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République centrafricaine. Une enquête d’Amnesty révèle l’horreur de violences liées au conflit et aux élections

  • Des témoignages, des images satellites et des analyses de photographies confirment la mort de 14 personnes dans un site religieux à Bambari la semaine dernière

  • Au moins deux personnes tuées et six blessées par les forces de sécurité pendant le couvre-feu à Bangui

  • Des milliers de déplacés internes 


Plusieurs civils ont été tués et d’autres blessés durant la période électorale en République centrafricaine, a déclaré Amnesty International aujourd’hui, appelant les autorités à protéger les civils et diligenter des enquêtes judiciaires indépendantes sur les abus et les violations des droits humains perpétrés par des membres des groupes armés et des forces de sécurité.

La situation sécuritaire s’était détériorée à quelques jours de l’élection présidentielle et des élections législatives du 27 décembre dernier à la suite de la formation par six groupes armés, de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) défavorable à l’organisation des élections.

Depuis le 17 décembre, la CPC a mené des attaques et occupé plusieurs villes. Les forces armées centrafricaines appuyées par des troupes étrangères, en présence de la MINUSCA ont mené des combats contre elle pour reprendre ces villes.

Du fait de la poursuite des combats et de l’occupation de parties du territoire par la CPC, les informations sur les conséquences du conflit sur les populations sont difficiles à obtenir. Cependant, des témoignages recueillis par Amnesty International, des analyses et vérifications d’images satellites, de vidéos et de photographies, confirment que dans ce contexte des civils ont été tués dans plusieurs villes dont Bambari au centre, et Bangui la capitale. D’importants déplacements de populations ont eu lieu comme à Bangassou, au sud-est. Des pillages et des blocages à l’acheminement des biens de première nécessité et de l’aide humanitaire ont également été constatés.

« Dans un pays où les conflits se succèdent depuis près de deux décennies, les autorités doivent clairement placer la lutte contre l’impunité au cœur de leurs priorités. Un premier pas important doit être l’ouverture d’enquêtes indépendantes sur les abus et violations documentés. »

Le 22 décembre 2020, des membres de la CPC ont occupé plusieurs positions dans la ville de Bambari. Les 15 et 16 février 2021, les forces gouvernementales et leurs alliés y ont affronté les éléments de la CPC avant que ces derniers ne se retirent de la ville. 

Amnesty confirme que des civils ont été tués dans ce contexte. En effet, Crisis Evidence Lab, une équipe d’Amnesty International spécialisée dans l’analyse des éléments de preuve a reçu et analysé plusieurs images et une vidéo datées du 16 février 2021 pouvant être géolocalisées dans un site religieux à l’est de Bambari.

Les images montrent les corps de personnes qui auraient été tuées le même jour. En tout, 14 cadavres sont visibles sur le sol, la plupart partiellement ou entièrement couverts de tissus. Pour les parties visibles, les personnes ne portaient pas de tenues militaires. La vidéo a également permis de voir en gros plans certains de ces cadavres dont une femme et un enfant.

Les photos reçues par Amnesty International montrent des dégâts sur le même bâtiment. Une image montre ce qu'Amnesty International a confirmé être des dégâts causés par l’explosion d’une arme, de même que d’autres dégâts visibles sur le sol et des trous sur un mur adjacent correspondant au résultat de la détonation d'une munition produisant des fragments. Les blessures provenant sans doute de fragments de munitions reflétant les dégâts observés sur le mur sont également visibles sur les photos d'au moins trois cadavres.

Par ailleurs, Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé le 22 février 2021 qu’un centre médical soutenu par ses équipes avait été endommagé avec des balles et des explosifs lors de ces mêmes combats. L’organisation a confirmé avoir traité une trentaine de blessés dont huit femmes et neuf mineurs âgés entre 17 mois et 17 ans blessés par des balles et des éclats d'obus.

« Face à la gravité de tels actes, il est urgent que les autorités ouvrent une enquête pour éclaircir les faits et situer les responsabilités. ».

Le 7 Janvier 2021, les autorités centrafricaines ont décidé de mettre en place un couvre-feu dans tout le pays. Selon les témoignages recueillis par Amnesty International, dans la soirée du 11 janvier, un jeune homme a été abattu par balle dans le 5ième arrondissement de Bangui par des membres des forces de sécurité car il n’aurait pas respecté les horaires du couvre-feu. Les jeunes de la zone ont alors décidé de porter le corps de la victime et de le ramener devant la primature en signe de protestation.

