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Des paysans scandent des slogans lors d'un meeting.

Des paysans scandent des slogans lors d'un meeting.

En Inde, un vent de colère chez les agriculteurs

Depuis plus de six mois, des centaines de milliers d’agriculteurs indiens manifestent aux portes de New Delhi. Mais l’accès à la capitale leur est interdit.

Article initialement publié dans La Chronique, notre magazine d’enquêtes et de reportages

Les fermiers sont vent debout contre une série d’ordonnances libéralisant le prix de vente de denrées agricoles, qui risque de les livrer à la merci du marché. Le gouvernement, lui, considère que ces lois vont au contraire les aider à écouler leur production et refuse de faire marche arrière. La situation s’enlise. 

Ce centre commercial abandonné a été transformé en refuge pour échapper au froid.

Ni la répression policière, ni les coupures d’internet, ni les barrages routiers n’ont réussi à enrayer le mouvement des fermiers. Ils ont fait face aux températures hivernales proches de zéro, puis aux chaleurs extrêmes de l’été à New Delhi. Ils sont aujourd’hui sous la menace de la terrible seconde vague de la Covid-19 qui foudroie l’Inde. Rien n’entame leur détermination à rester sur place jusqu’au retrait des lois. 

Gurpreet Singh a eu la jambe brisée par une grenade lacrymogène lors de la fête nationale.

À leurs côtés, je me suis rendu le long des frontières dites de « Tikri, Singhu et Ghazipur », en décembre et en février. Après avoir passé les contrôles de policiers lourdement armés, ce qui frappe, c’est à quel point le terme de « manifestations » est inadapté. Cantines gratuites, dortoirs, laveries, scènes de meetings et camp médicaux se succèdent pendant des kilomètres sur les autoroutes qui mènent à la capitale. Certains parlent de « Républiques autonomes ». 

Vu de haut, le cortège semble sans fin.

La colère, palpable, dépasse la simple contestation des lois agricoles qui l’a fait naître. Des décennies de sentiment d’abandon par les pouvoirs successifs jettent les fermiers sur les routes. Mais on sent une certaine gaieté parmi les paysans, qui s’entraident pour tenir. Un support logistique, notamment alimentaire, est ainsi assuré par ceux qui continuent à produire dans les États environnants. Sur ce mouvement, l’un des plus longs et les plus importants jamais vus en Inde, flotte un joyeux air de révolution. 

Les trucks des fermiers évoquent les films postapocalyptiques.

Distribution gratuite de nourriture dans l'une des cantines communautaires.

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La Chronique, magazine d'enquêtes et de reportages