Exigez avec nous la justice pour toutes les victimes et la protection sans condition des populations civiles

Des femmes attendent une distribution de nourriture du Programme alimentaire mondial de l'ONU à Kaboul, Afghanistan © Hector RETAMAL / AFP
Afghanistan : la guerre des talibans contre les femmes
Interdiction de se déplacer librement, d’aller à l’école après le primaire, d’exercer de nombreux métiers ou de participer à la vie politique... En Afghanistan, des milliers de femmes et de filles subissent une répression généralisée depuis le retour des talibans au pouvoir. Face à cette réalité, il est urgent de protéger leurs droits fondamentaux.
En Afghanistan, durant une vingtaine d’années, une génération de femmes et de filles avait pu avoir accès à un minimum d’éducation, à un travail dans la fonction publique ou même à la direction de sociétés privées. Depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, ce temps est révolu : une parenthèse d’espoir s’est brutalement refermée pour des milliers de femmes et filles afghanes qui n’ont plus d’autre choix que de se soumettre et dépérir.
Les femmes, citoyennes de secondes zones
Sur place, les femmes et les filles ont été reléguées au rang de citoyenne de seconde zone. Via des décrets, des directives et des décisions répressives et discriminatoires adoptées par les autorités talibanes de facto, les femmes ont été effacées de l’espace public et réduites au silence. Dans notre rapport “La guerre des Talibans contre les femmes” publié deux après le retour des Talibans au pouvoir, nous revenons point par point sur les violations des droits humains subies par ces milliers de femmes et de filles.
Lire aussi : Comment les talibans s’attaquent aux droits des femmes en Afghanistan
Les femmes qui dénoncent la situation sont violemment réprimées
Arrestations et détentions arbitraires, actes de tortures physiques et psychologiques, disparitions forcées… Pour celles qui ont osé dénoncer la répression, c’est avec une violence inouïe qu’ont répondu les talibans une nouvelle fois. Les manifestantes incarcérées ont parfois eu un accès insuffisant à la nourriture, à l’eau, à la ventilation, à des produits d’hygiène et à des soins de santé. Pour autant, des femmes courageuses continuent de se mobiliser pour offrir un avenir meilleur aux prochaines générations, en créant par exemple des écoles clandestines.
Lire aussi : L’école au temps des talibans
Quand fuir le pays expose au harcèlement et à la discrimination
Pour les rares femmes afghanes qui réussissent à fuir dans les pays limitrophes comme l’Iran et le Pakistan, les difficultés et les violences ont continué, avec des arrestations arbitraires par les autorités locales, du harcèlement et des renvois forcés en Afghanistan.
Les femmes afghanes qui fuient au Pakistan ou en Iran ont besoin que vous soyez leur voix.
Shabnam Salahshoor, militante afghane réfugiée en France.
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L'effondrement de l'état de droit
En quatre ans, le système judiciaire s'est effondré au profit d'un système fondé sur la religion.
Les institutions qui servaient autrement fois à protéger les droits des femmes ont été démantelés. Résultat, elles n’ont quasiment plus aucun accès à la justice ni à des recours utiles.
Quant aux femmes qui occupaient auparavant des fonctions de juges, procureures et avocates, elles ont été démises de leurs fonction et forcées à l'exil.
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En France, l'inaction malgré les promesses
En décembre 2023, le gouvernement français a annoncé au Global Forum for Refugees, une initiative de réinstallation pour les femmes et les filles réfugiées vulnérables.
Lire aussi : Notre tribune publiée en amont du Forum mondial pour les réfugiés
Le 11 juillet 2024, la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) a reconnu l’appartenance de l’ensemble des femmes afghanes à un groupe social susceptible d’être protégé comme réfugié.
Lire aussi : Notre réaction suite à la décision de la CNDA
Cette décision devait faciliter la protection de l’ensemble des femmes afghanes ayant fui les persécutions en Afghanistan et qui demandent l’asile en France. Les autorités ont cependant failli à leurs obligations et à leurs promesses, ne délivrant des visas qu’au compte-goutte.
