Ces comités ont été critiqués par le Gouvernement grec, sous la pression de la Commission européenne et du Conseil européen qui demandaient de renvoyer les personnes en Turquie. La composition de ces comités a donc été modifiée. Résultat : les décisions confirmant les renvois en Turquie sont nettement plus nombreuses.

Refoulés !

Des personnes ont déjà été renvoyées en Turquie pour certaines dans des conditions illégales.

en avril 2016, 200 personnes sont renvoyées. Parmi elles, plus d’une dizaine n’avaient pas pu faire enregistrer leur demande d’asile

le 20 octobre 2016, 10 autres personnes, majoritairement syriennes, ont été renvoyées sans avoir vu leur demande d’asile examinée, et sans aucune forme de procédure

Noori, un Syrien, est détenu depuis le 9 septembre 2016, en attendant de savoir s’il sera renvoyé ou non en Turquie. Sa demande d’asile a été examinée et déclarée irrecevable parce qu’il est passé par la Turquie. Il attend une décision définitive pour savoir si la Turquie peut être considérée comme un pays « sûr ».

L'Europe veut quand même dupliquer l'accord

Tant que la Turquie ne sera pas un pays sûr, l’UE devrait coopérer avec les autorités grecques pour transférer de toute urgence les demandeurs d’asile vers la Grèce continentale, et les gouvernements européens devraient leur permettre d’être relocalisés vers d’autres États de l’UE.

Personne ne devrait mourir dans le froid, aux portes de l’Europe. Les dirigeants qui affirment que l’accord UE-Turquie pourrait servir de modèle pour d’autres pays comme la Libye, le Niger et le Soudan devraient se pencher sur les conséquences de cet accord et les considérer comme un avertissement : cet accord ne doit en aucun cas être reproduit.

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