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Égypte. Des réfugié·e·s et migrant·e·s soudanais manifestant après l’assassinat d’un enfant subissent violences et arrestations

Les autorités égyptiennes doivent libérer immédiatement et sans condition tous les réfugié·e·s et migrant·e·s soudanais détenus uniquement parce qu’ils ont manifesté de manière pacifique après l’assassinat et la mutilation d’un enfant soudanais au Caire, le 29 octobre, et doivent dûment enquêter sur les mauvais traitements et les coups infligés aux manifestant·e·s par les forces de sécurité, a déclaré Amnesty International le 4 novembre 2020.

Les forces de sécurité égyptiennes ont dispersé deux manifestations pacifiques à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau, et procédé à l’arrestation arbitraire de dizaines de réfugié·e·s et migrant·e·s soudanais. Les manifestant·e·s ont reçu des coups de matraques et ont subi des insultes raciales et xénophobes et d’autres formes de mauvais traitements. Au moins 10 personnes sont actuellement incarcérées et le procureur doit décider aujourd’hui de les libérer ou de prolonger leur détention.

En apprenant que Mohamed Hassan, jeune Soudanais âgé de 12 ans, avait été assassiné par un Égyptien le 29 octobre, des dizaines de membres de la communauté soudanaise se sont rassemblés devant Masaken Othman, là où vivait la victime, tandis que d’autres ont manifesté devant le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), dans la Ville du 6 Octobre, un quartier situé dans la partie ouest du Grand Caire, où vivent de nombreux réfugié·e·s et migrant·e·s. Les manifestant·e·s ont également exprimé leur colère face à la violence et à la discrimination qu’ils endurent en Égypte, et face à l’absence de protection de la part de l’État.

« Rien ne saurait justifier la répression violente exercée par les forces de sécurité égyptiennes contre des réfugiés et migrants soudanais descendus dans la rue pour réclamer justice pour le meurtre d’un enfant. La manière dont les forces de sécurité se déchaînent contre des personnes exerçant leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique est ignoble et il faut y mettre un terme sans plus attendre, a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International.

« Les autorités doivent enquêter sur les allégations de coups, d’insultes raciales et de mauvais traitements qui seraient imputables aux forces de sécurité et amener les responsables à rendre des comptes. Elles doivent libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé sans violence leurs droits fondamentaux. »

Des manifestations pacifiques réprimées

Amnesty International s’est entretenue avec deux témoins et a examiné quatre vidéos filmées durant les manifestations. Des dizaines de personnes s’étaient rassemblées tranquillement devant le bureau du HCR et près de la maison où vivait cet enfant, à Masaken Othman. Selon les témoignages et des vidéos filmées à cet endroit, très peu de temps après, les forces de sécurité ont violemment dispersé les personnes rassemblées, tirant des grenades lacrymogènes et assénant des coups de matraques, avant d’arrêter plusieurs personnes au hasard, dont des mineurs.

Sur une vidéo vérifiée par Amnesty International, on peut voir les forces de police utiliser un canon à eau pour disperser le rassemblement pacifique devant le HCR, tandis qu’on entend une femme affirmer que la police a arrêté plusieurs personnes.

Les forces de sécurité ont transféré environ 70 personnes, des hommes et des femmes, semble-t-il à la prison centrale de Guizeh, où elles ont été frappées et ont enduré des insultes raciales et xénophobes, avant d’être relâchées le lendemain.

Les forces de sécurité ont aussi demandé à sept proches et voisins de Mohamed Hassan de se rendre au poste de la Ville du 6 Octobre afin d’identifier le corps de l’enfant. Ils ont été détenus au poste et leurs téléphones ont été confisqués. Cinq autres Soudanais du quartier ont également été amenés au poste un peu plus tard. Deux personnes ont été libérées le même jour, sans inculpation, mais les 10 autres sont toujours en garde à vue et un procureur a ordonné leur détention le 3 novembre dans l’attente d’investigations. Toutefois, leurs avocats n’ont pas encore été informés des chefs d’accusation retenus.

D’après les informations recueillies par Amnesty International, des agents ont frappé plusieurs hommes et femmes pendant leur garde à vue, tandis que des policiers en civil les ont menacés d’incarcération. La police les a interrogés pour savoir qui avait financé les manifestations, affirmant qu’il y avait forcément une organisation derrière et les ont mis en garde contre toute remise en cause de « l’État égyptien ».

Le 2 novembre, des agents en civil ont perquisitionné les domiciles et les lieux de travail d’au moins cinq militant·e·s soudanais dans le Grand Caire. Au moins trois autres ont reçu des appels téléphoniques les menaçant d’incarcération ou d’expulsion. Les mesures de répression ont contraint plusieurs militants à entrer dans la clandestinité ; ceux avec qui Amnesty International s’est entretenue ont confié craindre des représailles, expliquant qu’ils vivaient dans la peur d’être pris pour cibles par les forces de sécurité en raison de leur militantisme présumé.

À la suite des manifestations et des arrestations, le parquet a publié une déclaration le 1er novembre, annonçant la détention du tueur présumé de l’enfant dans l’attente d’investigations et rejetant toutes les allégations de violations des droits humains infligées à des réfugiés et d’autres étrangers en Égypte. Le lendemain, le ministère de l’Intérieur a déclaré que le suspect avait avoué le meurtre de Mohamed Hassan. Toute personne responsable de ce meurtre doit être traduite en justice dans le cadre d’une procédure respectant les normes internationales d’équité des procès, sans recourir à la peine de mort.

Le HCR n’a pour l’instant pas fait de commentaires sur l’usage de la force devant ses locaux ni sur l’arrestation des ressortissants soudanais, dont des demandeurs·euses d’asile.

Au moins 49 000 réfugié·e·s soudanais sont enregistrés auprès du HCR, ce qui ne représente qu’une petite partie de la population soudanaise en Égypte. Diverses enquêtes menées par des médias ont mis en lumière le racisme, la xénophobie et la violence, y compris la violence sexuelle, subis par les réfugié·e·s venus du Soudan et de pays d’Afrique subsaharienne en Égypte, sur fond de manque de protection de l’État. En 2005, les forces de sécurité égyptiennes ont tué au moins 27 manifestants soudanais devant les locaux du HCR à Mohadessin dans le Grand Caire ; aucun agent de l’État n’a eu à rendre des comptes pour ces actes.

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