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©AP/Press Association Images

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Cuba

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains à Cuba en 2023.

Les services sociaux ont été réduits et les habitant·e·s rencontraient de grandes difficultés pour se nourrir et se faire soigner. De nouvelles restrictions ont été imposées à la liberté d’expression. Des militant·e·s, des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes et des manifestant·e·s ont continué d’être la cible d’arrestations arbitraires et de poursuites pénales. Des personnes détenues ont fait l’objet d’actes de harcèlement et de mauvais traitements. Les femmes, les personnes d’origine africaine et les personnes LGBTI étaient toujours en butte à des discriminations.

CONTEXTE

Une étude indépendante publiée en juillet a montré que la population avait baissé de 18 % par rapport aux chiffres d’il y a deux ans. Cette chute était en grande partie due au choix fait par de nombreux habitant·e·s de quitter le pays, bien souvent en empruntant des itinéraires dangereux.

Plusieurs dispositions législatives ayant des répercussions sur l’existence et le fonctionnement des « nouvelles formes privées d’économie » ont été adoptées. Elles limitaient le développement de l’économie et de l’emploi ainsi que la croissance de ce secteur, ce qui a eu des conséquences sur l’accès aux produits et services de base qui en étaient issus.

DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS

Les personnes vulnérables, en particulier les personnes âgées de plus de 65 ans, ont souffert des modifications apportées à la politique économique et de la réduction des services sociaux. Selon des informations parues dans la presse, la distribution par l’État du « panier de base » comprenant des produits alimentaires subventionnés a été considérablement réduite et les habitant·e·s devaient patienter dans de longues files d’attente pour se procurer des provisions. En septembre, le gouvernement a réduit la ration de pain subventionné, en raison d’une pénurie d’ingrédients.

Les services de santé et l’accès aux médicaments étaient fortement restreints. Des organes de presse officiels tels que Granma ont indiqué en juillet que les autorités reconnaissaient qu’il y avait des pénuries importantes dans les pharmacies.

L’accès à l’électricité et au carburant était limité, ce qui rendait difficile la conservation des aliments et a entraîné la suspension de services d’éducation et de santé. Trois pannes totales de l’approvisionnement national en électricité ont eu lieu en octobre et en novembre, selon des informations diffusées par le gouvernement. De grandes parties du pays sont restées jusqu’à quatre jours sans électricité, ce qui a eu des conséquences graves pour des millions de personnes.

LIBERTÉ D'EXPRESSION

La Loi de communication sociale, qui imposait de nouvelles restrictions à la liberté d’expression, est entrée en vigueur en octobre.

Les autorités ont continué de qualifier des militant·e·s et des journalistes de « délinquants de droit commun », de « mercenaires » et d’« agents étrangers », et de désigner des médias indépendants, des journalistes et des personnes influentes qui critiquaient le gouvernement comme des « terroristes financiers » et des « terroristes médiatiques ».

Les médias indépendants ont été frappés en octobre par une nouvelle vague de répression du régime. Au moins 20 journalistes ou militant·e·s ont affirmé que leur téléphone ou leur ordinateur portable avait été confisqué par des agent·e·s de l’État et qu’ils avaient été menacés de poursuites pénales.

ARRESTATIONS ET DÉTENTIONS ARBITRAIRES

Les autorités ont détenu arbitrairement, parfois à domicile, des artistes, des intellectuel·le·s et d’autres personnes qui critiquaient le pouvoir, ce qui a eu des conséquences graves pour le droit au respect de la vie privée et le droit à la liberté de circulation des intéressé·e·s.

La professeure d’université Alina Bárbara López a été arrêtée arbitrairement et brutalisée en juin, alors qu’elle se rendait à La Havane, la capitale cubaine.

Berta Soler, qui était à la tête de l’organisation militante des Dames en blanc, a été arrêtée arbitrairement à plusieurs reprises et soumise à une disparition forcée pendant trois jours en septembre.

