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URGENCE GAZA

 Exigez avec nous la justice pour toutes les victimes et la protection sans condition des populations civiles

Une femme déplacée par la sécheresse se tient à côté d'une tente de fortune dans le camp de personnes déplacées à Ladan, à Dolow en Somalie le 1er mai 2023. © Hassan Ali ELMI / AFP

Une femme déplacée par la sécheresse se tient à côté d'une tente de fortune dans le camp de personnes déplacées à Ladan, à Dolow en Somalie le 1er mai 2023. © Hassan Ali ELMI / AFP

Pourquoi le dérèglement climatique menace-t-il les droits humains ?

Les conséquences du changement climatique sont dramatiques pour les populations. Crises alimentaires, manque d’accès à l’eau, propagation d’épidémies, pertes de logement : les droits fondamentaux des personnes comme le droit à l’alimentation, à la santé ou à l’eau sont impactés. La crise climatique est aussi une crise des droits humains.   

Vagues de chaleur, inondations, sécheresses : les phénomènes météorologiques et les événements climatiques extrêmes se multiplient et font de nombreuses victimes à travers le monde. En cause, l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre résultant d’activités humaines depuis l’ère pré-industrielle, selon le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat).  

Le nombre de catastrophes a été multiplié par cinq en 50 ans selon l'Organisation météorologique mondiale.

Les États ont progressivement reconnu qu’ils avaient l’obligation de prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique non seulement au regard du droit de l’environnement, mais également au regard du droit international relatif aux droits humains. En 1992, la communauté internationale a cherché à agir en créant la première convention internationale de lutte contre le changement climatique, la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Mais plus de trente après, les intérêts économiques et le manque de volonté politique ont entravé l’action climatique.  

L’inaction climatique menace non seulement l’avenir de la planète mais aussi nos droits humains à toutes et tous. L’inaction de nos gouvernements face à la crise climatique, en dépit des preuves scientifiques, pourrait constituer la plus grave violation intergénérationnelle des droits humains de toute l’histoire. 

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Le changement climatique menace les droits humains

N'oublions pas que la guerre contre la nature est en elle-même une violation massive des droits humains.

Antonio Guterres, Secrétaire général de l'ONU, lors de son discours à la COP 27 en 2022

Le changement climatique est une crise des droits humains sans précédent. Il menace l’exercice des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels des générations présentes et futures et, à terme, l’avenir de l’humanité.   

Les droits humains menacés par le changement climatique
Droit à la vie

Le GIEC a établi une liste des causes de morts liées au climat : phénomènes météorologiques extrêmes, vagues de chaleur, inondations, sècheresses, feux de forêt, maladies transmises par l’eau et maladies vectorielles, malnutrition et pollution atmosphérique. Selon les prévisions de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le changement climatique devrait faire 250 000 morts par an entre 2030 et 2050.

Les conséquences dévastatrices de la sécheresse à Madagascar 

Droit à la santé

Des personnes sont blessées ou tuées lors d’événements météorologiques extrêmes comme les vagues de chaleur ou les inondations. Les établissements de santé publique peuvent se trouver endommagés voire détruits, et des maladies peuvent se propager parmi les personnes déplacées. Le changement climatique fait peser un poids plus lourd sur les pays dont les systèmes de santé sont déjà plus fragiles et qui disposent de capacités réduites pour s’adapter au changement climatique.

Au Pakistan, les enfants et les personnes âgées meurent de la crise climatique  

Droit à l’alimentation

Le changement climatique impacte l'accès, la disponibilité et la stabilité des prix des denrées alimentaires. Sécheresse, appauvrissement des sols, destruction de cultures : le changement climatique menace les systèmes de production agricoles. Il est l’une des principales causes des crises alimentaires selon l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et il aggrave également d’autres facteurs d’insécurité alimentaire et de malnutrition, comme les conflits et la pauvreté. 

Des millions de personnes sous-alimentées à cause de la sécheresse en Angola  

Droit à l’eau

Le changement climatique nuit à l’accessibilité, la qualité et la quantité de l’eau. Plusieurs facteurs tels que la fonte des neiges et des glaces, le changement des régimes de précipitations, la hausse des températures et la montée du niveau des océans démontrent que le dérèglement climatique affecte, et continuera d’affecter, les ressources d’eau, tant en termes de quantité que de qualité. D’après le GIEC, le changement climatique a déjà causé des dégâts considérables et des pertes de plus en plus irréversibles pour les réserves d’eau douce terrestres.  