Lire aussi : Quatre ans après, les Afghanes plongées dans le cauchemar et l’oubli
Des avancées à l’échelle internationale
Au niveau européen, la Cour de Justice de l'Union européenne avait par ailleurs permis aux femmes et aux filles afghanes de pouvoir prétendre au statut de réfugié au sein de l’Union européenne « uniquement sur la base de leur sexe et nationalité » en octobre 2024.
Plus récemment, en janvier 2025, des mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale ont été émis à l’encontre de deux responsables talibans. Le chef des talibans, Haibatullah Akhundzada et le président de la Cour suprême d’Afghanistan, Abdul Hakim Haqqani sont notamment accusés de crime contre l’humanité pour violation systématique des droits fondamentaux des filles et femmes du pays. Une avancée pour la justice et pour ces femmes à qui les talibans ont retiré le droit d’exister, de chanter, de vivre.
Nous demandons par ailleurs que la communauté internationale prenne des mesures concrètes pour reconnaître l’« apartheid de genre » en tant que crime de droit international. Cela commence notamment par l’adoption de la Convention sur les crimes contre l'humanité, actuellement en cours de négociation.
Notre combat
Ces dernières années, nous nous sommes battu·es sans relâche pour les droits des femmes et des filles en Afghanistan.
Vous êtes 148 000 à avoir signé notre pétition pour demander à Emmanuel Macron de faciliter la délivrance de visas pour les femmes afghanes en exil. Après des mois de campagne, nous avons remis cette pétition le 20 juin 2024 à l’Élysée. Merci !

Pendant des mois de campagne, les voix des femmes afghanes ont occupé l’espace public à travers une centaine d'actions et événements organisées nos militants et militantes. Ensemble, nous avons scandé “Tous⸱tes Afghanes” lors des marches du 25 novembre et du 8 mars pour les droits des femmes.
Plus de 30 projections débats du documentaire “Afghanes” de Solène Chalvon-Fioriti ont été organisées par nos groupes aux quatre coins de la France.
A leurs côtés, les militantes afghanes, Shakiba, Mursal, Shabnam, Sadaf, Simin, Raha, Marwa et bien d'autres, ont pu faire entendre les voix des femmes afghanes en France, et transmettre leur courage et leur espoir.
L’exposition « No Woman’s Land. Un regard intime sur la situation des droits des femmes en Afghanistan » restitue le remarquable travail documentaire réalisé par la photographe Kiana Hayeri et la chercheuse Mélissa Cornet – lauréates de la 14e édition du Prix Carmignac du photojournalisme dont nous sommes partenaires. De janvier à juin 2024, ont parcouru sept provinces de l’Afghanistan et rencontré des centaines de femmes et de filles afghanes pour enquêter sur les conditions de vie imposées aux femmes et aux filles par les talibans.
Lire aussi : No Woman’s Land, l’exposition sur l'impossible vie des femmes et des filles en Afghanistan
En juin 2024, nous avons été reçu⸱es par le ministère des Affaires étrangères, afin que Zaman Sultani, le chercheur d’Amnesty International sur l’Afghanistan et Mursal Sayas, journaliste et autrice militante afghane, puissent exposer la situation et nos demandes. Celles-ci ont été envoyées aux autorités françaises ainsi qu’à plus de cent parlementaires.
Des lieux interdits aux femmes
Imaginez un instant que certains espaces publics vous soient interdits simplement parce-que vous êtes une femme... Inconcevable, effrayant, impossible, n'est-ce pas ? Malheureusement, c'est le quotidien des femmes en Afghanistan. Nous avons donc donné un bref aperçu de cette réalité en faisant vivre cette interdiction à des passant·es dans un parc à Paris. Les réactions sont éloquentes. 👇
Malgré certaines avancées à l'échelle internationale, des milliers de femmes et de filles afghanes continuent de subir la répression violente des autorités sur place. C'est pourquoi nous continuerons à nous battre à leur côté !
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