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A Lampedusa, le 24 mai dernier © Chris McGrath/Getty Images

A Lampedusa, le 24 mai dernier © Chris McGrath/Getty Images

Personnes réfugiées et migrantes

Morts en mer : le cynisme de l’Europe

Les dirigeants européens continuent de déplorer le nombre toujours plus grand de personnes qui meurent dans la Méditerranée. Mais en fait ils ne font rien pour sauver des vies. Au contraire, ils les mettent encore plus en danger. Ils ne renforcent pas les opérations de sauvetage mais agissent pour que les réfugiés et les migrants soient bloqués dans des pays qui se moquent de leurs droits et de leur sécurité.

Plus de 2 000 personnes sont mortes en mer depuis le début l’année alors qu’elles cherchaient un abri en Europe.

L’Union européenne s’obstine à renforcer des contrôles frontaliers et la multiplication des retours dans les pays d’origine. Elle ne cherche pas à offrir aux réfugiés et aux migrants la possibilité de se rendre en Europe en toute sécurité.

Signer notre pétition : Interpellez le Gouvernement français pour lui demander de sauver des vies en Méditerranée

Mot d’ordre de l'Europe : externalisation du devoir de protection

Actuellement, la méthode qui a les faveurs des dirigeants européens est l’« externalisation ».

Elle consiste à agir par tous les moyens pour que les pays d’où viennent les réfugiés et les migrants, ou ceux par lesquels ils transitent, renforcent les contrôles des frontières. C’est un transfert de responsabilité uniquement fondé sur le souci d’empêcher les personnes d’approcher de l’Europe, et non pas sur la nécessité d’offrir une protection effective à des êtres humains.

Les États de l’UE ne se gênent pas pour promettre des aides diverses en contrepartie du renforcement des contrôles aux frontières de ces pays. Dans certains cas, ils interviennent directement dans ces pays par le biais de formation ou la fourniture de matériel pour rendre plus efficace les contrôles.

Externaliser à tout prix, même humain

La mise en place d’une politique d’« externalisation » favorise les violations des droits humains. C’est le cas lorsque les États avec lesquels travaille l’Union européenne ne respectent pas ou peu les droits humains.

Pour les personnes, les conséquences de ces pratiques sont terribles : renvois forcés, expulsions collectives, détention arbitraire, mauvais traitements …tels sont les mesures que prennent ces États avec lesquels l’Union européenne collabore pour rendre efficace le contrôle de leurs frontières, au mépris flagrant du respect des droits humains.

Ces mesures sont, en plus, inefficaces par rapport à l’objectif qui leur est assigné. Le nombre de personnes qui vont tenter de rejoindre l’Europe ne diminue pas nécessairement.

Faute d’autres solutions, les personnes qui fuient les conflits, les persécutions et la pauvreté tenteront toujours de fuir par le seul moyen dont elles disposent, en plaçant leur vie entre les mains de passeurs peu scrupuleux.

Au large de la côté lybienne © David Ramos/Getty Images

L’accord UE-Libye : une coopération sordide

Un exemple déplorable de cette politique est la coopération que l’UE a engagé avec la Libye.

Les dirigeants européens ont renforcé la coopération avec les gardes-côtes libyens, en les formant et en leur fournissant des navires. Ainsi, l’Europe fournit aux gardes-côtes libyens le pouvoir d’intercepter des réfugiés et des migrants en mer et de les renvoyer en Libye.

Cette démarche sera valable si la situation en Libye ne ressemblait pas à un enfer pour les réfugiés et les migrants.

Cette politique européenne expose des milliers de personnes à des violations indescriptibles dans les centres de détention où elles sont envoyées dès qu’elles posent le pied à terre, enfermées indéfiniment et soumises à la torture, à des coups, à des viols ou à des formes d’exploitation aux mains de gardiens.

Par ailleurs, comme nous l’avons constaté lors de nombreuses interceptions en mer au cours des derniers mois, les gardes-côtes libyens ignorent les protocoles élémentaires de sécurité et les normes internationales pour éviter de mettre en danger les passagers des navires en détresse.

Ils ont même souvent ouvert le feu pendant des opérations de sauvetage en mer.

Le dignité et l’intégrité, et parfois même la vie, des réfugiés et les migrants est le prix que l’Union européenne est prête à payer pour les dissuader de rejoindre l’Union européenne.

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Un changement radical de politique est impératif

C’est une évidence qu’il faut rappeler avec force : les dirigeants de l’UE doivent, de façon urgente, s’abstenir de toute forme de coopération qui pourrait laisser des réfugiés et des migrants bloqués dans des pays où ils sont exposés à des violations des droits humains.

Plus globalement, les dirigeants européens doivent cesser de s’intéresser uniquement à l’objectif à court terme de diminution du nombre de personnes qui traversent la mer. Il faut en revanche un programme audacieux pour soutenir la protection des droits humains dans les pays d’origine et de transit et pour mettre des routes sûres à disposition des réfugiés et des migrants potentiels afin qu’ils puissent rejoindre en sécurité le territoire européen.

De telles mesures apporteraient une solution plus sûre et ordonnée que les dangereuses traversées.

Elle permettraient de détourner les réfugiés et les migrants des réseaux criminels qui se nourrissent de leur désespoir.

Ce n’est qu’à ces conditions que la tragédie des vies perdues en mer appartiendra au passé et que les droits de femmes, d’hommes et d’enfants vulnérables seront réellement protégés.

Agir

L'Europe doit sauver des vies !

Mourir ou retourner dans l’enfer libyen : tel est le « choix » que l’Europe laisse aux réfugiés et migrants. Interpellez le Gouvernement français pour lui demander de sauver des vies.