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Qu’est-ce que la COP et pourquoi la conférence de cette année est-elle si importante ?
Du 10 au 21 novembre, des dirigeant·e·s mondiaux, des scientifiques, des militant·e·s, des négociateurs et négociatrices, des diplomates, des représentant·e·s de peuples autochtones et d’autres communautés affectées se rassembleront à Belém, au Brésil, pour la COP30, la conférence annuelle des Nations unies pour le climat.
La COP30 se tient à un moment critique. Il s’agit de la première conférence depuis l’annonce du dépassement par la planète du seuil de 1,5 °C au-dessus des niveaux de températures de l’ère préindustrielle, une limite longtemps considérée comme vitale afin d’éviter les pires effets du changement climatique. Ce tournant souligne la nécessité de prendre en urgence des mesures ambitieuses et coordonnées.
Mettre les droits humains au cœur de l’action politique est essentiel à la concrétisation de la justice climatique. Les responsables peuvent s’opposer aux intérêts des grandes entreprises, et demander l’abandon rapide et juste des combustibles fossiles. La COP présente par ailleurs une occasion de garantir que les défenseur·e·s des droits environnementaux aux avant-postes du changement climatique soient protégés et autorisés à participer de manière significative à la prise de décisions relatives au climat.
Les dirigeant·e·s ont également l’opportunité de s’accorder sur la manière d’augmenter les financements climatiques sous la forme de subventions, non de prêts, pour aider les personnes les plus fortement touchées par le changement climatique, au lieu de pousser les pays les moins responsables de ce changement à s’endetter encore davantage.
Les conclusions scientifiques sont indéniables. Le changement climatique empire et les activités humaines, particulièrement l’extraction et la combustion de carburants fossiles, sont la cause principale. Mais si nous travaillons ensemble, unis par notre humanité commune, nous pouvons créer un futur qui aboutisse à des résultats en matière de justice climatique.
Qu’est-ce qu’une réunion de la COP ?
La COP, ou Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, est une réunion annuelle durant laquelle les États travaillent de concert afin de prendre des engagements concrets et trouver des solutions dans le but de combattre le changement climatique. Il est essentiel de travailler ensemble, car l’atmosphère est un bien public que se partage le monde.
La COP est le principal organe chargé de prendre des décisions en relation avec la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, un traité international relatif à l’environnement, établi en 1994 afin de créer un mécanisme permettant de mener des négociations climatiques et de mettre en œuvre l’Accord de Paris de 2015.
La COP se déroule dans un lieu différent chaque année. Cette année, la 30e conférence se tient à Belém, au Brésil.
Pourquoi la conférence de cette année est-elle si importante ?
Chaque réunion de la COP est importante, mais cette année les enjeux sont plus élevés que jamais.
À de précédentes réunions de la COP, les dirigeant·e·s ont mis l’accent sur un objectif commun visant à garder l’augmentation des températures moyennes mondiales en dessous de 1,5 °C par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle. Il a cependant été confirmé que le monde a franchi ce seuil en 2024. Du fait de facteurs géographiques, entre autres, certaines zones du monde se réchauffent à un rythme encore plus rapide.
Selon les expert·e·s scientifiques du climat, le monde se dirige vers une augmentation de 2,8 °C au-dessus des niveaux préindustriels d’ici à 2100. Cela aura des conséquences catastrophiques pour des milliards de personnes et d’écosystèmes.
Si la crise climatique s’aggrave rapidement, de nombreux gouvernements influents ont fait preuve d’obstination au sujet des combustibles fossiles au cours de l’année écoulée. Par exemple, une initiative visant à faire adopter une législation cruciale en faveur de la durabilité dans l’Union européenne est menacée. D’autres gouvernements, tels que celui du Canada, ont assoupli la réglementation en matière d’extraction et de traitement des combustibles fossiles. Les États-Unis font pression sur d’autres pays afin que ceux-ci ralentissent leur action climatique et achètent des combustibles fossiles américains.
Les gouvernements doivent atténuer la crise climatique en supprimant au plus vite les émissions liées aux combustibles fossiles. C’est maintenant qu’il faut agir.
