Chacun de vos dons rend possible nos enquêtes sur le terrain dans plus de 150 pays

©Ness Kerton/AFP/Getty Images
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 2024.
Les autorités ont continué de restreindre la liberté des médias et le droit à la liberté de réunion pacifique. Les violences fondées sur le genre ont perduré avec la même intensité. Les réponses des forces de l’ordre aux violences interethniques et liées aux gangs se sont révélées inefficaces. Une nouvelle loi promettait une meilleure protection de l’environnement, mais les engagements en faveur du climat étaient fragilisés par la corruption, l’exploitation forestière illégale et des projets miniers destructeurs de l’environnement.
CONTEXTE
En mai, un glissement de terrain a provoqué la mort de plus de 160 personnes dans la province montagneuse d’Enga, portant atteinte au droit à la vie et compromettant les moyens de subsistance dans une région déjà rongée par la violence. Cinq ans après le vote de la population de la Région autonome de Bougainville en faveur de l’indépendance, le Parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée n’avait toujours pas adopté de lois pour appliquer le résultat du référendum.
LIBERTÉ D'EXPRESSION ET DE RÉUNION PACIFIQUE
En janvier, dans la capitale, Port Moresby, et dans la ville côtière de Lae, des manifestations de policiers et policières à propos d’un litige sur les salaires ont dégénéré en émeutes et en pillages, qui ont entraîné la mort de 25 personnes. Selon certaines sources, une partie de ces troubles auraient été provoqués par des agent·e·s de police. Les autorités n’ont pas enquêté sur les décès.
Le gouvernement a poursuivi son projet de restreindre davantage la liberté des médias via la Politique nationale relative aux médias, qui visait à réglementer le journalisme, les organes de presse et le Conseil des médias de Papouasie-Nouvelle-Guinée, jusque-là indépendant. Ce projet de politique, présenté pour la première fois en 2023 et modifié en juillet, a été adopté en novembre.
Des journalistes et d’autres professionnel·le·s des médias ont cette année encore été la cible d’actes de harcèlement et d’intimidation. En août, les autorités ont empêché une journaliste travaillant pour le média en ligne BenarNews d’assister à une conférence de presse donnée par le président indonésien nouvellement élu, Prabowo Subianto, en raison, semble-t-il, de la couverture faite par ce média de la situation des droits humains dans la province de Papouasie, en Indonésie (voir Indonésie).
Les lois relatives à la diffamation érigeaient en infraction la liberté d’expression. En août, la Cour suprême a jugé que la Loi de lutte contre la cybercriminalité de 2016, qui prévoyait une peine de 25 ans d’emprisonnement ou une lourde amende pour les contrevenant·e·s, ne portait pas atteinte au droit constitutionnel à la liberté d’expression. La Cour avait été saisie par la journaliste Kila Aoneka Wari, inculpée de diffamation en vertu de cette loi en 2022.
Les autorités ont aussi limité les manifestations pacifiques. En juillet, la police a arrêté six hommes accusés d’avoir brûlé le drapeau national lors d’une manifestation contre l’expulsion des habitant·e·s du quartier informel de Bush Wara, à Port Moresby. Les six hommes ont été inculpés d’« usage inapproprié du drapeau national » en vertu de la Loi relative à l’identité nationale, et de rassemblement illégal au titre du Code pénal.
DROIT À LA VIE
Les violences interethniques et liées aux gangs ont perduré dans plusieurs provinces montagneuses, malgré de nouveaux couvre-feux, des restrictions du droit de circuler librement et l’autorisation de l’usage de la force létale sur toute personne portant une arme, introduits en 2024. Les poursuites pour des infractions commises dans le contexte des violences interethniques étaient rares.
Sur l’année, plus de 80 homicides liés aux violences interethniques ont été signalés dans la province d’Enga, notamment autour du site minier de Porgera. En juillet, dans la province du Sepik oriental, des violences liées aux gangs ont provoqué la mort de 26 personnes, dont 16 mineur·e·s.
VIOLENCES FONDÉES SUR LE GENRE
Selon une étude universitaire parue en juillet, les femmes et les filles accusées de sorcellerie étaient victimes d’attaques plus graves que les hommes. Les victimes de sexe féminin étaient également moins susceptibles d’obtenir justice devant les tribunaux.
DROIT À UN ENVIRONNEMENT SAIN
En février, le Parlement a adopté la Loi sur les zones protégées, qui prévoyait le classement de 30 % du territoire national en zone de conservation. Les écologistes se sont inquiétés de l’applicabilité de cette loi.
En termes de revenus économiques et de développement, le pays restait dépendant de l’extraction de combustibles fossiles et d’autres projets miniers destructeurs de l’environnement. Les engagements du gouvernement en faveur de la lutte contre le changement climatique étaient aussi compromis par l’exploitation forestière illégale.