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Guinée équatoriale. Une crise des droits humains marquée par 40 années de répression et de règne de la terreur

Les autorités de la Guinée équatoriale doivent mettre fin à plusieurs décennies de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits, notamment de torture, de détentions arbitraires et d’homicides illégaux, a déclaré Amnesty International le 2 août, 40 ans après la prise de pouvoir du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.

« Les Équato-Guinéens qui ont 40 ans cette année sont nés et ont grandi dans un pays où les droits humains ont été constamment et systématiquement violés. Depuis trop longtemps, les gens vivent dans un climat de peur en raison de l’impunité des violations des droits humains et des atteintes à ces droits, notamment l’emprisonnement de défenseur·e·s des droits humains, de militant·e·s et d’opposant·e·s politiques sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, a déclaré Marta Colomer, responsable du travail de campagne sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

« Des lueurs d’espoir sont apparues, comme avec la loi de 2006 interdisant la torture, et la récente annonce par le président Nguema d’un projet de loi visant à abolir la peine de mort. Or, à moins que le gouvernement ne prenne de véritables mesures pour faire appliquer la loi, pour garantir le respect plein et entier des droits humains et pour mettre fin à la répression, le nombre de victimes de violations des droits humains va continuer de croitre en Guinée équatoriale. Cela doit cesser.

Le 14 avril 2019, le président Nguema a annoncé son intention de soumettre au Parlement un projet de loi visant à abolir la peine de mort en Guinée équatoriale, où les dernières exécutions recensées datent de janvier 2014.

Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasago a pris le pouvoir le 3 août 1979 après un coup d’État dirigé contre le président Francisco Masie Nguema. Depuis, le pays est le théâtre d’une très inquiétante dégradation de la situation des droits humains, marquée par la torture, des exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires et des poursuites engagées contre des militants politiques et des défenseurs des droits humains, bien documentées par Amnesty International durant toutes ces années.

Des prisonniers torturés suspendus par les pieds

En septembre 2006, le Parlement a approuvé une loi interdisant la torture, qui est entrée en vigueur en novembre de cette année-là, mais la police continue d’utiliser régulièrement la torture pour extorquer des « aveux » aux détenus. Un grand nombre de ces cas concernent des membres de l’opposition et des militants politiques, notamment Joaquin Elo Ayeto, membre du parti d’opposition Convergence pour la démocratie sociale, qui se trouve actuellement en détention. Il a été arrêté le 25 février de cette année à son domicile, à Malabo, et conduit au commissariat de police central. Il a été violemment frappé au commissariat de police, et suspendu par les mains. Les policiers voulaient lui faire avouer un complot présumé visant à assassiner le président. 

Amnesty International a rassemblé des informations sur d’abominables cas de torture qui ont eu lieu entre 1988 et 2009. Ces cas concernent notamment 10 membres du parti politique Union populaire, qui ont été arrêtés et torturés dans les postes de police de Bata et de Malabo en février et en mars 2009.

L’une de ces personnes a dit au juge d’instruction qu’il a une fois été ligoté sur le sol et qu’on lui a offert de l’argent pour qu’il « avoue ». À un autre moment, les policiers lui ont rempli la bouche avec du papier, l’ont enfermé dans un sac, ont suspendu ce sac, et l’ont alors roué de coups. Bien qu’il ait fourni le nom de ses tortionnaires présumés, aucune enquête n’a été diligentée et personne n’a été traduit en justice.

Amnesty International a également rassemblé des informations sur les actes de torture infligés à 15 détenus qui ont été remis en liberté quand leur peine a été allégée à la faveur d’une mesure de grâce, en août 1988. Parmi eux figure le prisonnier d'opinion Primo Jose Esono Mikali : il a eu les bras et les jambes attachés ensemble dans le dos, et le dos douloureusement arqué en arrière, et il a été suspendu au plafond avec une corde ; il a temporairement perdu l’usage de ses membres.

Les autres détenus ont été soumis à des types de torture semblables, et parfois leurs tortionnaires ont en plus placé sur leur dos cambré une lourde pierre. D’autres détenus ont expliqué qu’ils ont été suspendus par les pieds et qu’on leur a plongé la tête dans un seau d’eau sale, en les amenant au bord de la noyade, et qu’ils ont aussi été torturés avec des décharges électriques.

Des actes de torture ont également été infligés à des membres de l’ethnie bubi, sur l’île de Bioko, dans la partie la plus septentrionale de la Guinée équatoriale. En 1998, de nombreux Bubi ont été arrêtés et torturés pour qu’ils fassent des « aveux », à la suite de plusieurs attaques menées contre des casernes militaires, lors desquelles trois soldats et plusieurs civils ont été tués.

