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Togo. Escalade de la violence et adoption de la loi sur la cybersécurité à l’approche d’élections législatives contestées

* Au moins quatre morts durant les manifestations en moins d’une semaine, dont trois par arme à feu
* Une vidéo vérifiée confirme le lieu où un adolescent de 12 ans a été abattu
* La nouvelle loi sur la cybercriminalité restreint indûment la liberté d’expression

Les violences meurtrières lors des manifestations au Togo frappent le pays en amont d’élections parlementaires controversées prévues le 20 décembre, a déclaré Amnesty International le 13 décembre 2018. Elle exhorte les autorités à mener une enquête exhaustive et à sanctionner toutes les personnes responsables de la série de morts qui ont eu lieu lors des manifestations la semaine dernière.

Au moins quatre personnes sont mortes dans le cadre des violences liées aux manifestations depuis le 8 décembre, dont un adolescent de 12 ans tué d’une balle dans la tête. Des affrontements entre manifestants et forces de sécurité ont été signalés partout dans le pays. De nombreux manifestants ont été blessés par balles dans la capitale Lomé et à Sokodé, ville du nord du Togo. Des manifestants ont aussi brûlé des pneus et dressé des barricades dans les rues. Quatre membres des forces de sécurité ont été blessés.

« Même après la mort d’un adolescent, les autorités togolaises continuent de souffler sur les braises de la violence en déployant des militaires portant des armes à feu sur les sites de contestation, au risque d’exacerber une situation déjà tendue, a déclaré Evelyne Petrus Barry, directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale à Amnesty International.

« Tandis que la pression monte à l’approche du scrutin, nous demandons aux autorités de respecter le droit de réunion pacifique et de prendre toutes les mesures nécessaires pour qu’aucune autre vie ne soit à déplorer lors d’affrontements. Elles doivent aussi mener des investigations approfondies, indépendantes et impartiales sur la mort des manifestants et veiller à ce que tous les responsables présumés soient traduits en justice. »

Des experts d’Amnesty International en vérification numérique ont pu authentifier une série de vidéos filmées sur les sites des manifestations semble-t-il le 8 décembre.

Une vidéo confirme que l’adolescent de 12 ans s’est fait tirer dessus dans le quartier de Togblékopé, à environ 5 kilomètres au nord de la capitale Lomé. Une autre vidéo montre un membre des forces de sécurité à bord d’un pick-up noir visant un groupe de manifestants avec un fusil à lunette.

Le ministère de la Sécurité et de la Protection civile a plus tard reconnu que le véhicule transportait des membres des forces armées, dont le chef d’état-major. Deux autres personnes ont été tuées à Sokodé le 10 décembre et des dizaines d’autres blessées.

Amnesty International s’est entretenue avec un jeune homme de 19 ans à Sokodé, blessé au pied. Il a raconté:
« Le 10 décembre, j’étais assis dans le parc public lorsque j’ai vu des gens courir. Je me suis levé, j’ai senti une brûlure et j’ai réalisé que je saignais du pied gauche. (...) Lorsque j’ai été conduit à l’hôpital, ils ont retiré des trucs [des plombs] de mes blessures. »

Ce mois-ci, une coalition de 14 partis d’opposition a demandé le report du scrutin législatif prévu le 20 décembre et réclamé des réformes pour des élections équitables et transparentes.

Les manifestations étaient prévues entre le 8 et le 18 décembre. Le 6 décembre, le ministre de l’Administration territoriale a publié une déclaration les interdisant, invoquant le « très haut risque de graves troubles à l’ordre public ».

Amnesty International estime que cette interdiction repose sur des motifs vagues et arbitraires, ce qui va à l’encontre des obligations internationales du Togo en matière de respect du droit de manifester pacifiquement. L’opposition a décidé de maintenir malgré tout les rassemblements, qui ont été dispersés par les forces de sécurité.

Ces violences interviennent dans le contexte d’un durcissement de la répression du droit à la liberté d’expression au Togo.

Le 7 décembre, l’Assemblée nationale a adopté une loi sur la cybersécurité qui restreint fortement la liberté d’expression. Notamment, elle punit la diffusion de fausses informations d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison, les atteintes à la moralité publique d’une peine pouvant aller jusqu’à deux ans de prison, ainsi que la production, la diffusion ou le partage de données portant atteinte à « l’ordre, la sécurité publique ou la dignité humaine ».

Par ailleurs, la loi contient des dispositions vagues relatives au terrorisme et à la trahison, qui prévoient de lourdes peines de prison pouvant aller jusqu’à 20 ans, et pourraient être aisément utilisées contre des lanceurs d’alerte et autres personnes dénonçant des violations des droits humains. Elle confère également des pouvoirs supplémentaires à la police, notamment en termes de surveillance des communications ou des équipements informatiques, sans contrôle judiciaire adéquat.

« Les autorités doivent abroger ou remanier cette loi afin qu’elle soit conforme au droit international relatif aux droits humains et aux normes en la matière », a déclaré Evelyne Petrus Barry.

 

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