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Iran. Les autorités dissimulent les homicides de mineur·e·s en obligeant les familles à se taire

Les arrestations arbitraires, les actes d’intimidation et de harcèlement visant des proches de mineur·e·s, abattus illégalement ou frappés à mort par les forces de sécurité dans le cadre des manifestations, révèlent la cruauté inconcevable des autorités iraniennes et leur sinistre volonté de couvrir leurs crimes, a déclaré Amnesty International le 9 décembre 2022.

Dans une recherche récente, Amnesty International a noté que les homicides illégaux de mineur·e·s imputables aux forces de sécurité iraniennes se poursuivent au même rythme, a recueilli les noms et les informations personnelles d’au moins 44 d’entre eux, et a exposé la  violence sans nom infligée aux familles.

Les autorités tuent des mineur·e·s en vue d’écraser l’esprit de résistance parmi la jeunesse du pays et de conserver à tout prix le pouvoir d’une main de fer

Heba Morayef, Amnesty International

« Les autorités condamnent les familles des victimes à une vie entière de tristesse inconsolable, mais leur infligent également une angoisse mentale extrême en imposant des restrictions cruelles aux enterrements et aux commémorations, et en les intimidant sans cesse pour les réduire au silence. Ces pratiques bafouent l’interdiction absolue des traitements ou peines cruels, inhumains et dégradants, a déclaré Heba Morayef, directrice régionale de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.

« La récente mise sur pied d’une mission d’établissement des faits de l’ONU chargée de recueillir, consolider et analyser les preuves de ces violations, adresse un message clair aux autorités iraniennes : elles ne pourront plus commettre des crimes relevant du droit international et autres graves violations des droits humains sans en craindre les conséquences. Amnesty International demande à tous les États d’exercer leur compétence universelle afin d’enquêter pénalement sur les responsables iraniens impliqués dans des attaques militarisées contre les manifestant·e·s, y compris les mineur·e·s. »

D’après les recherches d’Amnesty International, les forces de sécurité iraniennes ont abattu 34 des victimes mineures identifiées en tirant à balles réelles au niveau du cœur, de la tête ou d’autres organes vitaux. Au moins quatre d’entre elles ont été tuées par des plombs illégalement tirés à bout portant par les forces de sécurité. Cinq autres, quatre filles et un garçon, sont morts de blessures qui coïncident avec des coups mortels, et une fille a été tuée après avoir été touchée à la tête par une canette de gaz lacrymogène. Parmi les victimes mineures enregistrées figurent 39 garçons, âgés de deux à 17 ans, et cinq filles, dont trois avaient 16 ans, une 17 ans et une six ans.

Les mineur·e·s représentent 14 % de l’ensemble des décès de manifestant·e·s et de passant·e·s recensés par Amnesty International, qui excèdent 300 depuis le début des manifestations. Nos investigations sur les homicides commis par les forces de sécurité se poursuivent et le nombre de victimes, y compris de mineur·e·s, serait encore plus élevé (Pour plus d’informations sur la méthodologie employée par l’organisation, cliquez ici).

Les autorités iraniennes harcèlent et intimident régulièrement les familles des victimes mineures afin de les obliger à se taire ou à accepter les récits qui exonèrent les autorités de toute responsabilité pour la mort de leurs proches dans des déclarations écrites ou des vidéos diffusées à la télévision d’État. De tels agissements ont été relevés contre les proches d’au moins 13 victimes mineures. D’après les informations qu’Amnesty International a obtenues de sources bien informées, les forces de sécurité les soumettent à diverses formes de contrainte : arrestations et détentions arbitraires, menaces d’enterrer les corps de leurs proches dans un lieu inconnu, et menaces de tuer, violer, arrêter ou porter autrement atteinte aux parents endeuillés et à leurs autres enfants.

