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© Philippe Lissac/Godong/Corbis

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Bénin

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains au Bénin en 2024.

Les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ont continué de faire régulièrement l’objet de restrictions. Des personnalités de l’opposition ont été maintenues en détention arbitraire. Les conditions de détention ne respectaient pas les normes internationales relatives aux droits humains concernant le traitement des détenu·e·s. Des victimes d’expulsions forcées liées à des projets de développement touristique n’avaient toujours pas reçu d’indemnisation satisfaisante. Des personnes ont été tuées par des groupes armés aux frontières avec le Niger et le Burkina Faso.

CONTEXTE

Un nouveau code électoral, dénoncé par l’opposition, a été adopté en mars. Ce texte limitait la participation aux futures élections présidentielles, la prochaine étant prévue en 2026. Les tensions entre le Bénin et le Niger se sont accrues après le refus de celui-ci d’ouvrir ses frontières, et ce malgré la levée des sanctions imposées par la CEDEAO contre le Niger après le coup d’État de 2023. Cette mésentente a entraîné une hausse du coût de la vie au Bénin.

LIBERTÉ D'EXPRESSION

Steve Amoussou, ressortissant béninois, a été arrêté le 12 août à Lomé, au Togo, où il vivait. Il a été transféré au Bénin, où la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme l’a inculpé de « provocation directe à la rébellion, initiation et publication de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux et harcèlement par voie électronique ». Son procès, qui a débuté le 7 octobre, n’était pas terminé à la fin de l’année. Les autorités béninoises l’accusaient d’être un cybermilitant connu pour critiquer les pouvoirs publics sous le pseudonyme « Frère Hounvi ».

La direction du premier groupe de presse privé du Bénin, La Gazette du Golfe, a annoncé en février le licenciement de ses 200 employé·e·s à la suite du gel de ses comptes bancaires par les autorités. La Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) avait décidé, le 8 août 2023, de suspendre « tous les moyens de communication de masse » de ce groupe, qu’elle accusait d’« apologie de coup d’État » en raison de la publication de certains commentaires à propos de la situation au Niger.

En septembre, le président de la HAAC a menacé de suspendre les médias qui ne se conformeraient pas aux exigences des autorités concernant les informations liées au terrorisme.

LIBERTÉ DE RÉUNION PACIFIQUE

Le 26 avril, à Cotonou, les forces de sécurité ont réprimé avec une force excessive une manifestation syndicale contre le coût élevé de la vie que le préfet du département du Littoral avait interdite au motif qu’aucune « demande d’autorisation » n’avait été reçue. Plusieurs dirigeants syndicaux ont été arrêtés puis remis en liberté le jour même. Le préfet du Littoral a autorisé une manifestation similaire à Cotonou le 11 mai.

Le 30 décembre, plusieurs syndicats ont publié une déclaration dénonçant l’arrestation, la veille, d’un dirigeant syndical de Cotonou qui avait appelé les dockers à se réunir ce jour-là pour discuter de la dégradation de leurs conditions de travail. Les dockers ont annoncé qu’ils se mettaient en grève et le syndicaliste a été libéré le jour même, après avoir été présenté au procureur de la République.

ARRESTATIONS ET DÉTENTIONS ARBITRAIRES

L’opposante Reckya Madougou était toujours détenue, bien que le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire ait estimé en 2022 que sa privation de liberté était arbitraire. Déclarée coupable de « complicité d’actes terroristes » en décembre 2021, elle purgeait une peine de 20 ans de réclusion.

RECOURS EXCESSIF À LA FORCE

Le 27 novembre, le procureur de la République près le tribunal de Parakou a annoncé l’ouverture d’une enquête et le placement sous mandat de dépôt de sept fonctionnaires de police dans l’affaire concernant Samba Fayçal Ouorou Gani, retrouvé mort le 19 novembre après un contrôle policier.

DROITS DES PERSONNES DÉTENUES

Les prisonniers et prisonnières du pays étaient toujours détenus dans des cellules sales et surpeuplées, sans accès suffisant à l’eau potable ni à des traitements médicaux. Selon le directeur général de l’Administration pénitentiaire, les 11 centres de détention du Bénin accueillaient en septembre plus de 19 000 personnes, ce qui représentait environ 300 % de leur capacité. Faute de place, la plupart des détenu·e·s dormaient par terre sur le côté, sans même pouvoir se retourner. Malgré la chaleur excessive, la majorité des prisons n’étaient pas équipées de ventilateurs. Une odeur fétide régnait dans les bâtiments et les cellules en raison du manque d’installations sanitaires. Le personnel médical était insuffisant et des détenu·e·s ont indiqué que, souvent, les médicaments dont ils avaient besoin leur étaient refusés, n’étaient pas disponibles ou étaient périmés.

En août, des membres de l’Assemblée nationale ont adressé plusieurs questions écrites au gouvernement à propos des mauvaises conditions d’incarcération et de la durée excessive de la détention provisoire.

Le 9 octobre, le président a adopté un décret « portant organisation et régime intérieur des établissements pénitentiaires », qui fixait des normes sanitaires et d’hygiène élevées pour les détenu·e·s.

EXPULSIONS FORCÉES

Des personnes expulsées de force du quartier de Fiyégnon, à Cotonou, en septembre 2021, pour laisser la place à des projets de développement touristique le long de la côte, n’avaient toujours pas reçu d’indemnisation satisfaisante. Ces habitant·e·s n’avaient pas été convenablement prévenus de leur expulsion ou de la date à laquelle elle était prévue. La plupart se trouvaient chez eux quand les engins de démolition sont arrivés, et les destructions ont eu lieu sous la pluie, de nuit et au début de l’année scolaire, ce qui a eu des conséquences sur l’instruction des enfants.

EXACTIONS PERPÉTRÉES PAR DES GROUPES ARMÉS

Les 16 et 17 avril, une attaque menée par des hommes armés non identifiés contre le poste douanier de Monkassa a fait trois morts, dont un membre des forces de défense et de sécurité béninoises. Dans la nuit du 24 juillet, sept soldats et cinq gardes d’African Parks ont été tués dans le parc national du W, à la frontière avec le Niger. Les attaques de groupes armés se sont multipliées dans les zones frontalières ces dernières années. Selon les autorités, elles étaient le fait de combattants de l’État islamique et d’Al Qaïda provenant de pays voisins.

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