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La statue d'un pistolet tordu à New-York © Dan Nguyen

La statue d'un pistolet tordu à New-York © Dan Nguyen

Contrôle des armes

Violences armées : une crise d’ampleur aux États-Unis

Le gouvernement des États-Unis a laissé la violence armée dégénérer en crise des droits humains. Dans une récente enquête, nous examinons le terrible impact du libre accès aux armes à feu sur la vie des américains.

Si la plupart des pays ont des systèmes d'octroi de permis et des règlementations en vigueur en matière d’armes à feu, les États-Unis ne disposent pas de registre national. Trente États autorisent la détention d'armes de poing sans licence ni permis.

Une absence de réglementation

Le gouvernement américain privilégie la détention d'armes à feu au détriment des droits fondamentaux. De nombreuses solutions sont proposées, mais elles se heurtent à l'absence criante de volonté politique de sauver des vies.

Malgré la quantité impressionnante d'armes en circulation et le grand nombre de personnes tuées par armes à feu chaque année, on ne peut que constater l’absence d’une règlementation fédérale qui pourrait sauver des milliers de vies.

La possibilité de vaquer à vos occupations quotidiennes en sécurité et dans la dignité, sans avoir peur, est l'un des piliers majeurs des droits humains. Les droits des citoyens ne peuvent être garantis tant que les dirigeants américains ne font rien au sujet de la violence armée.

Des chiffres alarmants

En 2016, plus de 38 000 personnes ont été tuées par armes à feu aux États-Unis.

En 2016, dernière année pour laquelle des chiffres sont disponibles, plus de 38 000 personnes ont été tuées et 116 000 ont subi des blessures non mortelles par armes à feu aux États-Unis.

Notre enquête démontre que la violence armée touche les communautés de couleur. Elle est également la première cause de mortalité chez les hommes et les adolescents âgés de 15 à 34 ans, qui ont 20 fois plus de risques de se faire tuer par une arme que les Blancs du même âge.

Les femmes victimes de violence domestique et les enfants sont également touchés de manière disproportionnée.

Autre sujet abordé dans notre enquête, les conséquences pour les milliers de victimes de la violence armée qui survivent.

En moyenne, plus de 317 personnes essuient des tirs chaque jour et survivent – au moins assez longtemps pour arriver jusqu'à l'hôpital. Les conséquences psychologiques, physiques et financières de leurs blessures bouleversent leurs vies de manière définitive.

Il s'agit d'une crise de santé publique d’une ampleur étonnante et la réponse du gouvernement paraît bien timide, étant donné les effets durables pour de nombreuses victimes.

Des témoignages désolants

Plus courants et moins médiatisés, les faits individuels gangrènent la vie quotidienne au sein des communautés à travers le pays. C’est pourquoi le rapport relate des histoires personnelles de victimes de la violence armée.

Notre communauté n'a pas grande valeur aux yeux de l'Amérique. Ils pensent que nous ne méritons ni aide ni soutien.

Pam Bosley, une mère dont le fils a été tué par armes à feu

« Vous devez comprendre que nos enfants souffrent », explique Pam Bosley, une mère de Chicago dont le fils Terrell a été tué par arme à feu en 2006, dans le cadre d'une affaire encore non résolue.

« Nous avons besoin de services sociaux et de services de conseil pour les jeunes. Comment espérer qu'ils puissent survivre et exceller dans un tel environnement ? Lorsqu'un enfant est tué, au mieux, l'école fait venir un travailleur social pendant une journée. S'ils nous traitaient comme à Sandy Hook, la situation serait différente. Lorsque des vies ont été fauchées dans cette communauté, ils ont fait venir des travailleurs sociaux pendant un an pour travailler avec les enfants – nos enfants endurent ça tous les jours. Notre communauté n'a pas grande valeur aux yeux de l'Amérique. Ils pensent que nous ne méritons ni aide ni soutien. »

Thomas Scalea, directeur du centre de traumatologie R. Adams Cowley à Baltimore, s'est entretenu avec nous au sujet d'un patient qui incarne les combats que doivent mener les victimes : « J'ai eu un patient atteint de plusieurs balles. Je l'ai opéré entre 15 et 20 fois en 18 mois, ses problèmes étaient nombreux, il était vraiment mal en point. J'ai réussi à lui faire traverser ces épreuves et nous avons terminé sa colostomie ; il est donc soigné et on s’accorde à dire que c'est une " belle réussite ". Sauf que... il a également reçu une balle dans le bras et souffre de graves lésions nerveuses. Il gagnait sa vie en transportant du matériel et en ramassant des objets. Il vous faut deux bras pour cela, donc il est handicapé et ne peut plus travailler... Et ça s’arrête là, pas de rééducation ni de formation. En vue d'obtenir l’allocation d’invalidité, vous devez être en mesure de négocier avec le système de santé ; j’ai moi-même bien du mal à le faire, alors comment pourrait-il y parvenir ? »

Il gagnait sa vie en transportant du matériel et en ramassant des objets. Il vous faut deux bras pour cela, donc il est handicapé et ne peut plus travailler...

Thomas Scalea, directeur du centre de traumatologie R. Adams Cowley

Une meilleure réglementation est possible

Nous avons pu établir une profusion de recommandations qui visent prioritairement l'adoption de lois nationales qui remplaceraient les textes de loi propres à chaque État. Les lois actuelles s’avèrent inadaptées et arbitraires car les citoyens de certains États sont plus exposés que d'autres à la violence armée.

Les recommandations sont notamment les suivantes :

Mener des vérifications poussées des antécédents des acheteurs ;

Adopter des règlementations nationales pour l'octroi de permis et l'enregistrement des armes à feu, et dispenser une formation aux détenteurs d'armes ;

Interdire les fusils d'assaut semi-automatiques et autres armes de type militaire ;

Investir dans des programmes factuels de réduction et de prévention des violences communautaires ;

Légiférer sur le stockage obligatoire et sûr.

Les fusillades de masse ont des effets émotionnels et psychologiques profonds et pourraient être évitées en interdisant les fusils d'assaut et les armes à feu de forte capacité. Pourtant, ces fusillades représentent moins de 1 % des morts par armes à feu.

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