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©AP/Press Association Images

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Cuba : tout ce qu'il faut savoir sur les droits humains

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 156 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains à Cuba en 2022.

Les pénuries alimentaires et les coupures d’électricité ont été nombreuses tout au long de l’année. Des centaines de personnes étaient toujours incarcérées à la suite de la répression des manifestations de juillet 2021. Après le passage de l’ouragan Ian, les autorités ont déployé des élèves d’écoles militaires pour réprimer le vaste mouvement de protestation contre les coupures d’électricité et l’interruption des services Internet. Trois hommes reconnus comme prisonniers d’opinion étaient toujours incarcérés, mais ils ne représentaient probablement qu’une infime fraction du nombre total d’hommes et de femmes emprisonnés pour avoir exercé pacifiquement leurs droits humains.

CONTEXTE

Un nouveau Code de la famille a été approuvé par référendum en septembre. Il ouvrait aux couples de même sexe la possibilité de se marier et d’adopter des enfants.

Selon des statistiques officielles américaines, plus de 224 000 Cubaines et Cubains ont émigré aux États-Unis entre octobre 2021 et septembre 2022, un chiffre en forte augmentation par rapport à la même période de 2020-2021, où à peine plus de 39 000 arrivées avaient été recensées. Un grand nombre de ces personnes empruntaient le dangereux itinéraire du « bouchon du Darién », une zone de jungle située entre la Colombie et le Panama, tandis que d’autres se risquaient à une traversée maritime.

DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS

Tout au long de l’année, des pénuries alimentaires ont contraint les habitant·e·s à faire la queue pendant des heures pour se procurer des biens de première nécessité.

Plusieurs parties de l’île ont par ailleurs subi de fréquentes coupures d’électricité.

Pour les autorités, qui faisaient fi de leur obligation de respecter les droits économiques, sociaux et culturels, cette situation économique désastreuse était presque exclusivement le résultat de l’embargo imposé par les États- Unis.

RÉPRESSION DE LA DISSIDENCE

Selon l’ONG Cubalex, des centaines de personnes arrêtées dans le cadre de la répression des manifestations de juillet 2021 étaient toujours détenues à la fin de l’année.

En mars, Amnesty International a demandé à être admise dans le pays afin de suivre leurs procès, mais les pouvoirs publics n’ont autorisé aucun organe d’observation international à se rendre sur place.

Fait rare dans un pays où les avocat·e·s de la défense étaient étroitement surveillés par l’État et où il était très difficile d’avoir accès aux documents judiciaires, les autorités cubaines ont rendu publiques ce même mois de mars au moins six décisions de justice. Elles concernaient 129 personnes – parmi lesquelles de très jeunes gens – qui avaient été inculpées d’infractions passibles de lourdes peines en raison de leur participation aux manifestations de juillet 2021. La plupart étaient accusées d’avoir jeté des pierres ou des bouteilles sur les forces de l’ordre. Plusieurs ont été condamnées à 30 ans d’emprisonnement.

En septembre et en octobre, les habitant·e·s ont manifesté dans toute l’île à la suite de coupures d’électricité massives consécutives au passage de l’ouragan Ian. Selon les informations recueillies, les autorités ont déployé des élèves d’écoles militaires pour réprimer la contestation, et plusieurs arrestations arbitraires ont eu lieu.

Il semblerait aussi que les autorités aient coupé intentionnellement l’accès à Internet, ce qu’elles faisaient de plus en plus souvent lorsqu’elles cherchaient à restreindre les communications dans les périodes où la situation politique était tendue. Les gens ont eu beaucoup de mal à entrer en contact avec leurs proches après le passage de l’ouragan, du fait de ces interruptions des services Internet, qui ont duré au moins deux nuits consécutives. Les journalistes de 14 y medio, un journal indépendant en ligne, ont été eux aussi privés d’Internet, ce qui les a gênés dans leur travail d’information.

Le 2 octobre, le président Díaz-Canel a minimisé l’ampleur de la contestation, indiquant qu’une minorité de « contre- révolutionnaires » ayant des liens avec l’étranger avaient commis « des actes de vandalisme tels que des barrages routiers ou des jets de pierres ». Il a ajouté qu’ils seraient traités avec « toute la rigueur de la loi ».

Un nouveau Code pénal est entré en vigueur en décembre. Il risquait d’entériner des restrictions existant de longue date sur le terrain de la liberté d’expression et de réunion et annonçait d’inquiétantes perspectives pour les journalistes indépendants, les militant·e·s et toute personne se montrant critique à l’égard des autorités.

DROITS DES FEMMES ET DES FILLES

Les militantes des droits humains ont joué un rôle clé dans la mobilisation face à la répression des activités dissidentes. Les mères de personnes détenues dans le contexte des manifestations de juillet 2021, notamment de jeunes, ont réclamé avec force leur remise en liberté.

Malgré des propositions en ce sens formulées par des défenseur·e·s des droits des femmes, le législateur n’a pas défini le féminicide comme une infraction dans le nouveau Code pénal.

DÉFENSEUR·E·S DES DROITS HUMAINS

Les prisonniers d’opinion Luis Manuel Otero Alcántara, Maykel Castillo Pérez et José Daniel Ferrer García étaient toujours incarcérés. Tous trois avaient été arrêtés et placés en détention dans le cadre de la répression de la contestation en juillet 2021.

En juin, le Tribunal municipal populaire de Centro Havana a condamné l’artiste Luis Manuel Otero Alcántara et le musicien Maykel Castillo Pérez respectivement à cinq et neuf ans d’emprisonnement, pour divers chefs traditionnellement utilisés pour museler la dissidence, dont « troubles à l’ordre public », « outrage » et « insulte aux symboles de la nation ».

Quelques mois auparavant, en janvier, le Groupe de travail sur la détention arbitraire [ONU], jugeant que Maykel Castillo Pérez était détenu arbitrairement, avait réclamé sa libération immédiate. Le musicien était l’un des auteurs de « Patria y Vida » (« La patrie et la vie »), une chanson critique à l’égard du gouvernement devenue l’hymne de la contestation.

La famille de José Daniel Ferrer García, responsable d’un groupe non officiel d’opposition politique, l’Union patriotique de Cuba, a fait savoir en juillet que cet homme était détenu au secret et risquait de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements. Ses proches ont précisé en octobre qu’il était placé à l’isolement, à l’écart des autres détenus et pratiquement sans contact avec le monde extérieur.

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