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URGENCE GAZA

 Exigez avec nous la justice pour toutes les victimes et la protection sans condition des populations civiles

Photographie des logos des entreprises appelées "GAFAM" ou "Big Tech", de la gauche vers la droite, Google, Apple, Meta, Amazon et Microsoft / © Sébastien Bozon via AFP

Photographie des logos des entreprises appelées "GAFAM" ou "Big Tech", de la gauche vers la droite, Google, Apple, Meta, Amazon et Microsoft / © Sébastien Bozon via AFP

Comment les 5 Big Tech façonnent nos vies ? 

Il n’y a pas une activité en ligne qui puisse se faire sans échapper à Google, Amazon, Meta, Apple ou Microsoft. Le pouvoir de ces cinq entreprises est tel qu’elles ont pu imposer leur domination, au détriment des droits de milliards d’utilisateurs. Sur quel modèle l’industrie de ces entreprises est-il fondé ? Comment façonnent-elles nos vies en ligne et quels droits impactent-elles ?

Notre vie privée, c’est leur chiffre d'affaire. Pour Google, Amazon, Meta, Apple et Microsoft, nos données personnelles sont un objet marchand. Créer une économie de l’attention et de la dépendance, pour récolter de la data et in fine, personnaliser les contenus et faire consommer de la publicité. C’est sur ce modèle que les Big Tech ont bâti leur empire. Adresse postale, poids, âge, opinions politiques, cycle menstruel… vos données sont collectées et exploitées pour faire gonfler leur chiffre d’affaires. Un modèle qui repose sur une surveillance permanente.

Ces entreprises détiennent un pouvoir considérable sur nos façons de vivre, de consommer, d’interagir, de s’informer. Elles dépensent des millions pour faire pression sur les responsables politiques pour qu’ils établissent des règles en leur faveur. Elles rachètent leurs concurrents et imposent leurs règles aux autres entreprises, ce qui rend la concurrence presque impossible. Retour sur leur domination.

Google établit notre accès à l’information

Google, c’est 13,7 milliards de recherches chaque jour. C'est 2,5 milliards d’utilisateurs actifs par mois sur Youtube (plateforme de vidéo appartenant à Google). Le modèle de Google, c’est la surveillance pour collecter le maximum de données personnelles afin de proposer de la publicité ciblée.

Google sait où vous vivez, travaillez et même certains de vos détails intimes. L’infrastructure publicitaire de Google lui permet de récolter des données très personnelles comme les sites visités ou l’application qui apparaît la première sur votre smartphone et peuvent toucher à des informations des plus intimes. Un exemple frappant : l’application de suivi de cycle menstruel Flo a été accusée en 2021 d’avoir transmis des données sensibles relatives à la santé reproductive à Google et Meta sans consentement explicite. Ces données pouvaient être utilisées à des fins publicitaires et exposer des utilisatrices à des publicités en lien avec la maternité après une fausse couche ou un diagnostic d’infertilité. 

Le modèle économique de Google repose sur une surveillance généralisée. En suivant les internautes sur le web et en monétisant leurs données personnelles avec des publicités ciblées, l’entreprise a gravement porté atteinte à notre droit au respect de la vie privée. 

Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International

Ce degré d’intrusion dans notre vie privée ne pourra jamais être compatible avec le respect des droits humains.

L’affaire Google, condamné pour monopole  

En 2024, un tribunal américain estime que Google détient un monopole illégal dans le domaine de la recherche en ligne. Le ministère de la Justice demande alors au tribunal d’ordonner à Google de céder son navigateur Chrome. Mais un an après, le 2 septembre 2025, la décision est rendue : Google ne sera pas démantelé. L’entreprise n’est pas dans l’obligation de vendre son navigateur Chrome mais doit partager ses données de recherche avec la concurrence.

La navigateur Chrome joue un rôle essentiel dans le déploiement de la collecte de données. Obliger Google à se séparer de son navigateur de recherche et à vendre Chrome aurait pu marquer un premier pas en direction d’un monde numérique plus respectueux de nos droits. 

Meta régit nos interactions sociales

Meta, c’est plus de 3 milliards d’utilisateurs actifs chaque mois. Plus d’un tiers de la population mondiale qui échange, s’envoie des photos, des notes vocales, s’informent… Meta englobe trois plateformes numériques : Facebook, WhatsApp et Instagram. Meta possède le même modèle que Google, à savoir, collecter des données intimes pour proposer du contenu personnalisé et engendrer du profit via la publicité ciblée. Les services principaux sont gratuits mais l’argent est gagné sur vos données.   

