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Érythrée. La surpopulation et l’insalubrité dans les prisons rendent les détenu·e·s sans défense face à la pandémie de COVID-19

Dans l’incapacité de prendre des douches ou de laver leurs vêtements régulièrement, privées d’accès aux toilettes ou forcées à faire leurs besoins en plein air, des milliers de personnes enfermées dans les centres de détention surpeuplés d’Érythrée ne bénéficient d’aucune protection, ou presque, contre le COVID-19, selon des informations obtenues par Amnesty International.

Des témoignages recueillis depuis 2017 nous fournissent des informations nouvelles sur la vie en détention dans quatre prisons : la prison d’Adi Abeyito, la prison de sécurité maximale de Mai Serwa et le camp de détention de Mai Serwa Asmera Flowers, qui se trouvent à deux ou trois kilomètres les unes des autres et à environ 6 km au nord de la capitale, Asmara ; et Ala, une prison pour hommes située à 66 km au sud d’Asmara.

« Du fait de la surpopulation et du manque général d’équipements sanitaires, de soins de santé et de nourriture adaptés, les conditions dans ces centres de détention sont inhumaines et suscitent de vives préoccupations face à la pandémie de COVID-19. Nul ne doit être détenu dans des conditions susceptibles d’avoir des effets catastrophiques sur la santé mentale et physique », a déclaré Deprose Muchena, directeur pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.

À Adi Abeyito, qui accueille actuellement environ 2 500 personnes dans des installations conçues pour 800, les détenu·e·s sont autorisés à se doucher et à laver leurs vêtements deux fois par semaine. Dans les trois autres centres de détention, cependant, les détenu·e·s ont rarement la possibilité de prendre un bain ou de laver leurs habits. Les chaussures et les sandales sont strictement interdites, afin d’empêcher les détenu·e·s de sauter par-dessus les clôtures en fil barbelé.

Les autorités ne fournissent pas de produits d’hygiène personnelle comme le savon, et les détenu·e·s doivent donc compter sur leur famille pour s’en procurer. Or, depuis le 2 avril 2020, un confinement total est appliqué dans les prisons et les visites ne sont donc plus autorisées, ce qui signifie que les détenu·e·s n’ont plus accès aux produits nécessaires afin de prévenir la propagation du COVID-19 et d’autres maladies dans les prisons.

« Les personnes incarcérées en Érythrée sont exposées à un risque accru de contracter des maladies infectieuses, en raison de la surpopulation et de l’insalubrité qui prévalent dans les lieux de détention », a déclaré Deprose Muchena.

Au centre de Mai Serwa Asmera Flowers, en réalité un camp de travail forcé où des témoins de Jéhovah et d’autres détenu·e·s sont contraints à travailler dans des fermes floricoles, il n’y a pas de toilettes pour les détenu·e·s. Ces 700 personnes, hommes et femmes confondus, font leurs besoins en plein air. À la prison de sécurité maximale de Mai Serwa, il y a seulement 20 cabinets de toilettes pour 500 détenu·e·s.

À Adi Abeyito, les détenu·e·s ne peuvent aller aux toilettes que deux fois par jour, dans des lieux d’aisance situés hors de la prison. L’utilisation des toilettes se trouvant à l’intérieur de la prison est réservée aux jours de pluie ou à des circonstances exceptionnelles, comme des grèves ou des évasions présumées. En 2015, des détenu·e·s ont recueilli des fonds et construit des toilettes dans chaque aile de la prison afin de répondre aux besoins des personnes malades, âgées ou vivant avec un handicap.

Pas de distanciation sociale

Ces quatre prisons sont fortement surpeuplées ; Adi Abeyito accueille plus de quatre fois le nombre de détenu·e·s maximum, fixé à 800 personnes, tandis qu’on recense à la prison d’Ala trois fois plus de détenus que les 1 200 personnes maximum, et qu’il y a à Mai Serwa deux fois plus de détenu·e·s que les 230 prévus.

La grande majorité de ces personnes n’ont jamais été formellement inculpées, ni conduites devant un juge, et ne savent pas quand, ni même si leur détention prendra fin.

Elles sont en outre détenues dans des espaces allant de cellules de 4 m² destinées à la détention à l'isolement à la prison de sécurité maximale de Mai Serwa, à des conteneurs maritimes où sont incarcérés plus de 20 personnes, en passant par des salles mesurant 10 mètres sur 20. Généralement, les détenu·e·s dorment à même le sol à tour de rôle, parce que les lits ou les matelas ne sont pas autorisés.

Les repas consistent généralement de thé et de pain le matin, et de pain et de sauce aux lentilles au déjeuner et au dîner. Des gardiens leur remettent la nourriture dans les salles de détention et en cellule ; les détenu·e·s sont en effet uniquement autorisés à quitter ces espaces exigus pour se rendre aux toilettes ou à l’infirmerie.

D’ordinaire, leurs repas sont complétés par les denrées que leur apportent leurs proches lors de visites hebdomadaires, mais le confinement a interrompu cet approvisionnement, exposant les détenu·e·s à un risque accru de malnutrition et de maladie.

Le secourisme est insuffisant face aux maladies graves

Des témoignages reçus par Amnesty International révèlent que des personnes incarcérées dans ces quatre centres de détention souffrent de problèmes de santé graves, notamment de troubles mentaux, d’hypertension, de diabète, de maladies cardiaques, d’anémie, de diarrhée, d’asthme, de tuberculose, d’infections oculaires et d’otites, ainsi que d’infections gastro-intestinales. Les personnes qui prennent soin de ces détenu·e·s n’ont qu’un brevet de secourisme.

Les détenu·e·s doivent payer pour obtenir des médicaments, et les infirmeries des centres de détention ne disposent pas même des instruments médicaux les plus rudimentaires, comme par exemple des thermomètres. À la prison d’Ala, des détenus ont dû recueillir des fonds pour acheter un thermomètre et un tensiomètre, que des médecins incarcérés sur place utilisent afin d’aider leurs codétenus souffrants à effectuer un suivi pour certains problèmes de santé.

Des détenus très malades de la prison d’Ala ont été emmenés dans un hôpital à 26 km, dans la ville de Dekemahare, et certains sont morts en route. À Adi Abiyeto et dans d’autres prisons proches, des personnes gravement souffrantes sont conduites à l’hôpital d’Halibet à Asmara chaque vendredi.

« Trop de personnes languissent dans des lieux de détention non officiels à travers le pays sans savoir ce qu’elles vont devenir. Les autorités érythréennes sont tenues de veiller à ce que les détenu·e·s aient accès à une nourriture adéquate, de l’eau potable, des installations sanitaires et des soins de santé suffisants. Elles doivent aussi relâcher toutes les personnes détenues pour des raisons d’opinion, et envisager de libérer les mineur·e·s, les personnes en détention provisoire et celles qui sont susceptibles d’être particulièrement vulnérables face au COVID-19, notamment les personnes malades et les personnes âgées », a déclaré Deprose Muchena.

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