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URGENCE GAZA

 Exigez avec nous la justice pour toutes les victimes et la protection sans condition des populations civiles

Un manifestant d'Amnesty International USA se tient près de la Maison Blanche pour exiger la fermeture du camp de détention américain Guantanamo Bay
Un manifestant d'Amnesty International USA se tient près de la Maison Blanche pour exiger la fermeture du camp de détention américain Guantanamo Bay © JIM WATSON / AFP
Peine de mort et torture

Plus de 20 ans d’horreur à Guantánamo : 10 choses à savoir

Créé après les attentats du 11 septembre 2001, la prison de Guantánamo Bay symbolise les violations des droits humains commises par les États-Unis au nom de leur « guerre contre le terrorisme ». Ce lieu tristement célèbre est de nouveau au cœur de l’actualité depuis le retour du président Donald Trump à la Maison-Blanche.  Il prévoit d’y envoyer 30 000 migrants et d’y réinstaller un immense camp de rétention hors du droit.  Voici ce qu’il faut savoir de cet enfer carcéral.

Mohamedou Ould Slahi

Tout cela a eu lieu au nom de la démocratie. Au nom de la sécurité. Au nom du peuple américain.

Mohamedou Ould Slahi
Un ancien détenu de Guantánamo

1 – Guantánamo Bay se trouve à Cuba

La baie de Guantánamo est un territoire de 120 km2 environ loué depuis 1903 à Cuba par les États-Unis qui y ont construit une base navale. Après les attentats du 11 septembre 2001, l’administration Bush décide d’y implanter un centre de détention pour y incarcérer des prisonniers hors du système judiciaire américain classique.

2 – Une prison hors du droit et un statut spécial pour les prisonniers

À Guantánamo, non seulement la législation américaine ne s’applique pas, mais après la création du centre, un statut spécial pour les détenus a été créé : celui de « combattant ennemi ». Il permet de maintenir les prisonniers en détention, pour une durée indéterminée, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux.

Ils me disent [les Américains] : "Ici t’es qu’un numéro, t’as pas de droits, pas de loi, on fait ce qu’on veut."

- Mourad Benchellali, un ancien détenu français

3 – Tous les prisonniers ont été maltraités, voire torturés

Très rapidement après sa création, le camp de détention militaire américain s’est érigé en zone de non-droit. Tous les détenus ont subi de mauvais traitements, voire la torture. Parmi les « techniques d’interrogatoires renforcées » nous pouvons citer : la privation de sommeil, la simulation de noyade, l’exposition à des températures extrêmes ou encore des humiliations sexuelles.

Sans surprise, les suicides, les morts et les grèves de la faim se sont multipliés.

Ils utilisent ce qu’ils ont appelé des techniques d’interrogatoire « musclées » ou « coercitives ». Par exemple : la privation de sommeil […] On est transféré d’une cellule à l’autre toutes les demi-heures. Forcément, c’est impossible de dormir. Une fois que l’on est épuisé, on passe à l’interrogatoire.

- Mourad Benchellali, un ancien détenu français

4 – Au moins neuf détenus sont morts là-bas

Ces neuf personnes s’appelaient Adnan Farhan Abdul Latif, Ali Abdullah Ahmed, Abdul Rahman Ma'ath Thafir al Amri, Awal Gul, Mohammad Ahmed Abdullah Saleh al Hanashi, Abdul Razzaq Hekmati, Inayatullah, Mana Shaman Allabardi al Tabi et Yasser Talal al Zahrani.

Le plus jeune, Yasser Talal al Zahrani, avait 21 ans. Le plus âgé, Abdul Razzaq Hekmati, avait 69 ans.

5 – Des prisonniers exclusivement de confession musulmane

A ce jour, les détenus passés par Guantánamo sont originaires de 40 pays différents. La majorité provenait du Proche-Orient, d’Afrique et d’Asie centrale. Parmi les détenus figuraient également des ressortissants européens — notamment français et britanniques — ainsi que des citoyens d’Afrique du Nord, d’Afrique subsaharienne et de la péninsule Arabique.

Leur point commun : tous étaient de confession musulmane. Dans le cadre de leur « guerre contre le terrorisme », les autorités américaines ont ciblé exclusivement des hommes et des adolescents musulmans.

6 – Au moins 780 personnes ont été détenues  

Depuis l’ouverture début 2002, entre 780 à 800 personnes ont été détenues dans le camp militaire américain, dont 15 mineurs. Les deux plus jeunes détenus avaient entre 13 et 14 ans.

Au fil des années, la plupart des prisonniers ont été relâchés, transférés ou expulsées vers d'autres pays.

En janvier 2025, après le transfert de 11 détenus yéménites à Oman, le nombre de prisonniers à été réduit à 15. C’est le nombre de détenus le plus bas depuis l'ouverture du camp en 2002. Neuf d’entre eux ont été inculpés devant des commissions militaires mais seuls deux ont été condamnés, les sept autres attendent toujours un éventuel « procès ». Les six derniers n’ont jamais été inculpés depuis le début de leur incarcération.

7 – La prison la plus chère au monde

Le gouvernement américain dépense près d'un demi-milliard de dollars par an pour maintenir et faire fonctionner la prison de Guantánamo.  Si le nombre de détenus a chuté, les dépenses liées aux infrastructures de sécurité renforcée et au personnel spécialisé restent les mêmes.

Chacun des 15 derniers détenus coûte en moyenne environ 30 millions de dollars par an !

8 – Guantánamo : c’est aussi un centre de rétention hors du droit

Avant d’abriter cette tristement célèbre prison pour « combattants ennemis » une partie de la base navale de Guantánamo a accueilli plus de 30 000 migrants, à la suite de deux crises majeures touchant Haïti et Cuba dans les années 1990.

Interceptés en mer par les garde-côtes américains, des milliers de migrants ont été rassemblés dans des camps de tentes, dans des conditions souvent très précaires.

Les migrants ne bénéficiant pas des protections légales de la Constitution américaine, leur détention pouvait être prolongée dans l’attente d’une réponse à leur demande d’asile ou de leur rapatriement, souvent dans des conditions jugées inhumaines par les ONG.

 9 – Guantánamo : bientôt le plus grand centre de rétention pour migrants ?

Alors que la tendance des dernières administrations américaines était à la fermeture progressive de la prison militaire, début 2025, Donald Trump annonce vouloir utiliser Guantánamo pour détenir jusqu'à 30 000 migrants sans papiers, qualifiés de « criminels » en situation irrégulière.  Dans les jours suivant son investiture, il a signé un « mémo » demandant  de porter à « pleine capacité » le centre de rétention de migrants déjà existant sur la base, utilisé pour des migrants interceptés en mer.  

10 – Nous continuerons de nous battre jusqu’à la fermeture de ce camp !

Tant que l’ensemble des détenus de ce camp de l’horreur n’aura pas été libéré ou transféré pour être jugé, tant qu’il restera ouvert, nous continuerons inlassablement à nous mobiliser.

Nous sommes également mobilisés contre le projet de Donald Trump de transformer ce camp en centre de rétention massif.

 

Si vous souhaitez creuser le sujet, visionnez le témoignage de Mourad Benchellali, un Français du quartier des Minguettes à Vénissieux, qui a vécu le pire là-bas. Deux ans et demi d’enfer 👇

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