Droit à un logement convenable

Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant, y compris à un logement convenable. Mais les phénomènes météorologiques extrêmes comme les inondations, les cyclones ou et les feux de forêt détruisent des logements et provoquent le déplacement de millions de personnes à travers le monde. Près d’un quart de la population mondiale est menacée par des inondations selon une étude publiée dans Nature Communications en 2022.  

Droit à l’autodétermination

Le changement climatique menace la survie de populations entières, notamment les populations des États insulaires de faible altitude, dont les terres et les territoires, la souveraineté et la survie culturelle sont mis en péril par les effets directs et indirects du changement climatique. Le changement climatique menace aussi le droit à l’autodétermination de nombreux peuples autochtones, car ils pourraient perdre leurs territoires traditionnels, le contrôle des ressources naturelles ainsi que leurs moyens de subsistance.   

L’archipel de Tuvalu dans le Pacifique, peuplé de 12 000 habitants, risque de voir 95% de son territoire submergé par la montée des eaux d’ici à 2100.  

Droit à un environnement sain

Le changement climatique, aux côtés d’autres facteurs qui contribuent aux dégradations de l’environnement, représente un obstacle pour l’exercice du droit de bénéficier d’un environnement sûr, propre, sain et durable. De plus en plus de tribunaux reconnaissent qu’en ne prenant pas de mesures satisfaisantes contre le changement climatique, les États commettent une atteinte à ce droit, pourtant reconnu par l’Assemblée générale des Nations unies en 2021. 

Des retraitées suisses ont intenté un premier procès sur le climat devant la Cour européenne des droits de l’homme. 

Des populations inégalement touchées par le changement climatique

Si l'ensemble de la planète est impacté par le changement climatique, tout le monde n’est pas aussi vulnérable face à ses effets. Il affecte plus particulièrement les personnes marginalisées, en situation de vulnérabilité ou victimes de discrimination.   

Genre
Les femmes et les filles subissent davantage les conséquences du changement climatique. Les femmes, en particulier dans les pays dits du Sud, dépendent d’activités sensibles au climat comme l’agriculture. En Afrique centrale, les femmes représentent environ 70% de la main d’œuvre agricole. Leur participation inégale aux processus de prise de décisions renforce les inégalités et empêche souvent les femmes de contribuer pleinement à la planification, à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques en matière de climat.
Géographie
Certaines zones géographiques sont particulièrement exposées aux conséquences du changement climatique. L’élévation du niveau des océans et l’érosion côtière, ainsi que les phénomènes météorologiques extrêmes représentent une très grave menace pour la vie, les moyens de subsistance et la culture des populations côtières et insulaires.
Facteurs politiques et socioéconomiques
La vulnérabilité est accrue dans les zones touchées par la pauvreté, celles où l’accès aux services et ressources de base est limité, dans les zones de conflits et dans les zones où une grande proportion de la population dépend de moyens de subsistance sensibles au changement climatique (petits exploitants agricoles, éleveurs, populations vivant de la pêche) selon le rapport du GIEC de 2022.
Niveau de vie
Les personnes les plus riches ont les moyens de prendre des mesures pour s’adapter, alors que les personnes défavorisées ne les ont pas, ce qui les expose aux plus graves conséquences de la crise climatique. Le changement climatique renforce les inégalités sociales et économiques existantes, exacerbe la pauvreté et menace les progrès accomplis en matière de bien-être.
Populations autochtones
En raison de leur relation souvent étroite avec l’environnement et leurs terres traditionnelles, les populations autochtones vivent souvent dans des zones particulièrement exposées aux conséquences néfastes du changement climatique. Ces populations, qui dépendent de la terre et/ou des forêts pour leurs moyens de subsistance, leur culture et leur survie sont plus susceptibles de subir les conséquences du changement climatique. Leur vulnérabilité est particulièrement aggravée par le passé colonial, l’oppression et les expropriations de leurs terres et territoires ancestraux.
Discrimination raciale et minorités
Les personnes discriminées ou issues de minorités sont souvent contraintes à vivre dans des régions économiquement fragiles ou des logements surexposées aux effets du changement climatique. Le changement climatique vient donc aggraver les inégalités dont sont victimes ces groupes. De plus, les groupes victimes de discrimination raciale et les minorités ethniques, religieuses et linguistiques sont plus souvent exclus des espaces de prise de décisions. Leurs préoccupations spécifiques et leurs propositions de solutions risquent donc d’être ignorées dans le cadre des politiques et des décisions relatives au changement climatique.
Personnes en situation de handicap
Le risque de mourir ou d’être blessé à la suite d’un phénomène météorologique extrême est plus élevé pour les personnes en situation de handicap. Les politiques et mesures d’atténuation du changement climatique sont souvent conçues et adoptées sans prendre en compte leurs droits et leurs impératifs ou sans évaluer les effets négatifs différentiés qu’elles peuvent avoir sur ces groupes.
Âge
Les enfants et les personnes âgées sont particulièrement touchés par les effets néfastes du changement climatique. Les enfants sont particulièrement vulnérables en raison de leur métabolisme, de leur physiologie et de leurs besoins spécifiques en matière de développement. Par exemple, dans le cas de vagues de chaleur qui provoquent déshydratation, coups de chaleur et épuisement, ce sont les personnes les plus vulnérables comme les personnes âgées et les enfants qui sont les premières victimes.
Personnes déplacées et migrantes
Le changement climatique contribue au déplacement forcé et à la migration de personnes. La plupart des personnes déplacées en raison de catastrophes causées par des événements extrêmes et les conséquences du changement climatique sont déplacées à l’intérieur de leur pays, ce qui signifie qu’elles restent sur leur territoire national. Cependant des déplacements au-delà des frontières se produisent également et peuvent être également liés à des situations de conflit ou de violence.

