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Kirghizistan. La détention d’employé·e·s du média Kloop marque un durcissement de la répression contre le journalisme indépendant
En réaction aux descentes effectuées par les services de sécurité dans les locaux de Kloop Media, ainsi qu’à l’arrestation et à l’interrogatoire, par le Comité d’État pour la sécurité nationale (GKNB) à Bichkek, d’employé·e·s en poste et d’ex-employé·e·s, dont le caméraman Alexandre Alexandrov, le journaliste Abdil Aitbaï Tegin et Zhoomart Duulatov, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :
« La détention des journalistes de Kloop Media illustre une nouvelle fois la manière dont les instances sécuritaires du Kirghizistan sont utilisées pour écraser la dissidence et démanteler le journalisme indépendant. Il est clair que ces mesures visent à intimider les voix critiques.
« Détenir des journalistes pour leur travail, leur refuser la possibilité de consulter un avocat et procéder à des perquisitions sans mandat à leur domicile : il s’agit de violations des obligations légales du Kirghizistan et des normes internationales relatives aux droits humains. Ces arrestations s’inscrivent dans le cadre d’une campagne de harcèlement plus vaste et plus intense contre les médias qui osent dénoncer la corruption et les abus de pouvoir.
Détenir des journalistes pour leur travail, leur refuser la possibilité de consulter un avocat et procéder à des perquisitions sans mandat à leur domicile : il s’agit de violations des obligations légales du Kirghizistan et des normes internationales relatives aux droits humains
Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International
« Les autorités kirghizes doivent libérer sans délai Alexandre Alexandrov, Zhoomart Duulatov et Abdil Aitbaï Tegin, et cesser de persécuter Kloop Media et les médias et journalistes indépendants. »
Complément d’information
Les 28 et 29 mai, des agents du Comité d’État pour la sécurité nationale (GKNB) ont mené des raids coordonnés à Bichkek et à Och, visant des employés anciens ou en poste de Kloop Media, média indépendant connu pour son journalisme d’investigation et ses reportages dénonçant la corruption. Au moins huit personnes ont été embarquées pour être interrogées, dont les journalistes Aidaï Erkebaïeva, Ziiagul Bolot-kizi, Alexandre Alexandrov et Abdil Aitbaï Tegin, ainsi que les anciens membres de la rédaction Zara Sidigalieva et Zhoomart Duulatov.
Selon leur avocat, les détenus n’ont pas pu le contacter pendant plus de six heures. Alexandre Alexandrov et Zhoomart Duulatov sont restés en garde à vue pendant 48 heures, accusés semble-t-il d’« appel à des troubles de masse » et de liens présumés avec des « activités antiétatiques » ; cependant, aucune accusation officielle n’a été divulguée.
En février 2024, un tribunal de Bichkek a ordonné la liquidation de la Kloop Media Foundation, au motif que ses reportages « sapent la confiance dans les institutions gouvernementales ». Depuis lors, ce média est bloqué au Kirghizistan, mais continue de publier. En janvier de la même année, 11 journalistes associés au projet médiatique Temirov Live, un autre média indépendant, ont été arrêtés, et deux d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison allant jusqu’à six ans en raison de leurs reportages.
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