En 2023, Meta a introduit un modèle « payer ou consentir » dans l'Union européenne, proposant aux utilisateurs deux « choix » : payer un abonnement pour ne plus avoir de publicité ou consentir au suivi des données à des fins de publicité ciblée. Pour garder sa vie privée, il faut donc payer. Un modèle vicieux et incompatible avec le respect des droits humains.

Le modèle algorithmique de Meta, optimisé pour l'engagement et le profit, peut donner plus d’écho aux contenus préjudiciables, puisqu’ils sont les plus susceptibles de provoquer une réaction forte chez les utilisateurs. Plus la réaction est forte, plus l’attention l’est aussi, plus le temps passé sur la plateforme est long. Résultat : plus d’expositions aux publicités.  

Nous avons documenté plusieurs cas où le modèle algorithmique de Meta a amplifié la propagation de discours haineux ou d’incitations à la violence, ce qui a entraîné des conséquences dévastatrices dans plusieurs zones de crise et de conflit.

Amazon rythme nos achats

Amazon c’est plus de 310 millions d’utilisateurs actifs dans le monde. La plateforme d’achat en ligne est devenue la première dans plus de 100 pays. La domination d'Amazon sur le marché du e-commerce repose, là aussi, sur sa vaste collecte et analyse de données. L'entreprise collecte et agrège les données des acheteurs et des vendeurs et les utilise pour modéliser les comportements, cibler les publicités et prédire les tendances de futurs achats. Amazon absorbe jusqu'à 50 % des revenus des vendeurs, réduisant leurs marges et obligeant nombre d'entre eux à augmenter leurs prix ou à quitter le marché.

Le statut dont dispose Amazon en tant qu’opérateur de marché, prestataire de services et vendeur direct lui confère un pouvoir énorme. Cette immense puissance économique lui confère aussi la capacité d’influencer le monde du travail et de le régir selon ses normes, au détriment des droits humains. Dans l’un de nos rapports, publié en 2023, nous avons révélé que des travailleurs étrangers en Arabie saoudite employés dans des entrepôts d’Amazon avaient été trompés par des agents de recrutement sur la nature de leur emploi et les salaires. Un schéma malheureusement pas uniquement observé chez Amazon mais dans les grandes entreprises de la tech où le profit se fait au détriment du respect des droits.

Apple provoque l’addiction aux smartphones  

Le modèle économique d'Apple est axé sur la vente d'appareils (tels que les iPhone, iPad et MacBook). Apple détient près de 60 % du marché des systèmes d'exploitation pour smartphones aux États-Unis et un peu plus de 25 % du marché mondial.  

Si Apple n’a pas construit son modèle sur l’exploitation des données personnelles, il a bâti son empire notamment sur l’addiction et la dépendance à leurs produits. Pour les utilisateurs déjà équipés d'appareils Apple, se tourner vers un appareil concurrent est de plus en plus difficile, car les produits Apple sont conçus pour fonctionner entre eux et les produits tiers ne sont généralement pas compatibles. 

Microsoft fixe les outils du bureau 

Microsoft, c’est plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde, selon des chiffres fournis par l'entreprise en 2025. Windows reste le 1er système d’exploitation de bureau au monde. L’entreprise détient 72% de part de marché mondiale en début 2025. Microsoft domine le marché des systèmes d’exploitation pour ordinateurs de bureau.

Le regroupement de services mis en place par Microsoft entraîne des coûts élevés de transition pour les utilisateurs, ce qui vient renforcer leur dépendance vis-à-vis de la gamme de produits de l’entreprise.

Quels sont nos droits fondamentaux impactés par les Big Tech ?  

  • Liberté d’opinion et accès à l’information 

  • Droit au respect de la vie privée    

  • Droit à la non-discrimination (les populations les plus marginalisées sont souvent les plus impactés par les effets néfastes du mécanisme des Big Tech) 

  • Atteintes aux droits du travail  

Leur prochaine domination : l’IA 

La prochaine phase de consolidation du pouvoir des Big Tech se déroule avec l'expansion exponentielle de l'intelligence artificielle générative (IA). Si l'émergence de l’IA a pu laisser entrevoir une opportunité pour les nouveaux entrants de défier les Big Tech, la réalité est que les mêmes acteurs dominants – Microsoft, Google, Meta et Amazon – exercent leur contrôle sur ce marché en pleine croissance et renforcent des modèles économiques fondés sur la violation des droits humains. 

Lire aussi : Intelligence artificielle : les 7 choses qu’on ne vous dit pas 

Amnesty International ne remet pas en cause l’existence des plateformes construites par les Big Tech mais critique l’ampleur de leur domination qui impacte de fait le respect des droits humains. Au regard des risques que fait peser la domination des géants de la tech sur les droits humains, notre organisation appelle les États à les réguler.