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Demonstrators gesture and shout slogans during a protest rally against a new citizenship law, after Friday prayers in New Delhi, India, December 27, 2019. REUTERS/Danish Siddiqui -
Des personnes manifestent contre la nouvelle loi sur la citoyenneté, décembre 2019 ©REUTERS/Danish Siddiqui

Des personnes manifestent contre la nouvelle loi sur la citoyenneté, décembre 2019 ©REUTERS/Danish Siddiqui

Liberté d'expression

Inde : des arrestations pour étouffer la dissidence

Deux étudiants ont été arrêtés et inculpés après avoir participé à des manifestations ces derniers mois . Le gouvernement utilise ainsi la principale loi antiterroriste en Inde, pour réprimer quiconque critique l’État.

Le 2 avril, la police de Delhi arrête Meeran Haider, étudiant en thèse à l’Université de Jamia Millia Islamia et coordinateur médias du Comité de coordination de Jamia. Quelques jours plus tard, Safoora Zargar, étudiante en master de philosophie à la même université, est également interpellée pour avoir bloqué la route aux abords de la station de métro de Jaffrabad, en février. Tous deux sont maintenus en détention dans l’attente d’un complément d’enquête.

Les deux étudiants avaient participé à des manifestations contre la loi relative à la citoyenneté adoptée en décembre dernier. 

Des arrestations pour étouffer les critiques

Une pratique se dessine, qui consiste à utiliser la Loi relative à la prévention des activités illégales pour réprimer la dissidence en Inde. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont condamné la Loi relative à la prévention des activités illégales, la jugeant répressive et non conforme aux normes internationales relatives aux droits humains. De récents exemples indiquent que les autorités se servent abusivement de cette loi. On peut citer le cas de la photojournaliste Masrat Zehra, récemment inculpée en raison de ses posts sur les réseaux sociaux publiés depuis le Cachemire, et ceux des défenseurs des droits humains Anand Teltumbde et Gautam Navlakha, également arrêtés ce mois-ci.

Lire aussi : Des militants sont aussi injustement inculpés : les 9 de Bhima Koregao

Il est à déplorer que celles et ceux qui ont exercé leur droit de réunion pacifique contre la loi sur la citoyenneté et le Registre national des citoyens (NRC) depuis le mois de décembre dernier soient arrêtés et intimidés au moyen de diverses lois répressives. Le gouvernement indien semble faillir à son obligation de protéger les défenseur s des droits humains, ainsi que les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. La criminalisation des manifestants menace des droits et libertés durement acquis : tout le monde a à y perdre.

 A l’origine des manifestations : une loi discriminatoire

 Depuis décembre 2019, des manifestations contre les amendements à la loi sur la citoyenneté ont eu lieu dans toute l’Inde. Cette loi accorde l’éligibilité pour la citoyenneté indienne aux hindous, sikhs, parsis, chrétiens, bouddhistes et jaïns originaires d’Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan, et exclut les musulmans. Elle légitime ainsi la discrimination fondée sur des motifs religieux. 

En outre, les amendements apportés à cette loi instrumentalisent le Registre national des citoyens (NRC), le Registre national de la population (NPR) et les tribunaux pour étrangers, et poussent les minorités, musulmanes notamment, vers une situation de détention et d’apatridie. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, le Parlement européen, la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) et plusieurs sénateurs américains ont fait part de leurs vives préoccupations au sujet de la loi sur la citoyenneté.

Dès le 12 décembre, Akhil Gogoi, militant et dirigeant d’un syndicat qui a joué un rôle essentiel dans l’organisation des manifestations contre cette loi était arrêté par la police d’État en vertu de la Loi relative à la prévention des activités illégales. Le 26 mars 2020, Akhil Gogoi a été libéré sous caution.

Des dizaines de morts et des centaines de blessés

En décembre 2019 à Varanasi (Bénarès), la police a tiré sans discrimination avec des armes à feu et des armes à létalité atténuée afin de disperser des manifestants pacifiques. Un enfant de huit ans est mort écrasé le 20 décembre et plus d’une dizaine de personnes ont été blessées.

La police a aussi attaqué des étudiants manifestant sur le campus des universités Jamia Millia Islamia et Jawaharlal Nehru (JNU), à Delhi, en décembre 2019 et janvier 2020 respectivement. Des étudiants ont aussi été attaqués à l’Université Aligarh Muslim (AMU) alors qu’ils manifestaient contre la loi sur la citoyenneté en décembre 2019. Le 23 février, Kapil Mishra, dirigeant du Parti du peuple indien Bharatiya Janata (BJP), a tenu un discours provocateur et donné trois jours à la police de Delhi pour évacuer les manifestants qui bloquaient pacifiquement une portion de route à New Delhi près du métro Jaffrabad. Au cours de la semaine du 24 février, des affrontements ont éclaté. Plus de 50 personnes ont été tuées dans ces émeutes, dont un policier, et des centaines d’autres blessées.

Cependant, à ce jour, aucune plainte n’a été déposée contre des policiers pour usage d’une force excessive contre les manifestants.

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