Aller au contenu
Agir
Faire un don
ou montant libre :
/mois
Grâce à la réduction d'impôts de 66%, votre don ne vous coûtera que : 5,1 €/mois
URGENCE GAZA

 Exigez avec nous la justice pour toutes les victimes et la protection sans condition des populations civiles

Un véhicule blindé militaire israélien près de la barrière frontalière avec le territoire palestinien assiégé, à Gaza, le 17 septembre 2025.
Responsabilité des entreprises

Comment des entreprises tirent profit du génocide à Gaza 

Alors qu’un rapport de l’ONU vient de reconnaitre le génocide à Gaza commis par l’État d’Israël, des entreprises continuent à s’enrichir et à tirer profit des immenses souffrances du peuple palestinien. Nous avons identifié 15 entreprises comme les multinationales américaines de la défense Boeing et Lockheed Martin qui participent à ce commerce de la mort. Les États et les entreprises ont pourtant les moyens d’empêcher de nouveaux crimes.

Dans notre dernier rapport “Mettre fin à l’économie politique qui permet les crimes d’Israël”, nous dénonçons 15 entreprises qui contribuent aux crimes internationaux commis par Israël, dont le crime de génocide. Ces entreprises appartiennent en particulier au secteur de l’armement et des technologies de surveillance. Mais la liste est loin d’être exhaustive.  

Notre rapport est publié un an après la résolution de l’Organisation des Nations unies qui exigeait qu’Israël mette fin dans un délai de 12 mois à l’occupation illégale des territoires palestiniens. Cette résolution appelait les États membres de l’ONU à agir concrètement en cessant tout transferts d’armes à Israël.  

Le délai de cette résolution de l’ONU est désormais dépassé. Mais les États membres n’ont pas ou pratiquement peu agit. Le commerce d’armes se poursuit pendant qu’Israël continue d’affamer et de massacrer quotidiennement la population palestinienne de Gaza et d'intensifier la colonisation en Cisjordanie.

Lire aussi : La population palestinienne victime d’un génocide à Gaza

L’enrichissement des entreprises d’armement et de technologie de surveillance sur fond de génocide  

Les multinationales américaines d’armement Boeing et Lockheed Martin font partie des entreprises qui contribuent au crime de génocide à Gaza.  

Nous avons documenté l'utilisation de bombes et de kits de guidage fabriqués par la société Boeing dans le cadre de frappes aériennes illégales à Gaza. L'armée israélienne a en particulier utilisé des munitions JDAM et des bombes GBU-39 fabriquées par Boeing lors d'une série de frappes aériennes meurtrières qui ont tué des dizaines de civil·es palestinien·nes dans toute la bande de Gaza, dont de nombreux enfants. 

Une enquête de Disclose révélait que les bombes GBU-39 ont causé la mort de plus de 500 personnes dont plus d’une centaine d’enfants entre le 2 novembre 2023 et le 26 mai 2025. 

Quant à l’entreprise Lockheed Martin, elle fournit et entretient des avions de combat F-16 et les F-35. Ces derniers constituent l'épine dorsale de l'armée de l'air israélienne et ont été largement utilisés lors de bombardements de la bande de Gaza occupée. Lockheed Martin a déclaré publiquement qu'elle « était fière du rôle important qu'elle a joué dans la sécurité de l'État d'Israël », citant plus de 6 milliards de dollars d'investissements dans l'industrie de l'armement israélienne.  

Au moment de la publication de notre rapport, ni Boeing, ni Lockheed Martin n’ont répondu à nos courriers et nos demandes. Ces deux entreprises américaines ne sont qu’un exemple du système économique mondial actuellement dopé par les crimes internationaux commis à Gaza. Cette logique du profit à tout prix, de l’enrichissement sur fond de génocide et de violations des droits humains est indécente et ne devrait pas être permis.  

Il est inacceptable que des États et des entreprises qui savent qu’ils tirent leurs revenus de la mort, de la destruction et de l’immense souffrance de la population palestinienne décident malgré tout de détourner le regard, de maintenir leurs modèles économiques sans se préoccuper du coût humain, et de se complaire dans leur richesse.

Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. 

Des entreprises d’armement israéliennes participent aux crimes internationaux à Gaza  

Les entreprises Elbit Systems, Rafael Advanced Defense Systems et Israel Aerospace Industries sont les trois plus grandes entreprises d'armement israéliennes. Elles fournissent chaque année à l'armée israélienne des armes, des équipements de sécurité et d'autres services pour un montant de plusieurs milliards de dollars.  

Certains de ces biens et services, comme les drones de surveillance, les drones armés ou les munitions contribuent à l'occupation illégale, au crime d'apartheid et au génocide dans la bande de Gaza occupée. 

