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Nigeria. Des milliers de morts et des centaines de personnes disparues en deux ans dans la région du sud-est
- 1 844 personnes tuées entre janvier 2021 et juin 2023
- Plus de 400 personnes tuées par des hommes armés dans l’État d’Imo entre 2019 et 2021
- Des centaines d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées
Les autorités nigérianes ne parviennent pas à résoudre la crise sécuritaire dans la région du sud-est du pays, où règne impunité et loi du plus fort, et où de nombreux acteurs étatiques et non étatiques se livrent à de graves violations des droits humains et ont tué au moins 1 844 personnes entre janvier 2021 et juin 2023, a déclaré Amnesty International le 13 août 2025.
Son rapport, intitulé A Decade of Impunity: Attacks and Unlawful Killings in Southeast Nigeria, fait état d’homicides illégaux, d’actes de torture et de mauvais traitements, de disparitions forcées, d’arrestations arbitraires et de déplacements de population perpétrés par des assaillants armés semant la terreur, des groupes paramilitaires soutenus par l’État, des groupes d’autodéfense, des bandes criminelles et des cults (regroupant sociétés secrètes traditionnelles, milices ethniques et confraternités étudiantes) dans la région du sud-est, entre janvier 2021 et décembre 2024.
« La répression brutale des manifestations pro-Biafra par les autorités nigérianes à partir d’août 2015 a plongé la région du sud-est dans un cycle répété d’effusions de sang, créant un climat de peur et fragilisant de nombreuses communautés. Les assassinats de personnalités et les attaques contre les autoroutes, les forces de sécurité et les infrastructures illustrent la très forte insécurité qui règne dans la région, a déclaré Isa Sanusi, directeur d’Amnesty International Nigeria.
« Le gouvernement doit cesser de fermer les yeux sur les homicides illégaux, les arrestations et détentions arbitraires, la torture, les disparitions forcées et les destructions de biens dans la région du sud-est. Il doit respecter ses obligations constitutionnelles et internationales en matière de droits humains, et faire en sorte que tous les responsables présumés, quels qu’ils soient, soient traduits en justice dans le cadre de procès équitables et que les victimes et leurs familles aient accès à la justice et à des voies de recours utiles. »
Ce rapport s’appuie sur des entretiens réalisés avec 100 personnes, dont des victimes, des proches de victimes, des membres de la société civile, des avocat·e·s, des chefs traditionnels et des chefs religieux. Amnesty International a également mené des missions de recherche à Owerri dans l’État d’Imo, à Asaba dans l’État du Delta, à Obosi dans l’État d’Anambra et à Enugu dans l’État d’Enugu, entre avril et novembre 2023.
Des attaques violentes imputables à des « hommes armés non identifiés »
Entre janvier 2019 et décembre 2021, des hommes armés ont tué plus de 400 personnes dans l’État d’Imo. Bien souvent, ils sortaient de leurs camps sans masque pour attaquer les habitant·e·s, les postes de police et les locaux des milices. Ces raids ont déclenché des représailles, faisant des milliers de morts et de blessés parmi la population.
D’après les témoignages des victimes, ces hommes armés surgissent lors des cérémonies funéraires et des mariages et exigent de l’argent des communautés. Tous ceux qui résistent risquent d’être violemment attaqués pendant la nuit ou de voir leurs maisons incendiées.
Ebulie, qui a survécu à une attaque menée par des hommes armés à Ihiala, a déclaré à Amnesty International : « Les » assaillants inconnus » sont armés ; certains de fusils, de coutelas et de machettes. S’ils viennent pour attaquer, ils tueront quiconque leur barre le passage. La situation est terrible, les gens ont peur… »
Les autorités nigérianes continuent de rendre le mouvement pro-Biafra des Peuples indigènes du Biafra (IPOB) et sa branche armée, le Réseau de sécurité de l’Est (ESN), responsables de la plupart des attaques meurtrières dans la région. Or, l’IPOB et l’ESN nient toute implication dans les agissements de ces « hommes armés non identifiés » et leurs camps.
