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MOSCOW, RUSSIA - (ARCHIVE) : A file photo dated September 29, 2019 shows Russian opposition leader Alexei Navalny during a rally in support of political prisoners in Prospekt Sakharova Street in Moscow, Russia.  Alexei Navalny is unconscious in hospital after allegedly being poisoned according to his press secretary. Sefa Karacan / Anadolu Agency
Alexeï Navalny - ©Sefa Karacan / Anadolu Agency

Alexeï Navalny - ©Sefa Karacan / Anadolu Agency

Alexeï Navalny - ©Sefa Karacan / Anadolu Agency

Alexeï Navalny, premier opposant du Kremlin, est mort en détention

Vendredi 16 février, Alexeï Navalny est mort en détention dans la colonie pénitentiaire la plus reculée de Russie. Selon les services pénitentiaires russes, il a été victime d'un soudain malaise « après une promenade ». Les autorités maintiennent la plus grande opacité sur les circonstances de sa mort. Nous appelons à une enquête indépendante !

« Ils l'ont tué » a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International.

Fervent militant politique et anticorruption, Alexeï Navalny était l'un des principaux opposants à Vladimir Poutine. Le Kremlin cherche depuis des années à faire taire Alexeï Navalny. Sa condamnation à 19 ans de prison était uniquement motivée politiquement. En décembre 2023, il avait été déplacé dans la colonie pénitentiaire la plus reculée de Russie, au nord du cercle polaire arctique. C'est ici, isolé du monde, qu'Alexeï Navalny est mort. Il était maintenu en détention dans des conditions très difficiles. Plusieurs fois, les autorités pénitentiaires russes lui ont refusé un accès aux soins.

Les funérailles de Alexeï Navalny auront lieu le 1er mars à Moscou. Les autorités ont finalement remis le corps d'Alexeï Navlany à sa mère le 24 février, après plusieurs refus.

La mort d’Alexeï Navalny a été causée par les autorités russes. Tôt ou tard, nous connaîtrons l’entière vérité, et tous les responsables présumés doivent être traduits en justice. Mais en essayant de dissimuler les preuves de leurs crimes, les autorités russes n’infligent rien de moins qu’une souffrance supplémentaire à la famille et aux proches d’Alexeï Navalny.

Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International

Depuis la mort d’Alexeï Navalny, près de 400 personnes ont été arrêtées en Russie - selon OVD-info - pour avoir voulu lui rendre hommage. Des manifestants auraient été torturés. Il ne s’agit pas d’actes isolés, une campagne nationale vise à effacer sa mémoire. Pour rendre hommage à Alexeï Navalny, nous étions rassemblés, au Trocadéro le 22 février. Nous continuerons le combat et nous nous battrons pour que justice soit rendue. 👇

Figure de l'opposition à Vladimir Poutine

Avocat de formation, Alexeï Navalny créé en 2011 la Fondation anti-corruption (FBK). Avec ses équipes, il menait des enquêtes documentant la corruption au plus haut niveau de l'État. Pour ce travail, Alexeï Navalny et plusieurs employés de la fondation ont subi des représailles.  

C'est cette même année, en 2011, qu'il se fait connaître du grand public au moment d'importantes manifestations organisées contre des fraudes aux élections législatives. Alexeï Navalny deviendra alors de plus en plus présent sur la scène politique russe. Il se présentera à plusieurs élections : en 2013, il est candidat à la mairie de Moscou où il finira en deuxième position. En 2018, il tente de se présenter à l'élection présidentielle mais la justice russe le déclare inéligible.  Les autorités russes semblaient déjà déterminées à faire taire cette voix contestataire. 

Par le passé, Alexeï Navalny a pu tenir des propos pouvant s’apparenter à un appel à la haine. Nous tenons à rappeler que nous condamnons ces propos, susceptibles de constituer une incitation à la discrimination, à la violence ou à l’hostilité. Mais il ne doit pas y avoir de confusion : rien de ce qu’a dit Alexeï Navalny par le passé ne pouvait justifier sa détention, qui était purement motivée par des considérations politiques. 

Alexeï Navalny a été arrêté à plusieurs reprises, simplement parce qu'il appelait ou participait à des manifestations pacifiques.   

Empoisonné

En août 2020, alors qu'il rentrait d'une tournée électorale, Alexeï Navalny tombe gravement malade. Victime d'un empoisonnement, il a été emmené d'urgence dans un hôpital en Sibérie avant d'être transféré en Allemagne. Plongé dans le coma, il se réveillera un mois plus tard à Berlin, entouré par sa femme et ses enfants.  

