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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

©Ness Kerton/AFP/Getty Images

©Ness Kerton/AFP/Getty Images

Papouasie-Nouvelle-Guinée

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 155 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 2023.

Le gouvernement a présenté un projet de politique relative aux médias lui conférant des pouvoirs supplémentaires en matière de réglementation et de contrôle des journalistes et des organes de presse. Les mesures de maintien de l’ordre se sont révélées inefficaces pour réduire la violence interethnique, qui a provoqué la mort de 150 personnes et le déplacement de milliers d’autres. L’accès à des soins de santé adéquats est resté fortement limité. Un permis a été délivré pour la reprise de l’exploitation d’une mine aurifère entachée auparavant de graves atteintes aux droits humains et de dommages environnementaux, bien que l’entreprise concernée n’ait pas résolu ces problèmes de manière satisfaisante.

CONTEXTE

La Région autonome de Bougainville a continué de réclamer la mise en application du référendum de 2019 sur l’indépendance, mais le processus a été freiné par les discussions sur la réouverture de la mine de cuivre de Panguna, qui représenterait la principale source de revenus pour une Bougainville indépendante.

Le ministre des Affaires étrangères, Justin Tkatchenko, a démissionné en mai à la suite d’une vague de protestations suscitées par des remarques, considérées comme racistes, qu’il avait faites contre des personnes ayant critiqué les dépenses fastueuses que des membres de sa famille et lui-même avaient engagées lorsqu’ils avaient assisté au couronnement du roi Charles III au Royaume-Uni.

LIBERTÉ D’EXPRESSION

Le 12 février, le gouvernement a publié un projet de Politique nationale relative aux médias qui contenait des propositions de réglementation concernant les journalistes, les organes de presse et le Conseil des médias de Papouasie-Nouvelle-Guinée, jusque-là indépendant. Une première période de consultation publique d’à peine 12 jours a été prolongée après que le Conseil des médias eut demandé une consultation plus vaste sur une loi susceptible d’accroître le contrôle du gouvernement sur les médias et de porter atteinte à la liberté de la presse. Les textes législatifs d’application de cette politique controversée n’avaient pas été adoptés en fin d’année.

En juin, le gouvernement a émis une directive interdisant aux organes de presse de se rendre dans certaines parties du Parlement, mesure qui venait s’ajouter à celles prises en 2022 pour restreindre l’accès des médias aux responsables gouvernementaux.

DROIT À LA VIE

Les violences interethniques présentes de longue date, qui s’étaient intensifiées au moment des élections nationales de 2022, se sont encore accrues dans les provinces d’Enga, de Hela et des Southern Highlands. En juillet, le gouvernement de la province d’Enga a imposé un couvre-feu nocturne temporaire pour tenter d’enrayer la violence. Celle-ci a cependant provoqué un déplacement massif de population, et plus de 150 décès ont été signalés dans la province en août. Le directeur de la police nationale a émis une directive en août autorisant le recours à la force meurtrière contre toute personne portant une arme à feu, une machette ou d’autres armes dans les provinces concernées.

DROIT À LA SANTÉ

La majeure partie de la population de Papouasie-Nouvelle-Guinée était toujours privée du droit à des soins adaptés du fait du manque de moyens du système de santé. Les estimations pour 2023 faisaient apparaître que seules 72 % des personnes vivant avec le VIH recevaient des médicaments antirétroviraux, et que plus de la moitié de la population à risque, y compris les travailleuses et travailleurs du sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les personnes transgenres, ne bénéficiait pas des programmes de prévention contre le VIH.

DROIT À UN ENVIRONNEMENT SAIN

En mars, la compagnie canadienne d’exploitation minière Barrick Gold Corporation (Barrick) a présenté un projet de réouverture de la mine de cuivre et d’or de Porgera, dans la province d’Enga, et a obtenu l’autorisation du gouvernement. Avant sa fermeture en 2020, ce site des hautes terres avait été le théâtre d’une dégradation de l’environnement et de graves atteintes aux droits humains, dont des viols, des agressions sexuelles et des expulsions forcées. Les populations autochtones concernées et des organisations de la société civile ont fait valoir que les dédommagements versés par Barrick étaient insuffisants et que l’entreprise n’avait pas remédié à la contamination de l’environnement provoquée par les activités minières menées précédemment sur le site.

En avril, le directeur financier et une employée de l’Autorité chargée du développement et du changement climatique, l’agence coordonnant les politiques nationales en lien avec le changement climatique, ont été inculpés de corruption et du détournement de l’équivalent d’environ 1,3 million de dollars américains de fonds destinés à des projets d’atténuation du changement climatique.

Une enquête menée par un organe de presse australien a révélé qu’une entreprise faisant la promotion d’un programme de « crédits carbone » avait procédé à des coupes forestières illégales dans une forêt protégée de la province de Nouvelle-Irlande. L’exploitation commerciale de la forêt dans cette zone aurait été autorisée par des responsables gouvernementaux corrompus.

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