Exigez avec nous la justice pour toutes les victimes et la protection sans condition des populations civiles
Utilisation de phosphore blanc par l’armée israélienne pour créer un écran de fumée, observée à la frontière israélo-libanaise, dans le nord d’Israël, le 12 novembre 2023. © Evelyn Hockstein / REUTERS
Qu'est-ce que le phosphore Blanc ?
Le phosphore blanc est une arme conventionnelle à usages multiples : utilisé pour créer des écrans de fumée, marquer des cibles ou encore éclairer un champ de bataille, il est régulièrement employé dans certains contextes militaires. Pourtant, cette substance hautement incendiaire présente des dangers extrêmes, en particulier pour les civils.
Le phosphore blanc est une arme dite « conventionnelle », aux propriétés multiples qui peut être utilisé pour :
créer des écrans de fumée afin de masquer les mouvements de troupes,
marquer des cibles en vue d’une attaque,
éclairer un champ de bataille,
suivre la trajectoire d’un projectile.
Il est généralement déployé par des grenades, des roquettes ou des obus d’artillerie de divers calibres.
Un usage militaire autorisé mais strictement encadré
L’utilisation du phosphore blanc à des fins militaires n’est pas interdite par le droit international humanitaire. Cependant, elle doit être encadrée par des précautions strictes, en particulier pour éviter tout risque pour les civils.
Le phosphore blanc est une substance hautement inflammable qui s’enflamme spontanément au contact de l’air. Il ne doit jamais être utilisé dans des zones habitées, en raison de ses effets dévastateurs et incontrôlables.
Les dangers du phosphore blanc : des brûlures profondes et persistantes
Lorsqu’il entre en contact avec la peau, le phosphore blanc brûle les tissus en profondeur, jusqu’aux os, et continue à consumer la chair tant qu’il est exposé à l’oxygène.
Même enfoui dans le sol ou immergé dans l’eau, il peut rester actif. Une fois remis en contact avec l’air, il peut se rallumer spontanément, ce qui représente un risque durable pour la population, y compris après les combats.
Un danger caché dans les zones civiles
Les fragments ou résidus de phosphore blanc peuvent rester dans les décombres ou le sol. Un civil marchant dans une zone précédemment touchée peut déclencher une combustion sans le savoir. Ces résidus sont donc une menace persistante pour les habitant·es comme pour les secouristes.
Les obus contenant du phosphore blanc présentent un autre danger : une fois le phosphore éjecté, l’obus poursuit sa trajectoire et peut s’écraser dans une maison ou un bâtiment, causant des blessures ou des morts supplémentaires parmi les civils.
Des conséquences médicales dramatiques
Il est crucial que les autorités militaires rendent publiques les zones contaminées par du phosphore blanc. Ces informations sont essentielles pour que les professionnels de santé puissent reconnaître et traiter correctement les brûlures.
Des soins inadaptés faute d’information
En 2009 à Gaza, Amnesty International a documenté des cas tragiques où des personnes sont décédées faute d’un diagnostic adapté. Les médecins ne savaient pas que les brûlures avaient été causées par du phosphore blanc.
Un risque élevé de mortalité
Même lorsque les brûlures ne couvrent qu'une faible partie du corps (10 à 20 %), les chances de survie sont faibles si le phosphore blanc est en cause. La substance peut également contaminer d'autres zones du corps, voire les personnes qui tentent de soigner les blessé·e·s. Lorsqu'elle atteint les organes internes, les dégâts sont irréversibles.
Que dit le droit international ?
Une arme incendiaire, pas chimique
Le phosphore blanc n’est pas considéré comme une arme chimique. Il n’est donc pas concerné par la Convention de 1997 sur l’interdiction des armes chimiques. En revanche, il est régi par :
le Protocole III de la Convention de 1980 sur certaines armes classiques,
le droit international humanitaire, qui interdit son usage contre les civils.
Une interdiction renforcée par le droit coutumier
L’usage d’armes incendiaires contre des civils est formellement interdit. Même lorsqu’il est dirigé contre des combattants, le recours au phosphore blanc ne peut être justifié que si aucune autre arme moins destructrice n’est disponible. Son imprécision et son caractère incontrôlable le rendent incompatible avec le principe de précaution.
Une interdiction renforcée par le droit coutumier
L’usage d’armes incendiaires contre des civils est formellement interdit. Même lorsqu’il est dirigé contre des combattants, le recours au phosphore blanc ne peut être justifié que si aucune autre arme moins destructrice n’est disponible. Son imprécision et son caractère incontrôlable le rendent incompatible avec le principe de précaution.
Un usage qui peut constituer un crime de guerre
Le phosphore blanc est particulièrement susceptible de provoquer des effets non ciblés, surtout dans des zones urbaines densément peuplées. Son usage dans ce contexte peut constituer une attaque indiscriminée, en violation grave du droit international humanitaire.
Dans certains cas, cela peut être qualifié de crime de guerre.
Les cas les plus récents d’emploi de phosphore blanc à proximité ou au cœur de zones densément peuplées, pouvant être constitutifs de crime de guerre, concerne des attaques israéliennes au sud du Liban et à Gaza à l’automne 2023 et au début de l’année 2024.
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