Coup de projecteur sur le Brésil
La conférence de cette année fournira aussi une occasion de mettre en lumière les effets dévastateurs du changement climatique et de l’extraction d’énergies fossiles au Brésil.
Le gouvernement brésilien étend l’extraction de combustibles fossiles à travers le pays. Le 20 octobre, l’agence environnementale du Brésil a accordé à la compagnie pétrolière publique Petrobras une licence de forage à l’embouchure de l’Amazone. Cela aura de graves conséquences négatives sur le climat, ainsi que sur l’environnement local. Cette décision représente une menace directe pour les sources d’eau locales, les sols et l’équilibre écologique de cette région. Cette extraction pétrolière affecterait par ailleurs gravement les communautés traditionnelles et peuples autochtones vivant dans la région, comme les peuples karipuna, palikur-arukwayene, galibi marworno et galibi kali’na, qui n’ont pas du tout été consultés au sujet du projet.
Alors que le pays se prépare à accueillir la COP30 à Belém cette année, les efforts déployés pour accélérer l’attribution de permis à des projets liés aux combustibles fossiles dans l’embouchure de l’Amazone révèlent une contradiction manifeste entre les agissements du gouvernement brésilien sur le territoire national et son désir d’être un leader mondial de l’action climatique.
En quoi le changement climatique est-il une affaire de droits humains ?
Chacun·e a le droit de vivre dans un environnement propre, sain et durable. Alors que la crise climatique s’intensifie, ce droit, comme d’autres, est de plus en plus menacé.
Le changement climatique cause par exemple des catastrophes telles que des sécheresses prolongées, qui endommagent les récoltes et entraînent des pénuries alimentaires et une hausse du coût de la nourriture. Après des décennies de déclin constant, on assiste à une recrudescence de la faim dans le monde. Ces pénuries avivent les rivalités face aux ressources et peuvent provoquer des déplacements, des migrations et des conflits, entraînant alors d’autres atteintes aux droits humains.
Tout le monde est affecté par le réchauffement climatique, partout sur la planète. Le réchauffement exacerbe la pollution de l’air, elle-même souvent causée par la combustion de carburants fossiles ou des feux de forêt. Des insectes porteurs de maladies se répandent dans de nouvelles régions. Les chaleurs extrêmes provoquent des décès parmi ceux qui travaillent en extérieur et augmentent les taux de mortalité dans les maisons de retraite et les centres de soins. Des crues dévastatrices consécutives à des orages plus intenses ont également un impact sur les droits à la santé, à la vie et au logement.
Les dommages causés par l’extraction, le traitement et le transport des combustibles fossiles sont disproportionnés dans les « zones sacrifiées » où des personnes et des groupes souvent déjà marginalisés sont soumis à une pollution nocive. Faute d’investissements dans ce domaine, les infrastructures publiques ne sont guère équipées pour surmonter des phénomènes météorologiques extrêmes.
L’action pour le climat s’appuie sur le pouvoir citoyen, et pourtant les gouvernements et l’industrie des combustibles fossiles collaborent souvent afin d’ériger en infraction les actions de protestation, et s’abstiennent d’agir quand des défenseur·e·s des droits humains sont visés par des actes d’intimidation et des menaces. Les attaques contre nos droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique entravent fortement la capacité des militant·e·s à demander que leurs gouvernements agissent afin de prévenir la pollution causée par les combustibles fossiles, ainsi que les dommages liés au climat.
Que sont les populations « en première ligne » et les populations « attenantes » ?
Les populations « en première ligne » sont les personnes qui sont les plus durement touchées par la crise du climat et ses impacts indirects. Certaines des zones concernées sont plus susceptibles de connaître des changements à évolution rapide ou lente qui sont causés par le changement climatique. Dans de nombreux cas, les personnes vivant dans ces zones sont déjà marginalisées et font l’expérience de discriminations croisées – culturelle, économique, sociale et raciale.
Les populations « attenantes » sont composées de personnes vivant près d’infrastructures industrielles extrayant, transformant et brûlant des combustibles fossiles. Ces personnes souvent déjà marginalisées et racisées font l’expérience directe des impacts adverses de la pollution et de la dégradation de l’environnement causées par les industries extractives, et vivent dans des zones « sacrifées » aux impacts de la pollution. Il s’agit d’une forme de racisme environnemental, qui sacrifie les droits et le bien-être de certaines personnes sur l’autel du profit.