Amnesty International a rassemblé des informations sur les cas de personnes qui ont été suspendues au plafond avec les mains et les pieds attachés ensemble, et interrogés dans cette position. Certaines personnes ont aussi été torturées au moment de leur arrestation, en représailles à ces attaques. De nombreuses autres personnes ont été frappées avec des fusils, à coups de pied et à coups de poing, et plusieurs ont eu les oreilles mutilées au moyen de lames de rasoir et de baïonnettes.

Des femmes bubi ont aussi été humiliées en public dans la cour du commissariat de police de Malabo. Certaines d’entre elles ont été forcées à nager nues dans la boue devant d’autres détenus, et d’autres ont subi des violences sexuelles. Six détenus au moins seraient morts à la suite des tortures qui leur ont été infligées.

Exécutions extrajudiciaires 

Les exécutions, sous le régime du président Nguema, ont commencé un mois après le coup d’État qui l’a amené au pouvoir, et elles se poursuivent, avec des exécutions extrajudiciaires commises semble-t-il par des soldats et des policiers.

Le 29 septembre 1979, sept hommes ont été condamnés à mort, dont l’ancien président Masie Nguema. Moins de cinq heures plus tard, ils ont tous été fusillés par un peloton d’exécution.

Blas Engó a été abattu à bout portant par un soldat devant la prison de Bata alors qu’il tentait de s’évader avec 46 autres détenus, dans la nuit du 14 mai 2012. Le même mois, à Bata, un militaire a abattu Oumar Koné, un ressortissant malien, parce qu’il refusait de verser un pot-de-vin à un barrage routier.

En janvier 2014, neuf hommes reconnus coupables de meurtre ont été exécutés, 13 jours avant l'instauration d'un moratoire temporaire sur la peine capitale.

Les enfants pris pour cible

Les enfants ne sont pas épargnés.

Le 5 février 2015, plusieurs dizaines de mineurs figuraient parmi les 300 jeunes qui ont été arrêtés arbitrairement et frappés, à la suite de manifestations qui ont eu lieu pendant la Coupe d’Afrique des Nations, à Malabo. Ils ont pour la plupart été interpellés à leur domicile pendant la nuit, ou dans la rue loin du stade de football.

Ils ont été conduits au commissariat de police de Malabo, où ils ont reçu chacun 20 à 30 coups de fouet, et été placés dans des cellules surpeuplées et mal ventilées occupées par des hommes adultes soupçonnés d’infractions. Certains ont été relâchés après que leurs familles eurent versé des pots-de-vin à la police. Le 13 février, ils ont été présentés devant une autorité judiciaire et ont tous été libérés sans inculpation.

Défenseurs des droits humains

Plus récemment, en février 2019, Amnesty International a attiré l’attention sur le fait que les autorités n’ont pas respecté et mis en œuvre l’engagement qu’elles avaient pris de veiller au respect du droit des défenseurs des droits humains, des militants et des journalistes de travailler dans un environnement sans actes d’intimidation, sans harcèlement, sans violence et sans arrestations arbitraires.

Le 5 juillet, les autorités ont pris un décret demandant la dissolution du Centre d'études et d'initiatives pour le développement (CEID).

Absence d’indépendance et d’impartialité du système judiciaire

Les 40 années de pouvoir du président Nguema ont également été marquées par l’absence d’indépendance du système judiciaire. Durant toutes ces années, de nombreux détracteurs du gouvernement et défenseurs des droits humains ont été soumis à des procès iniques.

À l’issue d’un procès collectif qui a eu lieu dans la ville de Bata, 112 personnes ont été déclarées coupables de participation à un coup d’État qui aurait eu lieu en décembre 2017. Cette affaire est entachée de très nombreux vices de procédure et décisions défavorables à la défense.

Alors qu’un tribunal a ordonné sa libération immédiate en avril de cette année, Bertin Koovi, opposant politique et militant béninois, continue d’être maintenu en détention par la police à Bata.

« Depuis plusieurs décennies, la répression exercée par le président Nguema contre les dissidents a des effets dévastateurs et paralysants pour les défenseurs des droits humains, les journalistes et les militants politiques. Ils sont de façon persistante pris pour cible uniquement parce qu’ils exercent leur droit à la liberté d'expression, de réunion pacifique et d’association, a déclaré Marta Colomer.

« Il est grand temps que le président Nguema mette fin à ces agissements qui grèvent terriblement le bilan de son gouvernement en matière de droits humains, et entame une nouvelle ère où les droits humains seront pleinement et effectivement respectés, protégés, promus et mis en œuvre. »

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