Une répression mondiale s’abat sur celles et ceux qui agissent pour le climat et l’environnement. Ces attaques inquiétantes envers les défenseur·es de l’environnement s'inscrivent sur fond de recul des politiques environnementales et de montée des pratiques autoritaires.
Le changement climatique est l’une des pires menaces qui pèse sur nos droits humains aujourd’hui. La multiplication des événements climatiques extrêmes comme les inondations, les cyclones ou les incendies détruisent des logements, déplacent des millions de personnes, menacent l’accès à l’eau, à l’alimentation et favorisent la propagation de maladies. Ce sont nos droits les plus fondamentaux qui sont impactés.
Face aux dommages déjà irréversibles causés par le changement climatique, certain·es agissent. Il s'agit des défenseur·es de l’environnement. Ces personnes, associations ou collectifs, s’organisent et se mobilisent pour exiger une réponse à la hauteur des enjeux de la crise climatique. Mais leur combat, qui se heurte aux intérêts des États et des lobbies industriels, fait souvent d’eux une cible.
Une vague mondiale de répression
Lutte contre la déforestation, contre l’accaparement des terres, contre la pollution liée à l’extraction de ressources naturelles : les défenseur·es de l’environnement font face aux intérêts d’acteurs privés, souvent très connectés avec le pouvoir politique. Leur résistance leur vaut des représailles.
Campagnes d’harcèlements, intimidations, criminalisations, arrestations, disparitions forcées ou assassinats : les formes de répressions à l’encontre des défenseur·es de l’environnement sont nombreuses et se multiplient dans le monde. Les défenseur·es de l’environnement ont 3,5 fois plus de risques d’être assassinés par rapport aux autres défenseur·es des droits humains selon Global Witness.
Les peuples autochtones jouent un rôle essentiel dans la défense de l’environnement. Ils entretiennent un lien étroit avec leurs terres ancestrales, dont dépendent leurs moyens de subsistance et leur identité culturelle. Ils ont une connaissance fine de leurs écosystèmes qui abritent plus de 80 % de la biodiversité de notre planète et possèdent donc l’expérience nécessaire pour s’adapter aux impacts du changement climatique.
Mais les peuples autochtones sont souvent victimes des appétits des industriels qui veulent accaparer leurs terres pour étendre leurs activités. Leurs terres, riches en ressources naturelles, notamment en pétrole, en gaz et en minerais, sont fréquemment accaparées, vendues, louées ou pillées et polluées par les autorités et des entreprises privées.
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Malgré leur rôle primordial dans la défense de la nature, leurs droits sont régulièrement bafoués. Lorsqu'ils tentent de protéger leurs terres, nombre des membres des peuples autochtones sont victimes de violences qui peuvent aller jusqu’au meurtre.
Victimes de discriminations basées notamment sur l’histoire coloniale et le racisme, marginalisés, les peuples autochtones sont aussi victimes de l’impunité générale qui règne envers les auteurs de crimes sur ces populations.
Bien qu’ils ne représentent qu’environ 5 % de la population mondiale, les peuples autochtones sont victimes de plus de 40% des meurtres commis dans le monde en 2023 à l’encontre des défenseur·es de l’environnement, selon Global Witness.
Un recul global des politiques environnementales
Cette stratégie de répression des défenseur·es de l’environnement s’inscrit dans un contexte dit d’“obstruction climatique” où l’on voit déferler une vague de reculs sur des engagements déjà pris et des lois votées en matière d’environnement et de climat.
Aux Etats-Unis, le nouveau mandat de Donald Trump accélère les reculs : sortie de l’Accord de Paris, développement des énergies fossiles, montée des discours climatosceptiques, attaques contre les agences environnementales, suppression par le ministère de l’Agriculture des mentions relatives au changement climatique sur tous les sites web publics, etc.
En Europe, les lobbies industriels appuyés par les responsables politiques font pression pour démanteler les normes environnementales et sociales des entreprises avec la loi Omnibus.
En France, les reculs environnementaux se poursuivent : attaques contre les agences environnementales, allègement des normes envers les entreprises, affaiblissement des mesures de participation du public, suppression des zones à faible émission, recul majeur sur les pesticides avec la loi dite “Duplomb”, etc.
La montée des pratiques autoritaires
Cette stratégie de répression de l’action climatique se déroule sur fond de montée des pratiques autoritaires dans le monde. Les libertés publiques sont réprimées, les organisations internationales attaquées, l’Etat de droit menacé. Nous avions alerté dans notre dernier rapport annuel sur la situation inquiétante des droits humains dans le monde et en France.
Dans ce contexte, ce ne sont pas seulement les droits des défenseur·es de l’environnement qui sont menacés mais bien nos droits à tous·tes qui sont en danger.
Les droits humains ne peuvent être respectés sans un espace sûr et ouvert pour la société civile. Un espace dans lequel l’Etat n’exercerait pas de contrôle et d’interférence excessifs sur les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association.
Les libertés fondamentales sont des piliers de l’État de droit et sont protégées par le droit international. Dans un État de droit, les organisations de la société civile ont une fonction essentielle de critique du pouvoir exécutif.
Ils sauvent la planète : sauvons leurs droits !
Ce ne sont pas seulement des droits qui sont bafoués. C’est aussi notre futur sur une planète viable qui est attaqué. Ensemble, exigeons la protection des droits des défenseur·e·s de l'environnement !