L’IPOB et l’ESN ont lancé le 9 août 2021 un ordre de confinement dans toute la région du sud-est, et ceux qui n’ont pas obéi ont subi des violations des droits humains : des habitant·e·s ont été battus, voire tués. Des écoles ont été fermées et des examens perturbés, empêchant les enfants d’aller à l’école. La fermeture des marchés a de lourdes conséquences économiques pour les populations des États d’Abia, d’Anambra, d’Ebonyi, d’Enugu et d’Imo.
Climat de peur et vie quotidienne perturbée
L’insécurité dans le sud-est du Nigéria porte atteinte aux droits des populations, notamment à la vie, à l’intégrité physique, à la sécurité, à la liberté et au droit de circuler librement. Nombreux sont ceux qui ne sont pas rentrés dans leur ville natale depuis plusieurs années, par peur d’être attaqués ou enlevés. La plupart des cérémonies traditionnelles de mariage et d’enterrement, qui se déroulaient habituellement dans les maisons natales des familles, ont désormais lieu ailleurs, en dehors de la région du sud-est, par peur des attaques.
Les hommes armés transforment certaines communautés en « espaces sans gouvernement » : ils renvoient les chefs traditionnels, déplacent les habitants et prennent le contrôle total de communautés, comme Agwa et Izombe dans la zone de gouvernement local d’Oguta, dans l’État d’Imo, et Lilu dans la zone de gouvernement local d’Ihiala, dans l’État d’Anambra.
Le rapport d’Amnesty International fait également état d’atteintes et d’homicides commis par divers cults (regroupant sociétés secrètes traditionnelles, milices ethniques et confraternités étudiantes), qui opèrent sans contrôle dans un contexte de trafic de drogue florissant, dans plusieurs villes de l’État d’Anambra, notamment Obosi, Awka, Onitsha, Ogidi et Umuoji.
Il révèle que la force paramilitaire Ebube Agu (« Tigres incroyables »), soutenue par les autorités et mise sur pied par les gouverneurs des États du sud-est le 11 avril 2021, est instrumentalisée dans le but d’harceler et d’intimider les opposants et les détracteurs des gouvernements étatiques. Elle se livre également à des arrestations et détentions arbitraires, des actes de torture, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées et des destructions d’habitations.
Lors des opérations militaires menées dans la région du sud-est, les forces de sécurité nigérianes, notamment l’armée et la police, ont commis homicides illégaux, arrestations et des détentions arbitraires, actes de torture, disparitions forcées et destructions de biens.
Malgré l’ampleur des atrocités commises contre la population, les victimes de ces violences n’ont toujours pas obtenu justice ni des réparations adéquates.
« On ne connaît pas précisément le bilan des victimes dans le sud-est depuis août 2015. Beaucoup sont portés disparues ou victimes de disparitions forcées. Le nombre de meurtres très médiatisés et la peur permanente d’être attaqué, où que ce soit et à tout moment, démontrent l’incapacité des autorités à protéger les vies et les biens et à garantir l’ordre public. L’impunité pour ces violations a un effet dissuasif sur la réalisation d’autres droits fondamentaux, a déclaré Isa Sanusi.
« Les autorités nigérianes doivent respecter leurs obligations constitutionnelles et internationales en matière de droits humains et respecter, protéger et garantir les droits à la vie, à l’intégrité physique, à la liberté et à la sécurité, et endiguer la vague d’insécurité qui déferle dans la région du sud-est. Elles doivent mener des enquêtes rapides, approfondies, indépendantes, impartiales, transparentes et efficaces sur toutes les allégations de violations et d’atteintes commises par des acteurs étatiques et non étatiques dans cette région. »
Complément d’information
Depuis août 2015, Amnesty International recense les violations des droits humains commises dans le sud-est du pays par des acteurs étatiques et non étatiques et des bandes criminelles, ainsi que par des groupes paramilitaires soutenus par l’État. Ce rapport s’appuie sur les recherches publiées le 24 novembre 2016, qui exposent en détail la répression brutale exercée par les forces de sécurité nigérianes contre les militants pro-Biafra. Les conclusions de ce rapport ont été communiquées aux gouverneurs des États du sud-est et aux instances de sécurité du Nigeria. Aucune réponse n’a été reçue.
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