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Manifestations au Sri-Lanka, 19 mai 2022 / © Tharaka Basnayaka - NurPhoto via AFP

Manifestations au Sri-Lanka, 19 mai 2022 / © Tharaka Basnayaka - NurPhoto via AFP

Liberté d'expression

Droit de manifester : comment la hausse des prix entraîne une montée de la contestation

Covid-19, guerre en Ukraine, changement climatique… Ces crises mondiales successives ont entraîné une hausse du chômage, une inflation galopante et un accroissement des inégalités provoquant une véritable crise humanitaire qui a conduit des milliers de personnes à manifester aux quatre coins du monde.

Dans un rapport intitulé « Hausse des prix, montée de la contestation », nous revenons sur les crises récentes qui ont eu de profondes répercussions sur les droits humains. Entre janvier et novembre 2022, selon l’outil de suivi mondial des manifestations de Carnegie Endowment for International Peace, le nombre de protestations concernant l’inflation et d’autres problèmes économiques est monté en flèche par rapport aux années précédentes. 

Les revendications réclamant plus de justice sociale doivent être entendues. Or de nombreuses manifestations ont été réprimées, avec violence, par les autorités de plusieurs pays.

Aller plus loin : Notre dossier sur l'état du droit de manifester dans le monde

Notre rapport pointe notamment les grandes lacunes dans les systèmes d’aide et de protection des États qui ont laissé, malgré la colère exprimée par les populations, des centaines de millions de personnes dans une situation d’extrême précarité. Dans ce contexte, nous demandons une protection sociale universelle, accessible à toutes et tous.  

Colère sociale, manifestations réprimées  

D’après ce rapport, l’absence de protection sociale dans de nombreux États fragilise davantage les populations face aux chocs économiques soudains, aux répercussions des conflits, au changement climatique ou autres bouleversements. Les conséquences de ces crises, notamment la faim généralisée, la hausse du chômage et la colère face à la baisse du niveau de vie, ont déclenché des manifestations dans le monde entier, souvent réprimées avec brutalité.

Si nous appelons à une protection sociale universelle c’est parce qu’elle peut contrer les violations des droits économiques et sociaux, fréquemment au cœur des revendications et des manifestations.

Au lieu de considérer les mouvements pacifiques comme l’expression de la volonté des populations de faire valoir leurs droits, les autorités réagissent souvent en faisant un usage inutile ou excessif de la force. Manifester pacifiquement est un droit fondamental.

Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International

Faim et pauvreté : causes des manifestations

L’absence de protection sociale adéquate peut s’avérer catastrophique pour le nombre croissant de personnes qui peinent à se procurer de la nourriture. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 349 millions de personnes à travers le monde sont en danger de pénurie alimentaire et 828 millions s’endorment chaque soir avec la faim au ventre. Selon le rapport sur les objectifs de développement durable 2022, la pandémie de Covid-19 a réduit à néant près de quatre années de progrès dans l’éradication de la pauvreté, et a fait sombrer en 2020 jusqu’à 93 millions de personnes de plus dans l’extrême pauvreté en vivant avec moins de 1,90 euros par jour.

En l’absence de mesures efficaces visant à atténuer l’inflation et les pénuries, le niveau de vie des populations n’a cessé de baisser. Cette situation a contribué aux manifestations qui ont récemment éclaté à travers le monde, notamment en Iran, en Sierra Leone et au Sri Lanka.

La hausse des prix des denrées alimentaires et d’autres produits de première nécessité touche plus durement les habitants des pays à faible revenu, mais le recours accru aux banques alimentaires dans les pays plus riches montre le caractère généralisé de la crise du coût de la vie et de l’accessibilité alimentaire.

L’invasion par la Russie de l’Ukraine, producteur majeur de céréales, a porté un coup dévastateur à l’approvisionnement alimentaire mondial et a fait grimper l’indice des prix alimentaires de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à son niveau le plus élevé depuis le début des relevés, en 1990. Le changement climatique et la flambée des prix des fertilisants affectent également la production agricole. Selon la FAO, la sécheresse est le principal facteur de la baisse des récoltes.

L’importance d’une protection sociale universelle

Notre organisation est membre d’une coalition croissante d’experts et d’organisations de la société civile qui demandent aux États de mettre progressivement en place une protection sociale universelle et de reconnaître les bénéfices qu’elle apporterait.

La protection des personnes contre les pertes dues aux chocs, aux catastrophes ou aux revers économiques peut être un facteur de transformation, tant pour la société que pour l’État qui apporte son soutien, en réduisant les tensions sociales et les conflits et en favorisant le redressement. Elle permet aux enfants de poursuivre leurs études, améliore les soins de santé, réduit la pauvreté et l’inégalité des revenus et, en fin de compte, profite aux sociétés sur le plan économique.

Nous ne pouvons plus détourner le regard alors que les inégalités s’accroissent et que ceux qui luttent sont laissés pour compte. La fraude fiscale et l’évasion fiscale agressive pratiquées par des particuliers et des entreprises privent les États, et notamment les pays à faible revenu, des ressources dont ils ont besoin.

Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International

Du fait du niveau élevé de la dette et du coût de sa gestion, les États lourdement endettés ont rarement la capacité financière de réaliser leurs aspirations en matière de protection sociale. Les pays à faible revenu dépensent quatre fois plus pour rembourser la dette que pour fournir des services de santé, et douze fois plus pour rembourser la dette que pour la protection sociale, selon Oxfam. 

D’après le rapport annuel du FMI, environ 60 % des pays à faible revenu sont en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de surendettement et risquent de ne pas pouvoir honorer leurs remboursements. L’annulation ou le rééchelonnement de la dette permettrait de dégager des fonds importants dans de nombreux pays en vue de financer la protection sociale.

Dans un monde confronté à de multiples crises et de plus en plus menacé par les chocs climatiques, le droit à la protection sociale peut jouer un rôle essentiel dans la protection de la population contre la pauvreté et les violations de leurs autres droits fondamentaux.

Agir

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