Coup de projecteur sur le Pakistan
Le Pakistan est responsable de moins de 1 % des émissions mondiales, mais sa population, et en particulier les très jeunes enfants et les personnes âgées, subit certains des préjudices les plus graves dus au changement climatique. Le Pakistan demeure l’un des pays les plus exposés aux catastrophes climatiques.
En 2022, le Pakistan a connu des vagues de chaleur record, avec des températures atteignant 50 °C sur une grande partie du territoire. Ces températures supérieures à la moyenne ont entraîné des pluies plus intenses durant la saison de la mousson. Dans certaines zones du pays, les précipitations mesurées ont représenté plus de 700 % du niveau mensuel moyen. Le fleuve Indus, qui traverse le pays de part en part, est sorti de son lit, inondant des zones habitées. En 2024, la population pakistanaise a encore été confrontée aux mêmes conditions de chaleur et de précipitations excessives.
De tels phénomènes illustrent la grande vulnérabilité climatique du Pakistan, ainsi que l’importance des préparatifs en matière d’aide aux communautés et aux populations les plus en danger. D’autres pays, en particulier des pays à revenu élevé ayant émis le plus de gaz à effet de serre, n’ont pas pris de mesures suffisantes pour aider le Pakistan à réagir face au changement climatique. Le Pakistan a besoin d’environ 16 milliards de dollars pour se relever des pertes et préjudices causés par les inondations de 2022. La quasi-totalité des fonds que le Pakistan a reçus a pris la forme de prêts aux intérêts élevés, mais il n’est pas raisonnable d’attendre du Pakistan qu’il génère des retours sur des investissements d’adaptation, notamment pour des infrastructures résilientes face au climat, en matière de santé, d’éducation et de transport public. La situation du Pakistan n’est pas un cas isolé, mais est caractéristique des pays à faible revenu ayant le moins contribué au changement climatique et étant le plus durement touchés par celui-ci.
Sur quels sujets les participants à la COP doivent-ils trouver un terrain d’entente cette année afin de limiter le réchauffement de la planète et protéger les droits humains ?
Avec suffisamment d’ambition, les parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) peuvent accomplir beaucoup de choses pour faire progresser la justice climatique. Les gouvernements peuvent et doivent en faire davantage pour mettre un terme à l’expansion de l’industrie des combustibles fossiles, qui est incompatible avec les obligations des États en matière de droits humains, et avec l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à moins de 1,5 °C.
Les États et autres parties doivent également soumettre de toute urgence leur propre plan national pour le climat. Ces plans devaient initialement être remis en février 2025, mais même à la fin octobre 2025, seuls 61 pays en avaient soumis un. Ces plans doivent être construits autour de la protection des droits humains. Cela signifie qu’ils doivent inclure des engagements, objectifs et calendrier spécifiques.
- Abandonner les énergies fossiles – s’engager en faveur d’un plan complet, rapide, juste et financé afin de cesser de produire et d’utiliser des combustibles fossiles tels que le charbon, le gaz et le pétrole.
- Protéger l’espace civique – amplifier la voix de militant·e·s et de défenseur·e·s des droits humains et du droit à la terre dans le cadre du mouvement en faveur de l’action climatique, les protéger contre les actes d’intimidation, le harcèlement et les poursuites judiciaires dont ils sont trop souvent la cible.
- Augmenter massivement les financements climatiques non générateurs de dette, de la part de pays à revenu élevé responsables d’une forte pollution – permettant ainsi à des pays à faible revenu d’abandonner les combustibles fossiles et de protéger leur population contre les inévitables préjudices que cause déjà le changement climatique.
Abandon progressif des combustibles fossiles
Pour protéger les droits humains et notre futur, nous avons besoin de renoncer au charbon, au pétrole et au gaz de manière complète, rapide et équitable, ce qui suppose des financements suffisants. Cela n’arrivera que si nous supprimons les milliards de dollars de subventions aux combustibles fossiles qui maintiennent cette industrie meurtrière en vie. C’est seulement alors que nous pourrons limiter les pires impacts du changement climatique et veiller à ce que les droits de tous et toutes soient protégés.
