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© Edu León/Latam/Getty Images
Finlande
Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Finlande en 2024.
Les coupes budgétaires réalisées dans les domaines de la protection sociale et de la santé touchaient plus particulièrement les catégories les plus marginalisées de la population. Des modifications législatives ont eu pour effet d’affaiblir les mesures de protection prévues par la politique finlandaise en matière d’immigration et d’asile. La police a eu recours à une force inutile pour disperser une manifestation contre le changement climatique. Six ONG ont entamé une action en justice contre le gouvernement pour son inaction dans ce domaine. Le nouveau plan de lutte contre le racisme ne comportait aucune mesure législative pour combattre les discours et les crimes de haine. Deux nouvelles lois sanctionnant pénalement le mariage forcé et les mutilations génitales féminines ont été adoptées.
DROITS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX
Le gouvernement a poursuivi sa politique d’austérité, procédant à des coupes dans les dépenses de protection sociale et de santé. Ces mesures affectaient de manière disproportionnée les personnes sans emploi, celles qui souffraient de problèmes de santé les empêchant de travailler à plein temps, les familles monoparentales, les personnes en situation de handicap ou âgées et les jeunes adultes. L’importante diminution du budget de la protection sociale exposait les personnes dont les revenus étaient déjà faibles au risque de ne plus pouvoir jouir de leur droit à un niveau de vie suffisant et accroissait la nécessité pour beaucoup de se tourner vers l’aide sociale de dernier recours. Dans le domaine de la santé, les services publics sont devenus moins accessibles et moins abordables pour les personnes qui en dépendaient.
DROITS DES PERSONNES RÉFUGIÉES OU MIGRANTES
Plusieurs modifications législatives introduites au cours de l’année par le gouvernement ont remis en question les mesures de protection prévues par la Finlande en matière d’immigration et d’asile. Elles ont notamment eu pour conséquence de rendre temporaire la protection internationale, d’empêcher les demandeurs et demandeuses d’asile de solliciter un titre de séjour pour des motifs autres que la protection (pour travailler ou faire des études, par exemple), d’étendre le recours à la détention liée au statut migratoire et de durcir les critères d’obtention du regroupement familial ou de la naturalisation. Ces modifications ont été introduites à la hâte, sans que soient évaluées les conséquences qu’elles pouvaient avoir pour les droits des demandeurs et demandeuses d’asile, des réfugié·e·s et des migrant·e·s.
Affirmant agir en réaction à une tentative présumée de la Russie d’« instrumentaliser » les personnes demandeuses d’asile ou migrantes, le gouvernement a maintenu fermés tous les points de passage à la frontière russe. La mise en place d’une clôture le long de la frontière orientale du pays s’est poursuivie, toujours pour éviter que des personnes n’entrent en Finlande dans le cadre d’une « migration instrumentalisée ».
Le Parlement a adopté en urgence, en juillet, une loi autorisant le gouvernement à limiter le nombre de demandes d’asile recevables sur une certaine portion de la frontière finlandaise et à accorder aux gardes-frontières des pouvoirs renforcés en matière de refoulement, y compris par la force, sans réelle possibilité pour les personnes concernées de faire appel.
LIBERTÉ DE RÉUNION PACIFIQUE
En juin, puis en septembre, la police d’Helsinki a dispersé des manifestant·e·s pacifiques contre le changement climatique qui perturbaient la circulation dans la capitale. Plusieurs dizaines d’entre eux ont été arrêtés pour avoir refusé de se disperser. La police a eu recours en juin à la force physique, alors qu’il n’y avait aucune nécessité de le faire, pour disperser des manifestant·e·s pacifiques qui avaient mis en place un barrage routier à Helsinki.
Des personnes qui campaient pacifiquement sur le campus de l’université d’Helsinki pour exprimer leur solidarité avec la population palestinienne ont été dispersées en juin par la police, l’administration de l’établissement ayant décidé d’interdire cette action.
La police ne reconnaissait pas toujours la légitimité des observateurs·rices indépendants lors des manifestations, pas plus qu’elle ne considérait devoir assurer leur protection et leur permettre de réaliser leur mission.
Elle n’avait pas de politique cohérente concernant les obligations incombant aux organisateurs et organisatrices d’une manifestation au titre de la Loi sur les rassemblements, les conditions imposées variant d’une région à l’autre.
DROIT À UN ENVIRONNEMENT SAIN
Amnesty International et cinq autres ONG ont introduit en août un recours devant la Cour administrative suprême contre le gouvernement, à qui elles reprochaient de ne pas en faire assez pour lutter contre le changement climatique. Selon elles, cette attitude risquait d’empêcher la Finlande d’atteindre l’objectif qu’elle s’était fixé de parvenir à un bilan carbone neutre d’ici 2035.
La Finlande a considérablement réduit les financements climatiques qu’elle accordait à des pays à plus faibles revenus.
DISCRIMINATION
En mars, 33 ONG, dont Amnesty International, ont dénoncé les nombreuses mesures prises par le gouvernement, notamment en matière d’immigration, de protection sociale et de santé, qui aggravaient le racisme et la discrimination structurels. Publié au mois de septembre, le plan d’action du gouvernement pour lutter contre le racisme et promouvoir l’égalité ne prévoyait aucune mesure législative destinée à combattre le racisme et les discours et crimes de haine.
DROITS DES PERSONNES LGBTI
Une initiative citoyenne nationale visant à interdire les thérapies de conversion était encore en cours d’examen par la Commission des affaires juridiques du Parlement.
VIOLENCES SEXUELLES OU FONDÉES SUR LE GENRE
Le Parlement a adopté en novembre deux lois visant à sanctionner pénalement le mariage forcé et les mutilations génitales féminines sur la personne de jeunes filles de moins de 18 ans.
Il a par ailleurs voté en décembre une loi interdisant la médiation dans les affaires de violences conjugales ou sexuelles, de sorte que les actes répréhensibles de ce type donnent bien lieu à des sanctions pénales appropriées.
DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES
Un projet de loi portant modification de la Loi relative au Parlement sâme et visant à mieux protéger les droits des Sâmes était toujours en instance devant la Commission des affaires constitutionnelles du Parlement.