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©Francisco Leong/AFP/Getty Images

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Sierra Leone

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Sierra Leone en 2024.

Les droits des femmes et des filles n’étaient toujours pas respectés, même si une loi interdisant le mariage précoce a été adoptée. Au moins un journaliste aurait subi des violences policières, et un membre de l’opposition a été victime de disparition forcée. Les droits à la liberté de réunion pacifique et d’expression étaient toujours menacés. La consommation croissante de stupéfiants et le manque de chirurgien·ne·s compromettaient le droit à la santé. L’exploitation minière et forestière illégale a cette année encore contribué à la déforestation. Le gouvernement a signé un accord international visant à lutter contre la surpêche.

CONTEXTE

Soupçonné d’avoir participé à une tentative de coup d’État en novembre 2023, l’ancien président Ernest Bai Koroma a été inculpé en janvier de trahison et d’autres infractions. En août, un tribunal militaire a condamné 24 soldats à des peines de réclusion allant de 50 à 120 ans pour des faits liés à cette tentative de coup d’État.

En juillet, la Commission tripartite créée à la suite de la dernière élection présidentielle a présenté au président son rapport final, assorti de recommandations pour améliorer le système électoral.

Le président a promulgué le Code de procédure pénale de 2024, qui a remplacé celui de 1965. Des militant·e·s ont déploré que ce nouveau texte ne prévoie plus la présence d’un jury dans les procès pénaux.

DROITS DES FEMMES ET DES FILLES

Les mutilations génitales féminines demeuraient courantes et légales. Selon une enquête nationale démographique et sanitaire réalisée en 2019, 83 % des femmes et des adolescentes de 15 à 49 ans et au moins une fille de moins de 15 ans sur 10 avaient subi de telles mutilations. Trois filles âgées respectivement de 12, 13 et 17 ans sont décédées en janvier après avoir été soumises à des mutilations génitales lors de cérémonies d’initiation dans la province du Nord-Ouest.

Dans un rapport sur les violences liées au genre publié en mars, l’ONG Rainbo Initiative a révélé que 92,7 % des 2 763 cas qu’elle avait recensés en 2023 étaient des agressions sexuelles et que 78 de ces affaires avaient débouché sur une condamnation.

En juillet, le président a promulgué la Loi de 2024 sur l’interdiction du mariage des enfants, qui prohibait l’union de personnes de moins de 18 ans, pratique courante et ancienne dans le pays. Cette loi prévoyait des sanctions allant d’une amende plancher de 50 000 leones (environ 2 198 dollars des États-Unis) à 15 ans de prison, ou une association des deux. Elle visait notamment les adultes mariés ou vivant en concubinage avec un·e mineur·e et les complices de mariages d’enfants. Elle permettait aussi aux personnes qui avaient été mariées alors qu’elles étaient encore mineures de demander l’annulation de leur union et d’être indemnisées.

DISCRIMINATION

En novembre, la Cour de justice de la CEDEAO a jugé que la législation sierra-léonaise sur le vagabondage violait les droits à l’égalité et à la non-discrimination, ainsi que le droit de circuler librement. Elle permettait en effet à la police d’arrêter des personnes sur la base d’évaluations subjectives, ce qui avait des répercussions disproportionnées sur les personnes marginalisées, notamment les travailleuses du sexe et les personnes vivant dans la pauvreté.

DISPARITIONS FORCÉES

L’opposant politique Abubakar Boxx Konteh a été victime d’une disparition forcée qui a duré près de trois semaines. Soupçonné de participation à la tentative de coup d’État de 2023 et de trafic de drogue, il avait été arrêté le 23 mars en Guinée, dans le cadre d’une opération menée en collaboration avec les autorités sierra-léonaises. Il a par la suite été libéré sous caution.

RECOURS EXCESSIF À LA FORCE

En juin, l’Association des journalistes de Sierra Leone (SLAJ) a dénoncé les violences subies par le journaliste Munya Bawoh au poste de police de Kenema. Les agent·e·s lui reprochaient d’avoir tenté de filmer une altercation qu’ils avaient eue avec un groupe de personnes malvoyantes. Munya Bawoh a déclaré avoir été frappé et détenu pendant environ deux heures.

LIBERTÉ D9EXPRESSION ET DE RÉUNION PACIFIQUE

En mars, l’ONG Campaign for Human Rights and Development International a condamné publiquement les restrictions du droit à la liberté de réunion pacifique imposées par l’État. Cette condamnation faisait suite au refus des autorités d’autoriser la tenue d’une manifestation contre la décision du ministère de l’Enseignement supérieur et technique de dissoudre le Conseil d’administration de l’Université de Sierra Leone.

En septembre, Reporters sans frontières a dénoncé l’impunité dont jouissaient des personnalités politiques et d’autres personnes soupçonnées d’avoir harcelé en ligne Chernoh Alpha M. Bah, militant anticorruption et journaliste d’investigation.

DROIT À LA SANTÉ

Le pays connaissait une pénurie de médecins et comptait seulement 30 chirurgien·ne·s qualifiés, en raison notamment du manque de formation et des rémunérations insuffisantes, selon le médecin-chef adjoint du ministère de la Santé.

L’augmentation de la consommation de kush, une drogue de synthèse bon marché composée de substances psychoactives addictives, continuait d’avoir des effets dévastateurs sur la santé d’un grand nombre de jeunes. Cette situation a conduit le président à qualifier ce fléau d’urgence nationale en avril, et à annoncer la création d’un groupe de travail national intersectoriel pour enrayer la crise.

Le gouvernement a lancé en mai un programme de vaccination contre la poliomyélite visant à immuniser gratuitement 1,5 million d’enfants de moins de cinq ans. En décembre, il a mis en place un programme de vaccination contre Ebola destiné à 20 000 travailleuses et travailleurs de première ligne.

DROIT À UN ENVIRONNEMENT SAIN

Le rapport de l’analyse commune de pays sur la Sierra Leone publié en mai par les Nations unies a révélé qu’au moins 43 % de la population était exposée à une dégradation des sols en 2023, en particulier dans les zones rurales, où plus de 60 % des habitant·e·s vivaient de l’agriculture. La déforestation, due en partie à la pratique de la culture sur brûlis, était la principale cause de cette dégradation.

L’exploitation minière et forestière illégale a cette année encore contribué à une forte déforestation. Selon l’Indice de performance environnementale, la Sierra Leone était l’un des pays du monde où le taux de déforestation était le plus élevé. Deux articles publiés en juillet et en août ont fait état des difficultés rencontrées par les gardes forestiers chargés de surveiller la forêt de Kambui. Avec seulement 62 gardes pour environ 14 000 hectares, leurs effectifs étaient trop limités, et ils n’étaient pas assez protégés face aux personnes souvent armées qui exploitaient illégalement les ressources forestières et minières. Un article a également souligné que la lutte contre la déforestation était entravée par l’absence de mesures pour faire appliquer la loi, par le manque d’implication de la population et par la mauvaise coordination des pouvoirs publics.

En juillet, l’État a adhéré officiellement à l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce sur les subventions à la pêche, un accord intergouvernemental visant à éviter les subventions préjudiciables contribuant à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée et à l’épuisement des stocks de poisson.

Toujours en juillet, la Banque mondiale a indiqué dans un rapport que la Sierra Leone faisait partie des pays les plus exposés aux conséquences du changement climatique, notamment aux sécheresses, aux incendies, aux chaleurs extrêmes et aux inondations.

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