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©AP/Press Association Images
Namibie
Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Namibie en 2024.
Environ 40 % de la population ont subi un niveau d’insécurité alimentaire élevé. L’accès à des moyens de contraception et à une éducation sexuelle était insuffisant. La dépénalisation de l’avortement sous certaines conditions a bénéficié d’un important soutien de la part du grand public. Un tribunal a statué en faveur de la dépénalisation des relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe. Les violences fondées sur le genre étaient très répandues. Des peuples autochtones ont cherché à négocier la restitution de leurs terres.
CONTEXTE
Selon une enquête d’Afrobaromètre du mois de juillet, près de deux tiers des Namibiens et Namibiennes pensaient que la corruption avait augmenté.
Netumbo Nandi-Ndaitwah a été élue présidente de la Namibie en novembre, devenant la première femme à occuper ce poste. Des partis d’opposition ont déclaré que les élections générales avaient été entachées d’irrégularités.
Au mois de décembre, des inondations causées par des pluies torrentielles ont entraîné des déplacements de populations dans certaines zones.
DROIT À L'ALIMENTATION
Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence en mai, après que le pays a subi sa pire sécheresse en 100 ans, aggravée par les effets du phénomène El Niño. D’après des données du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, 40 % de la population environ ont connu un degré élevé d’insécurité alimentaire entre juillet et septembre, avec des niveaux de malnutrition alarmants. Dix-sept pour cent des enfants de moins de cinq ans présentaient un retard de croissance et 48 % étaient anémiés.
DROITS SEXUELS ET REPRODUCTIFS
D’après un rapport d’Afrobaromètre du mois de juin, la plupart des Namibiens et Namibiennes étaient fortement favorables à l’amélioration de l’accès à des moyens de contraception et à une éducation complète à la sexualité, mais les opinions sur l’avortement restaient partagées. Soixante-douze pour cent se sont prononcés en faveur de l’interruption de grossesse si la vie ou la santé de la mère étaient menacées et 60 % y étaient favorables en cas de viol ou d’inceste, des circonstances pour lesquelles l’intervention était déjà autorisée par la loi si elles étaient certifiées par des professionnel·le·s de la santé. Enfin, 47 % pensaient qu’un avortement était toujours ou parfois justifié, quelles que soient les circonstances.
DROITS DES PERSONNES LGBTI
En juin, la Haute Cour a statué que la législation érigeant en infraction les actes sexuels consentis entre personnes de même sexe était inconstitutionnelle et discriminatoire. Le gouvernement a fait appel de cette décision le mois suivant.
VIOLENCES FONDÉES SUR LE GENRE
Le taux de violences fondées sur le genre est resté élevé. La police namibienne a fait état de 4 815 cas entre avril 2023 et janvier 2024. Le cas d’une femme décédée après avoir été poignardée à plusieurs reprises par son ancien partenaire en avril a eu un fort retentissement.
Un rapport du Fonds des Nations unies pour la population publié en septembre a indiqué que les femmes et les filles étaient privées de leurs capacités d’agir par des inégalités de genre bien ancrées et des normes socioculturelles préjudiciables, ce qui les rendait plus susceptibles de subir des violences fondées sur le genre.
DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES
En mars, les populations autochtones namas et ovahereros, dont les ascendant·e·s ont été victimes d’un génocide sous le régime colonial allemand, ont exigé que de nouveaux pourparlers aient lieu avec le gouvernement allemand en vue d’obtenir des réparations et la restitution de leurs terres ancestrales. Lors d’une déclaration commune des gouvernements allemand et namibien en 2021, l’Allemagne avait présenté des excuses pour le génocide et s’était engagée à financer des projets de développement à hauteur de 1,1 milliard d’euros. Les populations concernées ont affirmé que les négociations entre la Namibie et l’Allemagne pour parvenir à une résolution s’étaient déroulées sans la participation réelle de leurs représentant·e·s et que la déclaration qui en a résulté ne fournissait pas de mesures de réparation suffisantes, notamment en matière de restitution des terres. Les deux pays ont atteint la phase finale des négociations en novembre et se sont mis d’accord sur le financement des réparations. Les discussions se sont poursuivies dans l’attente de la validation de cet accord, mais la chute du gouvernement de coalition allemand en novembre a failli y mettre un terme.
DROIT À UN ENVIRONNEMENT SAIN
Le gouvernement a obtenu en mars un investissement de 10 milliards de dollars des États-Unis de la part de Hyphen Hydrogen Energy afin de mettre au point de l’hydrogène dit « vert », avec le soutien de l’Allemagne. L’usage final de cet hydrogène n’a pas été confirmé, mais cette initiative a soulevé des inquiétudes, car la technologie n’a pas fait ses preuves et risquait de servir à détourner l’énergie renouvelable de ce pays où beaucoup n’avaient pas accès à une source d’électricité durable.