LIBERTÉ DE RÉUNION PACIFIQUE

Les autorités déployaient régulièrement les forces de police là où des manifestations avaient eu lieu ou dans d’autres secteurs névralgiques, comme La Havane.

Selon des organisations de défense des droits humains, au moins 109 personnes ont été arrêtées en 2024 pour avoir participé à des manifestations. Les autorités ont fait savoir en novembre que plusieurs personnes avaient été arrêtées après avoir participé à des manifestations organisées à la suite de l’ouragan Rafael et étaient visées par des poursuites pour « outrage, désordre public et préjudice ».

Quatorze personnes ont été déclarées coupables en avril pour avoir participé à des manifestations pacifiques en août 2022 dans la municipalité de Nuevitas. Elles étaient accusées de sédition, de « propagande ennemie continue » et d’agissements contre la sûreté de l’État. Selon les informations disponibles, la peine la plus lourde (15 ans d’emprisonnement) a été infligée à Mayelín Rodríguez Prado, une jeune femme inculpée de sédition et de propagande ennemie pour avoir mis en ligne des vidéos des manifestations sur Facebook.

DÉFENSEUR·E·S DES DROITS HUMAINS

Poursuites pénales et manœuvres de harcèlement contre des militant·e·s, des journalistes et des défenseur·e·s des droits humains, blocages de sites internet et imposition d’amendes au titre des dispositions sur la cybercriminalité faisaient partie de l’arsenal répressif déployé par les autorités contre la dissidence.

Les autorités ont soumis des militant·e·s et des défenseur·e·s des droits humains, notamment des proches de personnes détenues, à un niveau très inquiétant de harcèlement et de surveillance.

La répression des militant·e·s, des défenseur·e·s des droits humains, des artistes et des journalistes s’exerçait toujours, entre autres, au moyen d’interdictions de quitter le pays ou, au contraire, de mesures d’exil forcé.

Condamné à cinq ans d’emprisonnement pour « propagande ennemie continue » en raison de ses activités de journaliste indépendant, Yuri Valle Roca a été remis en liberté en juin et contraint à quitter le pays.

CONDITIONS DE DÉTENTION INHUMAINES

Des personnes placées en détention parce qu’elles avaient des positions dissidentes par rapport à la ligne du gouvernement étaient en butte à de graves violations de leurs droits humains et pouvaient notamment subir des pratiques s’apparentant à des actes de torture.

Des organisations de défense des droits humains ont fait état d’actes de harcèlement et de mauvais traitements perpétrés par des fonctionnaires de l’administration pénitentiaire contre des personnes détenues pour des raisons politiques, dont la privation de soins médicaux adéquats, qui a entraîné une détérioration de la santé des intéressé·e·s.

L’état de santé des prisonniers d’opinion Loreto Hernández et Pedro Albert s’est dégradé et les familles des deux hommes ont indiqué qu’elles avaient beaucoup de mal à leur faire parvenir la nourriture et les médicaments dont ils avaient besoin. Pedro Albert a été remis en liberté en novembre dans le cadre d’une permission de sortie (licencia extrapenal) d’un an pour raisons de santé.

Le dirigeant de l’opposition José Daniel Ferrer, qui était considéré comme un prisonnier d’opinion, a été enfermé à l’isolement pendant des mois, à l’écart des autres détenus, et sa famille se voyait systématiquement privée de son droit de visite. En novembre, ses proches ont signalé qu’il avait été roué de coups. En décembre, après une grève de la faim, il a finalement pu voir sa famille et lui téléphoner et rejoindre les autres prisonniers.

DISCRIMINATION

Les femmes, les personnes LGBTI et les personnes d’origine africaine étaient toujours en butte à des discriminations, de même que d’autres hommes et femmes visés pour des raisons politiques ou religieuses.

Le féminicide n’était toujours pas reconnu par la loi comme un crime distinct de l’homicide. Le gouvernement a approuvé en juillet un système national d’enregistrement, de prise en considération, de traitement et de suivi des violences liées au genre dans le pays. Au 25 décembre, 55 féminicides avaient été signalés par des militant·e·s et des organisations indépendantes.

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