La combinaison de plusieurs de ces facteurs expose certaines personnes à un risque accru face à la crise climatique. C’est le principe de l’intersectionnalité. Par exemple, une personne racisée, vivant sur une zone côtière et en situation de pauvreté est très à risque car elle cumule plusieurs critères de vulnérabilité qui se croisent et s’amplifient.  

L’inégale responsabilité de la crise climatique 

Le changement climatique touche donc de manière inégale les populations dans le monde et impacte en particulier les populations les plus vulnérables. Il est d’autant plus injuste quand on sait que ce sont les personnes les moins responsables qui sont les premières victimes de la crise climatique.  

En effet, les pays les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre sont les pays les plus touchés par les effets du changement climatique. C’est le cas du Pakistan qui fait partie des cinq pays les plus vulnérables alors qu’il contribue à moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.  

Les pays dits développés, en Europe ou en Amérique du Nord ont une responsabilité historique dans la crise climatique. Industrialisés dès le 19ème siècle, ces pays ont historiquement émis plus d’émissions que les autres pays. Aujourd’hui encore, ils font partie des principaux émetteurs de gaz à effet de serre aux côtés d’autres pays qui les ont rejoints comme les pays producteurs de pétrole et de charbon.  

D’après l’ONU, nous nous orientons vers une augmentation de la température de 2,6°C à 3,1°C d’ici 2100 si les Etats n’augmentent pas leurs ambitions et ne mettent pas en œuvre immédiatement leurs engagements.  

La responsabilité de la crise climatique est inégale en fonction des pays mais aussi en fonction des individus. Les 10 % les plus riches de la planète sont responsables de deux tiers du réchauffement climatique depuis 1990 selon une étude publiée dans Nature Climate Change, 2025. 

Malgré cette profonde injustice climatique, les pays à haut revenu et à fortes émissions ne font pas assez pour lutter contre le changement climatique.

Les Etats ne peuvent plus nier les effets néfastes du changement climatique sur les droits humains. Leur inaction condamne des millions de personnes à la faim, aux maladies, aux déplacements forcés et à des morts prématurées. 

Nos demandes :  

Nous appelons les Etats à mettre en œuvre les obligations auxquelles ils sont tenus par le droit international en faveur du respect, de la protection et de l’exercice des droits humains face à la crise climatique :  

  • Protéger les personnes en éliminant d’urgence les émissions de gaz à effet de serre ;  

  • Aider les populations touchées à s’adapter à un changement climatique inévitable ;  

  • Garantir que l’action pour le climat soit compatible avec le respect des droits humains ;  

  • Garantir le droit de chacun·e à l’information, à la participation et à réparation ;  

  • Accorder des réparations aux victimes de pertes et préjudices ;  

  • Accroître la coopération et l’aide internationales ;  

  • Sauvegarder les droits humains des personnes déplacées ou menacées de déplacement par le changement climatique ;  

  • Reconnaître le droit à un environnement sûr, propre, sain et durable ;  

  • Réglementer les entreprises.

Formation

Découvrez les liens entre le changement climatique et les droits humains et comment agir pour les protéger.