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Indigenous midwife Moy from Satere Mawe ethnicity, attends a protest demanding the entrance of traditional healers and better medical care at the Hospital Nilton Lins, which inaugurated a exclusive area for indigenous people to be treated from the coronavirus disease (COVID-19) in Manaus, Brazil June 3, 2020. The message on her forehead reads "Differentiated Health". Picture taken June 3, 2020. REUTERS/Bruno Kelly
© REUTERS/Bruno Kelly

© REUTERS/Bruno Kelly

Brésil : Face au Covid-19, le confinement impossible des populations marginalisées

Au Brésil, nos équipes lancent la campagne Our Lives Matter (Nos vies comptent) : un appel aux autorités brésiliennes pour que personne ne soit oublié dans la réponse à la crise sanitaire. 

La pandémie du Covid-19 met en évidence les inégalités qui existent dans la société brésilienne. Selon les données de la municipalité de São Paulo, le risque de mourir du Covid-19 est plus élevé de 62 % pour une personne noire que pour une personne blanche. 

Au Brésil, une personne sur trois mourant du Covid-19 est noire, autochtone ou métisse.

Lire aussi : Tout savoir sur le Covid-19 et les droits humains

Les populations marginalisées sont plus exposées

Il semble par ailleurs que le nombre de décès dans les favelas soit en augmentation, que la contagion dans les prisons puisse prendre de l’ampleur et que les populations autochtones soient de plus en plus touchées. Les travailleurs et travailleuses ne bénéficiant d’aucune protection sociale font la queue pour recevoir l’aide d’urgence à laquelle ils et elles ont droit, rendant difficile toute distanciation physique et augmentant par conséquent les risques de contracter la maladie.

Or, les politiques mises en place par les autorités pour répondre aux besoins spécifiques de ces populations ne sont pas satisfaisantes. Il n’existe par exemple aucune politique cohérente en faveur des personnes sans abri. Pour protéger les populations autochtones, il serait nécessaire de suspendre les travaux sur certains grands chantiers, afin d’éviter que les employés des entreprises qui en sont chargées ne pénètrent en territoire autochtone pendant les périodes d’isolement.  

Le confinement impossible des personnes sans-abris

Les personnes sans-abris ou mal-logées sont encore plus exposés pendant l’actuelle crise du Covid-19. Elles ne bénéficient pas des conditions permettant de s’isoler en cas de besoin. Les services municipaux de santé, de l’aide sociale et des droits humains doivent faire en sorte que tous les habitants puissent s’isoler en toute sécurité, notamment les personnes âgées, les personnes vivant dans la pauvreté. 

À cette fin, les autorités peuvent envisager de collaborer avec d’autres acteurs, tels que les hôteliers ou, plus largement, les gérants d’installations ouvertes au public. Ces installations doivent permettre l’accès à l’ensemble des services essentiels, comme l’eau, l’assainissement, l’électricité, l’alimentation et les soins de santé.

Des mesures jusqu’à présents insuffisantes

Selon les experts, le Brésil entre actuellement dans la phase la plus critique de la pandémie. Les autorités ont le devoir d’assurer les droits de tous et de toutes. Alors que la société civile se mobilise depuis le début de la crise du Covid-19 pour venir en aide aux populations les plus marginalisées, les mesures mises en place par les autorités jusqu’à présent ne sont pas satisfaisantes. Les besoins spécifiques des populations marginalisées n’ont pas été assez reconnus, alors que ces populations risquent bien souvent de subir de manière disproportionnée les conséquences de la pandémie. Ces mesures doivent être prises en concertation avec les populations concernées, pour que chacun puisse jouir de ses droits sans discrimination. Les autorités doivent garantir les droits à la vie et à la santé de toutes et de tous. 

Le cas particulier des prisons surpeuplées

Dans les prisonniers, et plus largement, les personnes placées en détention, n’ont pas toujours accès aux soins de santé et ne bénéficient pas de conditions d’hygiène satisfaisantes. La surpopulation carcérale met en danger les prisonniers et le personnel pénitencier. Des mesures concrètes peuvent être mises en œuvre pour protéger ces personnes et anticiper la propagation du virus. Par exemple, l’incarcération de personnes récemment condamnées pourrait être différée et certaines décisions de détention provisoire renvoyées. La liberté anticipée des personnes condamnées pour des délits mineurs doit être envisagée, notamment pour les individus à haut risque, comme les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes présentant certaines pathologies.

Une vaste campagne d’information dans les prisons est également recommandée, à l’intention des détenus et des personnes travaillant dans les services de la justice. Enfin, les autorités ont notamment le devoir de leur fournir le plus largement possible du matériel de protection individuelle, ainsi que des conseils et instructions fondés sur des données médicales concernant les pratiques à adopter pour éviter d’être contaminé.

Nos revendications 

Dans un document publié au moment du lancement de cette campagne, nous présentons avec plusieurs organisations partenaires sept mesures que doit prendre Jair Bolsonaro pour protéger les populations à risque. 

Assurer l’accès à la santé à l’ensemble de la population

Collaborer avec les populations marginalisées pour répondre à leurs besoins spécifiques

Protéger les territoires autochtones contre les forestiers et les mineurs artisanaux

Désengorger les prisons en révisant certaines condamnations ou détention notamment pour des délits mineurs

Proposer des structures aux personnes sans-abris ou mal-logées pour s’auto-isoler en cas de besoin

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