Un témoin a raconté à Amnesty International :

« Arrivés au niveau des locaux de la télévision nationale, les jeunes ont été bloqués par la garde présidentielle qui a fait fuir la foule en tirant en l’air. …En quittant la zone, plusieurs groupes de jeunes ont croisé une autre unité des forces de sécurité qui a ouvert le feu et touché mortellement à la tête un des membres du groupe. Sa famille n’a pu procéder à l’enterrement que le lendemain. » Six autres personnes ont été blessées au cours de cet incident.

Depuis la mi-décembre, au moins 240 000 personnes se sont déplacées à l'intérieur de la République centrafricaine, selon les organisations humanitaires, du fait des attaques et combats. Une situation qui place les populations affectées dans des conditions humanitaires déplorables.

Amnesty International a pu révéler l’ampleur des déplacements à Bangassou. Le dimanche 3 janvier 2021, des éléments armés de la CPC avaient attaqué la ville, créant ainsi la panique au sein de la population.

Un habitant de la ville a déclaré à Amnesty International :
 « Le 3 janvier la situation était terrible. Il y avait du feu, des scènes de pillages, des tirs, des bruits d’explosion... Toute la ville s’est vidée, 80% de la population a traversé le fleuve pour rejoindre la ville de Ndu au Congo (République démocratique du Congo). … Les gens n’ont pas pu aller aux champs ni à la pêche, … Ils ont perdu leur bétail qui a été systématiquement volé par les groupes armés. »

Les images satellite de Bangassou du 4 janvier 2021, analysées et vérifiées par des experts d'Amnesty International, montrent en effet que le marché central de la ville est apparu plus vide que d'habitude, probablement en raison des pillages et des attaques de la veille.

Ces images analysées montrent également un très grand nombre de personnes présentes sur les berges du fleuve Mbomou du côté de la RCA et de nouvelles structures érigées pour l’accueil de l'autre côté du fleuve en République démocratique du Congo dans la ville de Ndu. Ces personnes attendent de pouvoir traverser, corroborant des déplacements importants de populations.  Le 11 janvier 2021, le HCR a confirmé qu’au moins 15 000 personnes étaient arrivées dans le village de Ndu, à la suite d’attaques dans les villes de Damara et Bangassou les 2 et 3 janvier.


Perturbation des principaux axes de ravitaillement par les groupes armés

Des personnes ont rapporté à Amnesty International les difficultés rencontrées pour accéder à des vivres importés et à l’aide humanitaire en provenance du Cameroun. Les éléments de la CPC ont volontairement bloqué le passage des camions de ravitaillement en menant des attaques contre les conducteurs de camions.

A titre d’illustration, le 18 janvier 2021, trois conducteurs de camions ont été blessés à Baboua au cours d’une embuscade tendue par des éléments de la CPC. Deux autres conducteurs ont été tués sur ce même axe le 19 janvier, selon les autorités centrafricaines. L’approvisionnement du pays dépend beaucoup de son ravitaillement par ce corridor, ce qui a conduit à une raréfaction des denrées et donc à une augmentation des prix.

Les besoins humanitaires qui étaient déjà importants ont augmenté avec la crise. Une grande partie des vivres et de l’aide humanitaire destinés au pays passaient par la route principale reliant Bangui au Cameroun, dont le blocage a été levé la semaine dernière.  Les groupes armés continuent cependant de menacer ce corridor.

Un membre d’une ONG active dans l’humanitaire depuis plusieurs années a déclaré à Amnesty International que la flambée des prix fait aussi peser des craintes sur la sécurité alimentaire :  

« … Les prix sur les marchés avaient déjà augmenté avec la pandémie de COVID 19. Cette crise qui accentue l’inflation et l’accès des populations aux produits de première nécessité s’avère compliquée, sachant que la RCA est un pays où l’insécurité alimentaire et la malnutrition étaient déjà élevées. »

Ce blocage volontaire et ces exactions pourraient constituer des violations du droit international humanitaire, qui stipule que les parties au conflit doivent autoriser et faciliter le passage rapide et sans encombre de secours humanitaires.

« Les besoins humanitaires se sont accrus avec cette crise. Les acteurs humanitaires doivent pouvoir accéder librement à toutes les populations sans aucune entrave. Toutes les parties au conflit doivent respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits humains, » a déclaré Abdoulaye Diarra.

 

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