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Personnes réfugiées et migrantes

Diana : le parcours du combattant pour trouver refuge

Train appelé « la Bête » en raison des risques encourus par les migrants qui voyagent sur ses wagons. © AFP/Getty Images

Diana* est une Hondurienne de 39 ans qui a fui son pays à cause de la violence des bandes criminelles. Elle vit au Mexique, où elle a demandé l'asile.

> A l’occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, nous publions les témoignages de femmes réfugiées. Retrouvez les témoignages d’Ada, de Maryam et de Patricia.

J'ai quitté le Honduras en 2004 car mon frère a été tué par une bande criminelle. Il était assis sur un rocher devant chez moi quand ils sont arrivés. Ils l'ont tué sous mes yeux et ceux de ma mère. J'ai porté plainte contre les membres de cette bande. Ils ont été arrêtés, mais ils n'ont pas été mis en prison et ils m'ont menacée. Les poursuites judiciaires contre les meurtriers de mon frère sont toujours en cours. Aucun d'entre eux n'est en prison, sans doute parce qu'ils ont de l'argent.

Lire aussi : Amérique centrale, l'autre crise des réfugiés

J'ai quitté le Honduras et j'ai gagné le centre du Mexique sur un train de marchandise se dirigeant vers la frontière avec les États-Unis [train appelé « la Bête » en raison des risques encourus par les migrants qui voyagent sur ses wagons].

Je suis restée au Mexique et, en 2007, je suis tombée enceinte à la suite d'un viol. L'homme qui m'a violée était trafiquant de drogue. Le propriétaire de mon logement d’alors voulait me vendre à cet homme. J'ai essayé de m'échapper mais il m'a violée. Une fois enceinte, je me suis tournée vers les services mexicains de l'immigration, qui m'ont renvoyée au Honduras.

J'ai donné naissance à mon fils là-bas. Mes amis ont dû me cacher dans une voiture pour me faire sortir de l'hôpital après l'accouchement. Je ne pouvais pas habiter chez moi car c'était trop dangereux, alors j'ai logé chez mes amis.

Au bout d'un mois, j'ai dû partir encore une fois car j'étais de nouveau menacée. J'ai été obligée de laisser mon fils à ma mère. J'ai pris le bus jusqu'à la frontière mexicaine, en passant par le Guatemala, et je suis entrée au Mexique. Je suis restée jusqu'en 2015 dans le sud du Mexique, où je travaillais dans une cuisine. Un passeur que je soupçonnais d'être lié à la bande responsable de la mort de mon frère est alors arrivé dans la région où je vivais et j'ai pris peur.

En février 2015, je suis donc remontée vers le nord du Mexique, où je connaissais quelqu'un. À cette époque, on m'a ramené mon fils du Honduras pour qu'il vive avec moi. Ensuite, j'ai essayé d'aller encore plus au nord, dans l'État de Zacatecas, mais j'ai été arrêtée par les autorités mexicaines à un poste de contrôle. Mon fils et moi avons été conduits au centre de détention pour migrants de Mexico, où nous sommes restés six mois. Là-bas, j'ai déposé une demande d'asile auprès de l'Agence mexicaine des réfugiés (COMAR).

Ma demande a été rejetée et je n'ai pas voulu faire appel car mon fils et moi aurions dû rester dans le centre de détention jusqu'à la décision finale. En septembre 2015, nous avons donc été expulsés et reconduits au Honduras, en avion cette fois.

Signer la pétition : pour les réfugiés, la France doit faire le choix de l'accueil !

Quelques mois plus tard, en mars 2016, j'ai trouvé un mot de la bande criminelle sur la porte de ma maison. Ils disaient qu'ils savaient où j'étais et qu'ils me tueraient, ainsi que toute personne qui se trouverait avec moi.

Trois jours plus tard, des voitures suspectes sont apparues devant l'appartement où je vivais avec mon amie. Un voisin m'a dit ensuite qu'un homme sous l'emprise de la drogue s'était enquis de moi et lui avait dit qu'il allait me tuer. Alors j'ai pris mes affaires et je suis retournée au Mexique.

Je voyageais avec ma sœur et une femme prénommée Raquel*, une autre Hondurienne que j'avais rencontrée dans un refuge pour migrants. Nous voulions descendre à Zacatecas (dans le centre du Mexique), mais le train allait trop vite, alors nous n'avons pas pu sauter à temps.

Quand nous avons traversé le Chiapas, dans le sud du Mexique, nous avons toutes les trois été violées. Nous marchions sur une grande route quand un garçon est venu nous prévenir de prendre un autre chemin car nous approchions d'un poste de contrôle. Nous avons suivi ses conseils mais, un peu plus loin, deux hommes armés de machettes ont fait irruption. Ils nous ont attrapées et jetées au sol, face contre terre. Ils nous ont insultées et empoignées. L'un des hommes a violé ma sœur, puis Raquel, puis moi. Il avait le visage masqué. Ils nous ont aussi volé 3 500 pesos.

Je suis arrivée dans ce refuge pour migrants du nord du Mexique en juillet. J'ai dénoncé le viol aux services du procureur spécial pour les migrants. J'ai redemandé l'asile au Mexique. Actuellement, je travaille à l'usine et mon fils est chez ma mère au Honduras.

Diana*, réfugiée Hondurienne

Les routes de l’exil aussi dangereuses que les persécutions dans le pays

Selon les estimations, chaque année plus de 400 000 migrants passent irrégulièrement la frontière sud du Mexique. La grande majorité viennent du Honduras, du Salvador et du Guatemala, une région devenue ces 10 dernières années l'une des plus dangereuses au monde à cause des bandes criminelles et du crime organisé.

La forte hausse de la violence pousse des personnes toujours plus nombreuses à fuir vers le nord pour survivre. Les femmes, les filles et les personnes LGBTI sont exposées à un risque élevé de violences liées au genre dans leur pays d'origine et dans les pays qu'elles traversent, et souffrent de plus en plus de la violence.

Comme en Europe, les réfugiés pourraient se passer de ces routes dangereuses si les pays qui ont les moyens de les accueillir acceptaient d’ouvrir plus de voies légales et sûres. Ce n’est toujours pas le cas.

* Les prénoms ont été modifiés