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© Amr Abdallah Dalsh/REUTERS

© Amr Abdallah Dalsh/REUTERS

Guinée Équatoriale

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Guinée Équatoriale en 2024.

Un projet de loi sur la cybercriminalité a soulevé de nouvelles inquiétudes pour le droit à la liberté d’expression. Des défenseur·e·s des droits humains ont été cette année encore arrêtés et placés arbitrairement en détention. Les habitant·e·s de l’île d’Annobón ont été persécutés pour avoir manifesté contre les dommages causés à leurs terres par les activités minières. L’Audience nationale espagnole a ordonné qu’un mandat d’arrêt soit émis contre le fils du chef de l’État pour enlèvement et torture. La mise en œuvre de projets visant à augmenter la surveillance de masse des citoyens et citoyennes s’est accélérée.

CONTEXTE

La Première ministre Manuela Roka Botey et son gouvernement ont démissionné en juillet à la demande du président Teodoro Obiang Nguema, qui a évoqué l’incapacité du gouvernement à résoudre la crise économique. En juin, des représentant·e·s du Fonds monétaire international se sont rendus en Guinée équatoriale afin de soutenir la mise en œuvre d’importantes politiques visant à améliorer les conditions de vie dansle pays.

LIBERTÉ L'EXPRESSION

Le Parlement a entamé en mars l’examen d’un projet de loi sur la cybercriminalité qui, s’il était adopté, instaurerait de nouvelles restrictions concernant l’utilisation des réseaux sociaux. La possibilité que ces mesures puissent menacer le droit des personnes à exprimer des points de vue opposés aux positions officielles a soulevé des inquiétudes.

Le 10 juillet, l’ordre des avocats a confirmé la suspension pour deux ans de Gemma Jones, une avocate spécialisée dans la défense des droits humains, au motif qu’elle aurait gravement enfreint les statuts de l’institution. Elle faisait l’objet d’une suspension depuis décembre 2023, après avoir publié sur TikTok un appel en faveur de l’indépendance de la justice.

ARRESTATIONS ET DÉTENTIONS ARBITRAIRES

Le militant des droits humains Anacleto Micha Ndong a été arrêté par quatre hommes à son domicile de Malabo, la capitale, le 26 janvier. Il a par la suite été accusé de diffamation par un policier qui, affirmait-il, l’avait torturé lors d’une précédente période de détention à la prison Black Beach de Malabo, en 2023. Anacleto Micha Ndong a été détenu sans inculpation pendant plus d’un mois à la gendarmerie de Malabo. Il a été envoyé à Black Beach le 1er mars, puis transféré en avril à la prison d’Oveng Ansem, à Mongomo.

Lors de sa 99e session, tenue en mars, le Groupe de travail sur la détention arbitraire [ONU] a rendu un avis appelant à la libération immédiate de deux citoyens sud-africains, Peter Shane Huxham et Frederik Johannes Potgieter. Le Groupe de travail a indiqué que les deux hommes étaient arbitrairement détenus pour trafic de drogue depuis février 2023.

Arrêté arbitrairement en août 2022 après avoir critiqué le chef de l’État sur les réseaux sociaux, l’ancien ministre de la Justice Rubén Maye Nsue Mangue s’est vu accorder une grâce présidentielle et a été remis en liberté le 5 juillet.

Le défenseur des droits humains Joaquín Elo Ayeto a été arrêté chez lui à Malabo le 1er août. Il était accusé d’avoir mené des activités illégales par le biais de l’organisation de la société civile Somos+, qui, selon les autorités, n’était pas légalement enregistrée. Il avait déposé une demande d’immatriculation juridique pour la plateforme auprès du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales en juin 2020, mais avait été informé quelques jours plus tard que la demande devait être validée par la Direction générale des droits humains. Une telle validation n’était pourtant pas requise par la loi. Il a été envoyé à la prison de Black Beach le 9 août, puis transféré le 13 à la prison d’Oveng Ansem, où il était toujours détenu à la fin de l’année.

Angel Obama Obiang Eseng, l’avocat de Joaquín Elo Ayeto, a été détenu pendant plus de 48 heures lorsqu’il s’est rendu au poste de police de Malabo pour prêter assistance à son client. Le 14 août, il a été suspendu par l’ordre des avocats, qui lui reprochait d’avoir défendu les droits et les intérêts d’une organisation illégale. Par une résolution émise le 24 décembre, l’Ordre a révoqué la mesure de suspension.

LIBERTÉ DE RÉUNION PACIFIQUE

En juillet, des habitant·e·s d’Annobón, une île située à 500 kilomètres au large de la Guinée équatoriale continentale, ont manifesté contre des atteintes à leurs habitations, à leurs terres agricoles et à l’écosystème insulaire, qui étaient dues selon eux à de constantes explosions de dynamite liées à des activités minières. Plus de 30 personnes ont été arrêtées et placées en détention à la suite de ces événements. Les services de téléphonie et d’Internet ont été coupés pendant plusieurs semaines.

TORTURE ET AUTRES MAUVAIS TRAITEMENTS

La chambre criminelle de l’Audience nationale espagnole a ordonné le 22 février que des mandats d’arrêt soient émis contre Carmelo Ovono Obiang, le fils du président équato-guinéen, et deux autres hauts responsables du régime. Cette décision s’inscrivait dans le cadre de l’affaire de l’enlèvement, de la torture et de la disparition forcée présumés, en 2019, de quatre militants de l’opposition qui résidaient légalement en Espagne, dont deux étaient des citoyens espagnols. L’un de ces militants, Julio Obama Mefuman, détenteur de la double nationalité espagnole et équato-guinéenne, était mort en détention en 2023 ; il avait accusé les autorités de l’avoir torturé à de multiples reprises.

SURVEILLANCE DE MASSE

Le vice-président, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a poursuivi ses projets visant à renforcer les systèmes de surveillance du pays, en évoquant la nécessité constante de lutter contre la criminalité. Annoncés en mai, ces projets incluaient l’installation et la maintenance de quelque 6 500 caméras dotées d’une capacité de suivi en direct et de reconnaissance faciale, reliées à des centres de commandement à travers le pays. On craignait que cette surveillance accrue soit utilisée pour réprimer les voix dissidentes.

DROITS DES FEMMES ET DES FILLES

Réaffirmant l’attachement de la Guinée équatoriale aux instruments internationaux de protection des droits des femmes, le gouvernement a adopté en mai la Déclaration de Djibloho sur la violence à l’égard des femmes, qui présentait des actions concrètes pour remédier aux inégalités entre les hommes et les femmes et promouvoir l’autonomisation des femmes.

Au mois de juin, un rapport de l’Institut national de la statistique analysant la part des femmes dans les processus décisionnels au sein des organismes d’État a conclu que celles-ci n’occupaient que 29,5 % des postes décisionnaires en 2023.

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