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Lieu d'accueil pour les rescapées de mariage forcé au Burkina Faso © Sophie Garcia/Corbis for Amnesty International
Qu'est-ce qu'un mariage forcé ?
Grave atteinte aux droits humains fondamentaux, les mariages forcés concernent encore une femme sur cinq dans le monde. Mais de quoi parle-t-on ? Quels sont les conséquences d'un mariage forcé ? Que dit le droit international ? Explications.
On parle de mariage forcé lorsque l’un des partenaires, ou les deux, n’est pas en mesure de consentir librement à se marier, parce qu’il est soumis à des pressions, forcé ou menacé de violences.
Pour les personnes mineures on parle aussi mariage précoce : les mariages d’enfants sont considérés comme une forme de mariage forcé car au moins l’un·e des conjoint·es n’a pas librement exprimé son consentement. Le partenaire qu’on leur impose est parfois beaucoup plus âgé qu’eux.
Une pratique encore largement répandue
Les mariages forcés sont encore largement pratiqués à travers le monde. Ils touchent des millions de personnes mineures et majeures, en grande majorité des filles et des jeunes femmes.
Source : UNICEF
Une enfance volée
Pour les jeunes filles, les conséquences d’un mariage forcé sont dévastatrices. Elles sont souvent confrontées à des responsabilités pour lesquelles elles ne sont pas prêtes et sont également plus susceptibles de subir des violences domestiques.
Par ailleurs, les mariages forcés et précoces portent atteinte au droit à l’éducation, puisque les jeunes filles sont souvent contraintes d’interrompre leur scolarité pour se marier ou effectuer des travaux domestiques et d’autres tâches.
Des vies menacées
Lors des mariages forcés, les jeunes filles sont particulièrement exposées au risque d'infections sexuellement transmissibles (IST), dont le VIH/SIDA. Le manque d’éducation sexuelle aggrave par ailleurs d'autant plus cette vulnérabilité.
De plus, le mariage forcé induit souvent des grossesses non désirées et précoces qui peuvent avoir de graves répercussions sur la santé des jeunes filles, en pleine puberté et dont le corps n’est pas biologiquement prêt à supporter une grossesse.
Ces grossesses précoces mettent en péril non seulement la vie des mères mais également celle de leur bébé. Les décès en couche sont une cause de mortalité importante chez les adolescentes entre 15 et 19 ans dans les pays où le mariage infantile est répandu.
Les racines du mariage forcé
Dans les familles vivant dans des conditions précaires, marier une fille dès son plus jeune âge est souvent perçu comme une solution pour réduire le nombre de personnes à charge. Dans des contextes où les ressources sont rares, le mariage est ainsi considéré comme une échappatoire à la misère.
À cela viennent s’ajouter des normes culturelles et religieuses fortement ancrées. Dans certaines communautés, le mariage forcé est une tradition perçue comme une étape de la vie d’une fille, associée à des idées de pureté, d’honneur et de respectabilité.
L’inégalité entre les genres constitue un fondement central de cette pratique. Dans certaines sociétés, les filles ne sont pas perçues comme des individus à part entière, mais comme des êtres destinés à être sous la tutelle d’un homme, d’abord leur père, puis leur mari.
Que dit le droit international ?
Le mariage forcé représente une atteinte grave aux droits fondamentaux des enfants. Il s’inscrit en totale violation avec les normes internationales pour la protection et promotion des droits de l'enfant, telles que la Convention relative aux droits des enfants et la Convention de l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes.
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Dans la majorité des pays, des lois fixent l’âge légal du mariage à 18 ans. Toutefois, de nombreuses exceptions subsistent : avec le consentement parental, une décision judiciaire ou pour des raisons religieuses, des mariages de mineurs sont encore légalement permis. En l’absence d’enregistrement officiel, beaucoup d’unions restent par ailleurs invisibles, échappant à tout contrôle juridique.
L’application des lois dépend aussi du poids des traditions. Dans certaines zones rurales, les autorités ferment les yeux, voire contribuent aux unions. Les victimes, quant à elles, ignorent souvent qu’elles ont des droits ou n’ont aucun moyen de les faire valoir.
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