Nous savons que les humains sont la principale cause des gaz à effet de serre, par le biais de la combustion de carburants fossiles qui se concentrent dans notre atmosphère. Ces gaz emprisonnent la chaleur du soleil, engendrant une hausse à long terme de la température moyenne de la planète, ce qui bouleverse les conditions météorologiques, ainsi que la montée du niveau de la mer, qui rayera de la carte de petits états insulaires et un grand nombre de terres à basse altitude.
Il existe de nombreuses solutions de remplacement aux combustibles fossiles, comme les énergies éolienne et solaire, qui nous permettront de réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. La transition énergétique doit être nourrie par le besoin de défendre les droits humains, ce qui signifie que les matériaux et infrastructures requis doivent être produits et conçus d’une manière qui soit respectueuse de ces droits.
Protection de l’espace civique
Les organisations de la société civile, les enfants et les jeunes, les personnes âgées, les femmes, les personnes en situation de handicap, et les peuples autochtones ont un rôle important à jouer afin de réclamer des résultats ambitieux à l’issue de la COP. Des obstacles continuent cependant à freiner l’accès et l’inclusion aux négociations de la CCNUCC. Cela est particulièrement préoccupant dans un contexte où l’espace civique se réduit, dans des pays du monde entier. La COP devrait être un lieu où les groupes concernés sont en mesure de s’exprimer et d’être entendus.
On constate dans le monde une intensification de la répression visant les militant·e·s écologistes, les défenseur·e·s de la terre et de l’environnement, les journalistes et les autres voix critiques face à l’inaction climatique des gouvernements. De nombreux défenseur·e·s sont victimes d’atteintes aux droits humains, notamment de mesures d’intimidation, voient leurs droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion pacifiques réprimés, et subissent des disparitions forcées, des campagnes de criminalisation et de diffamation, des arrestations et détentions arbitraires, entre autres.
Ces dernières années, nous avons constaté une tendance inquiétante à la répression autour des COP, notamment des mesures draconiennes contre la société civile en Azerbaïdjan en 2024, et des craintes concernant une surveillance numérique illégale contre certains participant·e·s à Dubaï en 2023.
Pour lutter contre cette situation, les États doivent reconnaître publiquement l’importance du travail des défenseur·e·s des droits humains environnementaux. Des efforts doivent aussi être faits pour éviter les représailles à l’encontre des personnes participant à la conférence.
Financements équitables pour le climat
À la COP29, l’an dernier, les États et autres parties ont convenu d’un objectif annuel de 300 milliards de dollars pour le financement climatique à l’horizon 2035, dans le but d’aider les pays à faible revenu à répondre et à s’adapter aux effets du changement climatique. Cette somme représente moins d’un quart du montant minimum demandé par de nombreux pays à faible revenu et militant·e·s, et un grand nombre de gouvernements n’ont pas tenu cet engagement. Outre ces 300 milliards de dollars, ils se sont également accordés sur la « mobilisation » de 1 300 milliards de dollars. Cet objectif inclut des financements privés, qui peuvent entraîner des dettes pour les bénéficiaires.
Les pays riches continuent à se soustraire à leurs obligations de fournir un financement climatique. Il existe pourtant de nombreuses manières de réunir des sommes supplémentaires. Par exemple, l’imposition de taxes sur les entreprises exploitant les énergies fossiles, sur le principe du « pollueur-payeur », pourrait permettre de recueillir 941 milliards de dollars. Rediriger les subventions aux combustibles fossiles (soutien des contribuables à l’industrie de l’exploitation des énergies fossiles) permettrait de dégager 1 300 milliards de dollars.
La COP30 doit aboutir à un plan et un calendrier clairs pour concrétiser les objectifs fixés l’an dernier et accroître les financements prenant la forme de subventions. Les pays à revenu élevé doivent par ailleurs contribuer bien davantage au Fonds pour les pertes et les préjudices, qui reste cruellement sous-doté.
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