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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Hammad, 17 ans, maltraité par la police Croate le 9 novembre 2018 ©Alessio Mamo
Personnes réfugiées et migrantes

Persécutions des réfugiés en Croatie : une Europe complice

En accordant la priorité au contrôle des frontières plutôt qu’au respect du droit international, les gouvernements européens ne se contentent pas de fermer les yeux sur les violences commises par la police croate, mais financent également ses activités. Explications.

Les gouvernements européens sont complices des renvois forcés systématiques, illégaux et fréquemment violents, ainsi que des expulsions collectives de milliers de demandeurs d’asile vers des camps de réfugiés sordides en Bosnie-Herzégovine.

Vidéo : la "crise des réfugiés" en Europe

Priorité à la sécurisation des frontières

Afin de comprendre quelles sont les priorités des gouvernements européens, il suffit de suivre l’argent à la trace. Leur contribution financière à l’assistance humanitaire paraît bien modeste par rapport aux fonds qu’ils allouent à la sécurité des frontières, y compris en équipant les gardes-frontières croates et même en payant leurs salaires.

Dans le même temps, des personnes fuyant les guerres et les persécutions sont frappées et dévalisées par la police croate, et contraintes de retourner en Bosnie-Herzégovine, à la merci d’un système d’asile défaillant.

L’Union européenne continue d’allouer des fonds importants pour aider la Croatie à s’équiper pour sécuriser sa frontière. En outre, l’UE ignore délibérément les défaillances du système d’asile européen qui génèrent immanquablement ces déplacements. Les températures montent et la neige fond : le nombre de personnes tentant de franchir la frontière vers la Croatie pourrait augmenter. La Bosnie-Herzégovine n’étant pas en capacité de protéger les personnes qui arrivent sur son territoire , il faut prendre des mesures en vue d’éviter une crise humanitaire aux portes de l’UE.

Les leaders européens continuent de se laver les mains de leurs responsabilités concernant les expulsions collectives et les renvois violents le long de la route des Balkans, conséquences de leur détermination à faire de l’UE une forteresse, quel que soit le prix humain à payer.

Des milliers de personnes prises au piège

Actuellement, environ 5 500 hommes, femmes et enfants sont pris au piège dans deux petites villes bosniaques non loin de la frontière croate, Bihac et Velika Kladusa, installés dans des usines désaffectées dépourvues des équipements de base. La Bosnie-Herzégovine ne peut pas garantir leur protection ni leur fournir des conditions de vie décentes, et ils vivent dans ces camps improvisés sans hygiène, sans eau chaude, sans soins médicaux ni nourriture suffisante.

Nous n’avons pas suffisamment pour nourrir toute la famille, surtout les enfants. Ils ont faim en permanence.

Une mère afghane

En raison des obstacles bureaucratiques, d’une piètre assistance juridique et de capacités administratives limitées, il est fort probable que les demandeurs d’asile potentiels ne voient pas leur demande traitée en Bosnie-Herzégovine. La plupart tentent de gagner d’autres États européens.

Ce périple est tout sauf facile. Ils sont bien souvent entrés dans l’UE via la Grèce et la Bulgarie et n’ont pas été dûment pris en charge par le système d’asile dans ces pays ; ils sortent donc de l’UE et poursuivent le long de la route des Balkans. Pour atteindre la Slovénie ou l’Italie, là où commence l’espace Schengen et son régime de libre circulation, ils doivent traverser les forêts denses, les fleuves tumultueux et, parfois, les champs de mines encore actives de la Croatie.

Au cours des 10 premiers mois de l’année 2018, au moins 12 personnes se sont noyées dans les Balkans occidentaux, alors qu’elles tentaient de traverser la frontière entre la Croatie et la Slovénie.

Des dizaines ont péri dans d’autres circonstances. Une jeune Afghane a expliqué qu’une femme avec qui elle voyageait a fait une fausse couche après avoir vu un ours dans une forêt croate : « Elle a eu tellement peur qu’elle a accouché d’un bébé mort-né. Elle était enceinte de six mois. »

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Aux mains des policiers croates

Quasiment toutes les personnes installées dans les camps à Bihac et Velika Kladusa avaient été renvoyées en Bosnie-Herzégovine depuis la Croatie ou la Slovénie et près d’un tiers des personnes interrogées avaient subi des violences aux mains des policiers croates.

Beaucoup ont raconté qu’elles ont été frappées, que leurs papiers ont été détruits et leurs biens dérobés, dans le cadre d’une politique semble-t-il systématique et délibérée mise en œuvre par les autorités croates afin de dissuader toute volonté d’entrer dans le pays.

Ils (la police) nous ont conduits à la frontière avec la Bosnie. Ils nous ont fait descendre du véhicule un par un et se sont mis à nous frapper à coups de matraque.

Un jeune homme originaire de Gaza

Les personnes arrêtées en Italie et en Slovénie sont souvent soumises à des renvois collectifs, remises rapidement à la police croate et renvoyées de force vers les camps en Bosnie-Herzégovine, sans que leur demande d’asile ne soit examinée.

Tandis que les allégations de renvois violents à la frontière se multiplient, les autorités croates s’efforcent de décourager tout examen public de leurs pratiques en matière de migration. Les demandes d’institutions publiques croates visant à superviser les pratiques migratoires à la frontière sont bloquées et les organisations qui travaillent sur les droits des réfugiés et des migrants se retrouvent dans le collimateur des autorités.

Les bénévoles des ONG sont, pour leur part, harcelés, placés en garde à vue pendant des heures sans inculpation et menacés de poursuites pénales. Le ministère de l’Intérieur est allé jusqu’à accuser certaines ONG d’aider des réfugiés à entrer illégalement en Croatie. Cette stratégie a un effet dissuasif pour ceux qui leur viennent en aide.

Agir

Halte aux expulsions vers l'Afghanistan

Avec La Cimade, nous nous mobilisons pour dénoncer les renvois de ces personnes vers la mort et la torture. Nous appelons la France à mettre un terme immédiat aux expulsions vers l’Afghanistan.