Russie/Azerbaïdjan. Les autorités doivent enquêter sur les violations des droits humains qui auraient été commises en représailles sur des détenu·e·s

En réaction aux informations faisant état d’arrestations massives, d’actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des dizaines de membres de la diaspora azerbaïdjanaise en Russie et de ressortissant·e·s russes en Azerbaïdjan, qui auraient entraîné le décès de deux Azéris dans la ville russe d’Ekaterinbourg, Marie Struthers, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, a déclaré :

« Les autorités de la Russie et de l’Azerbaïdjan font preuve d’un mépris total pour la dignité humaine et se moquent ouvertement de leurs obligations à l’égard des droits fondamentaux. La torture et les autres formes de mauvais traitements sont strictement interdites par le droit international et rien ne les justifie. Ces agissements ressemblent fort à des opérations de représailles de la police contre des personnes ciblées pour leur appartenance ethnique et leur nationalité.

« Le respect des garanties de procédure régulière et des droits fondamentaux des personnes détenues doit primer sur les tensions politiques entre États. Les autorités russes et azerbaïdjanaises doivent mener sans délai des enquêtes approfondies, indépendantes et impartiales sur les allégations faisant état d’homicides illégaux, d’actes de torture et d’autres mauvais traitements et traduire en justice les responsables présumés. »

Les autorités de la Russie et de l’Azerbaïdjan font preuve d’un mépris total pour la dignité humaine et se moquent ouvertement de leurs obligations à l’égard des droits fondamentaux.

Marie Struthers, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale

Complément d’information

Le 27 juin, les forces de l’ordre russes ont procédé à l’arrestation massive d’une cinquantaine de personnes azéries de nationalité russe ou azerbaïdjanaise à Ekaterinbourg, vraisemblablement en lien avec l’enquête sur un homicide commis en 2001 et d’autres crimes passés. Six d’entre elles ont été inculpées et placées en détention provisoire, les autres ont été libérées après avoir été interrogées.

Selon l’une de ces dernières, toutes les personnes arrêtées ont été soumises à des violences, notamment projetées à terre, frappées à l’aide de chaises et torturées à l’électricité pendant une heure environ. Plusieurs ont été hospitalisées et deux frères, Ziyaddin et Husseyn Safarov, sont morts en détention. Les autorités de l’Azerbaïdjan affirment que ces deux hommes, qui étaient titulaires de passeports russes, ont succombé à des actes de torture et de multiples blessures subis pendant leur détention par les autorités russes. Celles-ci ont déclaré que l’un des frères était décédé à cause d’une insuffisance cardiaque et qu’elles enquêtaient sur les causes de la mort du second. En Russie, l’insuffisance cardiaque est souvent invoquée comme cause de mort en détention dans les cas où il existe des allégations de torture et d’autres mauvais traitements.

Dans le cadre de ce qui semble être une opération de représailles, les autorités azerbaïdjanaises ont arrêté au moins huit ressortissant·e·s russes à Bakou entre le 30 juin et le 1^er juillet, en les accusant d’infractions allant de l’espionnage au trafic de stupéfiants en passant par le piratage informatique. Parmi ces personnes figurent deux journalistes, Igor Kartavykh et Evgeny Beloussov, arrêtés lors d’une descente dans les locaux de Sputnik Azerbaïdjan, un média russe d’État qui a déjà été privé d’accréditation par les autorités azerbaïdjanaises. Les autres personnes arrêtées comprenaient des spécialistes des technologies de l’information ayant quitté la Russie après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022 et au moins une personnes qui faisait, semble-t-il, du tourisme en Azerbaïdjan à ce moment-là. Sur des vidéos et des photos des arrestations diffusées par les canaux d’information des forces de l’ordre azerbaïdjanaises et des photos prises au tribunal lors d’audiences de placement en détention, on peut voir des détenus russes présentant un visage tuméfié et des blessures à la tête.

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