Ces entreprises sont profondément intégrées dans les opérations militaires et de sécurité israéliennes dans le territoire palestinien occupé. Elles ont publiquement soutenu les actions militaires d'Israël au cours des 23 derniers mois.

Les poursuites pour complicité aux crimes internationaux  

En janvier 2024, la Cour internationale de justice (CIJ) a conclu qu’il existait “un risque réel et imminent” de génocide de la population palestinienne de Gaza. Puisque la Convention de Genève de 1949 stipule que les États doivent respecter le droit international humanitaire, les États doivent ainsi tout faire pour prévenir et empêcher le risque de génocide reconnu par la CIJ. Cela passe en particulier par l’arrêt immédiat de tout transferts d’armes envers l’État d’Israël.  

Cette obligation des États à cesser tout transfert d’armes doit aussi être effectuée en respect du Traité sur le commerce des armes. Ce traité interdit les transferts d'armes lorsque l'État partie sait, au moment de l'autorisation, qu'elles seraient utilisées pour commettre un génocide, des crimes contre l'humanité ou des violations graves des Conventions de Genève de 1949. 

Continuer les transferts d’armes envers Israël viole le droit international.

Les entreprises ont également une responsabilité vis-à-vis de ces crimes. En vertu des Principes directeurs des Nations Unies, les entreprises ont le devoir de respecter les droits humains, partout où elles opèrent dans le monde. Pour ne pas risquer d’être complices du génocide à Gaza, les entreprises ont ainsi le devoir de cesser tout transfert d’armes à l’État d’Israël.  

La complicité dans des crimes relevant du droit international est une infraction grave dans de nombreuses juridictions nationales. Des dirigeants et des cadres d'entreprise peuvent être tenus pénalement responsables pour complicité dans des crimes internationaux. 

Des entreprises françaises poursuivies pour complicité de crimes de guerre devant la justice  

Une plainte, que nous avons soutenue, a été déposée en 2022 contre les entreprises Dassault Aviation, Thales et MBDA pour « complicité de crimes de guerre » au Yémen. Ces entreprises sont poursuivies pour avoir fourni des armes et des équipements à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis. Ces armes et équipements ont été utilisés dans des raids à l’origine de la mort de près de 3 000 civil·es.  

Le marchand d’armes français Exxelia Technologies est également poursuivi pour complicité de crime de guerre devant la justice française après une plainte déposée en 2023 par une famille palestinienne. Le marchand d’arme français avait fourni un composant utilisé dans un missile lancé par l’armée israélienne qui a causé la mort de trois enfants en 2014. 

Ces procédures judiciaires apportent de l’espoir pour mettre les entreprises d’armement face à leurs responsabilités en matière de droits humains. Nous avions dénoncé dans un rapport en 2019 que ces dernières faisaient preuve d’une indifférence très inquiétante à l’égard de leurs obligations.

Les États et les entreprises ont les moyens de faire cesser le génocide 

Les États et les entreprises doivent cesser leur passivité voire leur complaisance face aux crimes commis par l’État d’Israël. Ils doivent mettre un terme immédiat à leurs activités qui contribuent aux violations des droits humains, sous peine de risquer d’être complices de crimes internationaux. 

Dans notre rapport, nous avons listé les mesures que les États et les entreprises doivent mettre en place immédiatement :  

  • Les États et les entreprises doivent accroitre leur pression économique sur l'État d’Israël. 

  • Tout transfert d’armes et de technologies de surveillance envers Israël doit cesser. 

  • Les États doivent retirer leurs investissements et cesser le commerce avec les entreprises citées dans notre rapport qui contribuent aux crimes internationaux commis par Israël. Ces mesures doivent être poursuivies jusqu’à ce que les entreprises prouvent qu’elles ne risquent plus d’être complices.  

  • Les États doivent bloquer la participation de ces entreprises aux salons commerciaux et aux rencontres avec le gouvernement. Toutes subventions de recherche et activités en lien avec des organismes publics doivent être arrêtées. 

La Rapporteuse spéciale de l’ONU avait dénoncé en juillet 2025 le système économique qui permet à Israël de commettre le crime de génocide et d’autres crimes internationaux.

Ce rapport montre pourquoi le génocide israélien se poursuit : car il est lucratif pour beaucoup.

Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens occupés.  

Tirer profit d’un génocide n’est pas seulement abject et révoltant. C’est aussi une grave violation du droit international. Les États et les entreprises ont la responsabilité de respecter les droits humains. Ils doivent mettre en place dès à présent les mesures nécessaires pour cesser le nombre de morts qui ne fait que croitre dans les débris de Gaza.

loading ...