Des experts indépendants, en Allemagne et dans plusieurs autres pays, ont diagnostiqué son empoisonnement au Novitchok, une arme chimique extrêmement dangereuse. Le militant russe avait accusé les services secrets et Vladimir Poutine d'avoir orchestré son empoisonnement. De leur côté, les autorités russes ont refusé d'ouvrir une enquête sur l'empoisonnement de Navalny.   

Retour en Russie : arrestation et prison ferme

Après cinq mois de convalescence en Allemagne, Alexeï Navalny décide de revenir en Russie en 2021 malgré les menaces d'arrestations et d'emprisonnement.   

La menace était bien réelle : le 17 janvier 2021, alors qu'il sortait à peine de l'avion en provenance de Berlin, Alexeï Navalny est arrêté par la police russe. Après avoir passé plusieurs jours en détention provisoire, la justice a finalement condamné le militant anticorruption à deux ans et huit mois de prison. La raison ? Non-respect d'un contrôle judiciaire liée à une ancienne condamnation de 2014. Une parodie, lorsque l'on sait qu'Alexeï Navalny se faisait soigner en Allemagne suite à son empoisonnement. 

Après cette arrestation, des manifestations ont gagné toute la Russie pour demander sa libération et pour protester contre la corruption au plus haut niveau du pouvoir.  

Depuis 2021, Alexeï Navalny purgeait une peine de prison, d'abord dans la colonie pénitentiaire de la localité de Pokrov, réputée comme étant l'une des prisons les plus sévères du pays. Alors que son état de santé se dégradait, les autorités pénitentiaires russes lui refusent un accès aux soins.

Condamné à 19 ans de prison

Le 4 août 2023, le tribunal de Moscou a condamné Alexeï Navalny à 19 ans d’incarcération dans une colonie pénitentiaire pour des chefs d’accusation comprenant entre autres le financement et l’incitation à l’« extrémisme » et « la réhabilitation du nazisme ». Une nouvelle condamnation qui ajoutait dix ans supplémentaires à sa peine de prison initiale. "Cette condamnation n'est rien d'autre qu'une condamnation à perpétuité." déclarait Marie Struthers, directrice du programme Europe de l'Est et Asie centrale à Amnesty International, au moment de l'annonce des 19 ans de prison d'Alexeï Navalny.

Les nouveaux chefs d’accusation étaient liés aux activités de la fondation anticorruption fondée par Alexeï Navalny, qui a été interdite par les autorités russes en 2021, et à des déclarations faites par des membres de la fondation. La fondation anticorruption était enregistrée légalement en Russie avant l’emprisonnement d’Alexeï Navalny. La désignation arbitraire de l’organisation comme « extrémiste » a fourni un motif pour les poursuites qui ont suivi contre Alexeï Navalny et ses associés pour des accusations liées à l’extrémisme.

La dissidence russe emprisonnée et empoisonnée par le Kremlin

Rendre hommage à Alexeï Navalny c’est aussi rappeler le courage des opposants, journalistes, activistes russes.

Nous pensons à Oleg Orlov, dissident russe condamné à deux ans et demi de prison le 27 février 2024. Il est le coprésident de Memorial, ONG historique russe de défense des droits humains, dissoute par la justice en 2021.

Nous pensons à Vladimir Kara Mourza, militant politique condamné à 25 ans de prison en avril 2023 pour avoir dénoncé l'invasion de l'Ukraine. Il survécu à deux tentatives d’empoisonnement en 2015 et 2017.

Nous pensons à Alexandra Skotchilenko, artiste russe de 32 ans condamnée à sept ans de prison pour avoir critiqué la guerre en Ukraine en en prison pour avoir critiqué la guerre en Ukraine en remplaçant des étiquettes de prix d'un supermarché de Saint-Pétersbroug par des étiquettes "Non à la guerre".

La dissidence russe, muselée, emprisonnée et empoisonnée par le Kremlin reste debout. Plus que jamais, nous devons la soutenir ! Le Kremlin ne pourra faire taire le courage et le combat de la dissidence russe.

Les autorités russes ont tout fait pour museler cette voix critique. Elles sont déterminées à enfermer quiconque ose dénoncer et critiquer le pouvoir.  Vendredi 16 février, Alexeï Navalny est mort, en détention. Une enquête indépendante DOIT s’ouvrir !