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© WAKIL KOHSAR / AFP

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Liberté d'expression

Afghanistan : comment les talibans s’attaquent aux droits humains

Au pouvoir depuis moins de six semaines, les talibans démantèlent méthodiquement les avancées en termes de droits humains obtenues ces vingt dernières années. Un climat de peur règne dans tout le pays.  

Alors que les talibans ont martelé qu’ils respecteraient les droits des Afghanes et des Afghans, c’est bien au contraire une répression à grande échelle qu’on observe depuis la prise de Kaboul. Notre rapport Afghanistan’s fall into the hands of the Taliban, conduit avec la Fédération internationale pour les droits de l’homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) dévoile une longue liste d’atteintes aux droits humains. 

Le vrai visage des talibans  

L’ensemble du peuple afghan subit des restrictions et des atteintes majeures à leurs droits. La liberté d’expression est attaquée de toutes parts, notamment via la répression des manifestations et des médias. Les femmes, déjà les grandes victimes du régime taliban en place de 1996 à 2001, sont de nouveau soumises à de multiples restrictions de leurs libertés et à des représailles en cas de transgression. Le droit international a également été bafoué puisque des civils, ainsi que des soldats qui s’étaient rendus, ont été tués dans le Panchir. Dans cette région, dernier bastion anti-talibans à être tombé, l’aide humanitaire fait face à un blocus.  

Cinq semaines seulement après avoir pris le contrôle de l’Afghanistan, les talibans ont clairement démontré qu’ils ne comptent ni protéger ni respecter les droits fondamentaux. 

Dinushika Dissanayake, directrice adjointe pour l'Asie du Sud à Amnesty International

En raison d’une connexion mobile défaillante dans de nombreuses régions et de coupures volontaires d’Internet, les conclusions de notre rapport ne sont sans doute qu’un petit aperçu de la réalité sur place.  

Les défenseurs des droits humains pris pour cible 

Les talibans pourchassent toutes les personnes engagées pour les droits humains. Pour survivre, celles-ci n’ont d’autre choix que d’entrer dans la clandestinité. Elles vivent sous la menace constante d’être arrêtées, torturées, voire tuées.  

Nous nous sommes entretenus avec Mahmud*, un défenseur afghan qui est parvenu à quitter le pays. Le jour où les talibans sont entrés dans Kaboul, il a reçu un appel lui demandant de remettre les véhicules, l’équipement et l’argent de son ONG. Son interlocuteur connaissait son nom et lui a ordonné de coopérer. 

Au cours des jours suivants, Mahmud a reçu d’autres appels et messages WhatsApp lui demandant son adresse personnelle. Deux de ses collègues ont été frappés et fouettés par les talibans. 

Les défenseurs des droits humains sont attaqués sur tous les fronts car ils sont considérés comme les ennemis des talibans.   

Delphine Reculeau, directrice du programme Défenseurs des droits humains à l’OMCT

Ceux qui ont réussi à quitter le pays sont désormais bloqués dans des camps militaires ou dans les pays voisins, ne connaissant pas leur destination finale ni comment ils pourront reconstruire leur vie brisée du jour au lendemain. 

Persécution des journalistes  

Deux femmes journalistes installées à Kaboul nous ont raconté les menaces et les actes d’intimidation qu’elles subissent depuis l’arrivée au pouvoir des talibans. Ayesha*, qui a fui la capitale, explique que les talibans se sont rendus dans sa famille et ont menacé ses proches. 

Aadila* décrit la peur et l’incertitude qui régnaient durant les deux premières semaines du régime taliban. Elle avait décidé de rester en Afghanistan pour poursuivre son travail, jusqu’à ce que les talibans arrivent chez elle, une nuit, et demandent à la voir. À force d’insistance, ses proches l’ont convaincue de quitter le pays.  

 Les journalistes ont reçu des instructions des talibans : désormais, ils doivent travailler conformément à la charia, dans le respect des règles islamiques. 

Droit des femmes et manifestations 

Par crainte de représailles violentes, de nombreuses Afghanes portent aujourd’hui la burka et s’abstiennent de sortir de chez elles sans un tuteur masculin. Malgré la myriade de menaces qui pèse sur les droits des femmes à travers le pays, certaines continuent à manifester.  

La plupart des manifestations ont été violemment réprimées par les talibans. Le 4 septembre 2021 à Kaboul, une centaine de femmes ont été dispersées par les forces spéciales talibanes, qui ont tiré en l’air et auraient utilisé des gaz lacrymogènes. 

Le 8 septembre, le ministère de l’Intérieur désormais contrôlé par les talibans a publié un décret interdisant toutes les manifestations et tous les rassemblements en Afghanistan « jusqu’à ce qu’une politique en matière de manifestations soit codifiée ».  

Nous demandons au Conseil des droits de l’homme des Nations unies d’instituer un mécanisme d’enquête robuste et indépendant pour documenter les crimes relevant du droit international et mettre fin à l’impunité.  

Les civils afghans menacés doivent pouvoir sortir du pays et bénéficier d'une protection : la communauté internationale doit garantir des voies légales et sûres pour les réfugiés.    

L’ouverture de la 76e session de l’Assemblée générale de l’ONU, le 20 septembre 2021, doit être l’occasion de mesures concrètes !  

*Pour protéger l’identité des personnes citées, tous les noms ont été modifiés.

Agir

Demandons l'accueil et la protection des civils afghans en danger !

En deux minutes, nous vous proposons d’interpeller le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, pour lui demander de mettre en œuvre une politique d’accueil et d’accès à la protection adaptée à la gravité de la situation.