Exigez avec nous la justice pour toutes les victimes et la protection sans condition des populations civiles

Contrôle de police dans le quatier de Lavapies, Madrid, Espagne, juin 2010
Qu'est-ce que le racisme et la discrimination raciale ?
Le racisme et la discrimination raciale créent des systèmes d’oppression fondé sur la croyance de hiérarchie entre de supposées races humaines. Conséquences tenaces du colonialisme et de l’esclavage, ils entrainent des attitudes discriminatoires, des stéréotypes, des violences à l’encontre de groupes ethniques ou religieux tels que les personnes roms, musulmanes, noires, asiatiques, juives ou migrantes.
La différence entre le racisme et la discrimination raciale
Bien que le racisme et la discrimination raciale soient des concepts inextricablement liés, ils possèdent un sens différent.
Le racisme est une idéologie fondée sur l’inégalité entre de supposées “races” humaines servant à justifier des relations de pouvoir inégales qui reposent essentiellement sur le phénotype ou l’ascendance. Cette idéologie attribue à chaque race des caractéristiques propres et immuables.
La discrimination raciale quant à elle, et selon l’article 1 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CIEDR), “vise toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique, qui a pour but ou pour effet de détruire ou de compromettre la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice, dans des conditions d’égalités, des droits de l’homme et des libertés fondamentales.” La discrimination raciale est présente dans pratiquement toutes les sociétés.
On parle parfois de “personnes racisées” pour désigner les personnes victimes du racisme et de la discrimination raciale. Ce terme met en lumière le fait que l’identification raciale des personnes vient de l’extérieur, peu importe la manière dont les personnes s’identifient elles-mêmes.
« Ce sont des musulmans, ils sont noirs. », Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, lors d’un passage sur LCI en février 2025, voulant justifier la restriction du droit du sol dans le département de Mayotte.
« J’ai cru voir des clandestins repartir chez eux et là paf, c’était que la pseudo-équipe de France qui partait au Qatar. », Christian Perez, candidat RN dans la 8e circonscription du Finistère, dans un message sur ses réseaux sociaux, novembre 2022.
Les personnes ayant un nom à consonance arabe ou africaine ont respectivement 27 % et 31 % moins de chances d’obtenir un premier rendez-vous avec le propriétaire d’un logement privé. (Défenseur des droits, Louer sans discriminer. Un manuel pratique à l’usage des propriétaires, 2017)
Les jeunes hommes perçus comme arabes/maghrébins ou noirs ont une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d’être contrôlés par la police. (Ined, Perception et expériences de la discrimination en France, 2019)
L’interdiction par le droit international
L'interdiction du racisme et de la discrimination raciale est consacrée dans plusieurs instruments internationaux du 20ème siècle comme la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) et la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH). Cette interdiction est aussi au fondement de plusieurs instruments de droit international humanitaire comme la Convention de Genève et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Le principal instrument juridique contre la discrimination raciale est la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CIEDR). Les États parties de la CIEDR ont l’obligation de sanctionner par la loi et de mettre en place une politique publique visant à éliminer tout forme de racisme et de discrimination raciale.
Qu’est-ce que le racisme systémique ?
Le racisme est systémique quand il s’exprime à la fois dans les relations interpersonnelles, et lorsqu’il est ancré dans la société, la vie quotidienne mais aussi dans les institutions, les lois et les systèmes de pouvoir.
On parle de racisme systémique pour désigner le système d’oppression hérité du colonialisme et de l’esclavage dont les mécanismes persistent dans nos sociétés.
“Pendant la période coloniale, les Européens accordaient les droits et les ressources en fonction de la catégorisation raciale des peuples. [...]. Le concept de race a servi à légitimer une inégalité et une injustice monstrueuses sur des bases biologiques”, rapporteuse spéciale des Nations unies, 2021
Ces origines du racisme et la discrimination raciale dans le passé colonial et l’esclavage sont aujourd’hui reconnues par la communauté internationale, notamment dans la Déclaration et programme d’action de Durban (DPAD).
Malgré la fin du colonialisme et de l’esclavagisme, des mécanistes racistes persistent dans nos sociétés. La DPAD reconnait que “la race, l’ethnicité, l’origine nationale [...] continuait de déterminer l’accès aux droits fondamentaux et la jouissance de ces droits”.
Les réparations au titre de l’esclavage et du colonialisme
Il est essentiel que les personnes ayant subi les effets du racisme et du colonialisme de génération en génération puissent obtenir des réparations appropriées pour les préjudices subis par le passé et dans le présent.
Lire aussi : La France doit fournir les réparations pour remédier à son passé colonial à Haïti
Que fait Amnesty International pour lutter contre le racisme ?
Notre engagement pour la justice raciale est au centre de nos combats. Nous œuvrons pour que le racisme soit reconnu comme une oppression systémique, c’est-à-dire qu’il imprègne à la fois la société et la vie quotidienne mais aussi les institutions et les structures de pouvoir. C’est pourquoi nous travaillons au-delà des cas individuels à ce que les changements de lois, de politiques publiques et institutionnels.
Dans notre travail pour la justice raciale nous accordons une attention particulière aux discriminations intersectionnelle. Une personne victime de discrimination raciale peut aussi être victime d’autres formes de discriminations liées à son genre, sa classe ou sa religion, soit une multiplicité de caractéristiques sociales et de positionnements qui déterminent comment elle vit dans le monde. On dit alors qu’elle est à l’intersection de plusieurs discriminations. Notre combat contre le racisme tient ainsi compte des particularités vécues par les personnes qui vivent d’autres discriminations.
Lire aussi : Comment réagir quand un proche tient des propos racistes ?
Restez informé·es !
Chaque vendredi, on vous résume l'essentiel de l'actualité des droits humains.