Le père de Koumar Daroftadeh, adolescent de 16 ans qui a succombé à des tirs de balles réelles, a déclaré le 13 novembre dans une interview accordée à Radio Farda, un média indépendant :

« Ils [les agents des services de sécurité et de renseignements] m’ont convoqué et m’ont dit que je devais dire tout ce qu’ils me dictaient… Les autorités ont tué mon fils et doivent rendre des comptes. »

Des restrictions cruelles imposées aux enterrements et aux commémorations

Des agents des services de sécurité et de renseignement ont souvent menacé de ne pas restituer les corps des victimes mineures pour les inhumer, à moins que les familles ne s’engagent, par écrit, à garder le silence et à respecter les restrictions imposées concernant les funérailles et les cérémonies commémoratives.

Dans certains cas, les corps des victimes ont été préparés pour l’inhumation sans que les familles n’en soient averties, puis leur ont été restitués, enveloppés dans un linceul, quelques minutes avant l’heure de l’enterrement, privant ainsi les familles de leur droit de laver et de préparer leurs êtres chers pour l’inhumation dans le respect de leurs traditions religieuses et culturelles.

Autres restrictions imposées : obligation d’enterrer ses proches dans des villages éloignés, interdiction d’employer le terme « martyr » et interdiction d’accrocher de grandes banderoles en hommage aux victimes ou de partager des photos et des annonces des funérailles sur les réseaux sociaux.

Les autorités nient toute responsabilité dans les homicides illégaux de mineur·e·s

Les autorités iraniennes ont nié publiquement toute responsabilité dans l’homicide d’au moins 19 mineur·e·s. Elles imputent 12 de ces décès à des attaques menées par des « terroristes engagés » ou des « personnes inconnues », trois à des suicides ou à des chutes accidentelles depuis des hauteurs, un à une overdose de drogue suicidaire ou accidentelle, un à une morsure de chien, un autre à un accident de moto et le dernier à une bousculade.

Quant aux cas de neuf autres mineur·e·s, tous membres de la minorité baloutche opprimée, les autorités remettent en cause leur mort, affirmant dans leurs rapports aux États membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qu’« il n’existe aucun certificat de décès » pour les mineur·e·s concernés dans la province du Sistan-et-Baloutchistan.

Les mineur·e·s issus de minorités persécutées sont les plus visés

Plus de 60 % des mineur·e·s tués appartenaient aux minorités baloutches et kurdes opprimées d’Iran. Ces communautés sont depuis longtemps sous le joug de la discrimination et de la persécution systémiques des autorités.

Un proche d’une jeune victime tuée illégalement dans le Sistan-et-Baloutchistan a déclaré :

« Elles [les autorités iraniennes] ne faisaient aucunement attention à nous. Elles ne nous considèrent pas [les Baloutches] comme des êtres humains. De nombreux témoins ont assisté [aux homicides], mais leurs récits n’ont aucune valeur contre la République islamique, parce que les autorités ne les prennent pas en compte. »

Sur les 44 victimes mineures recensées, 18 (soit 40 %) appartenaient à la minorité baloutche opprimée en Iran. Treize d’entre elles ont été tuées par les forces de sécurité le 30 septembre à Zahedan, dans la province du Sistan-et-Baloutchistan, au cours de la journée la plus meurtrière de la répression menée contre les manifestations, que les Iraniennes et les Iraniens ont baptisée « Vendredi sanglant ».

Dix des victimes mineures, soit 20 %, appartenaient à la minorité kurde et ont été tuées dans huit villes ou localités de provinces majoritairement peuplées de Kurdes : le Kurdistan, le Kermanchah et l’Azerbaïdjan occidental.

Les 16 dernières victimes mineures ont été tuées dans six autres provinces d’Iran.

« Les autorités tuent des mineur·e·s en vue d’écraser l’esprit de résistance parmi la jeunesse du pays et de conserver à tout prix le pouvoir d’une main de fer. Et pourtant, beaucoup continuent avec un immense courage de descendre dans les rues en quête d’un avenir où l’oppression politique et l’inégalité n’auront plus leur place », a déclaré Heba Morayef.

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