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Zehra Dogan, rédactrice en chef de JINHA, a été condamnée à plus de deux ans et demi de prison pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste » © Third Party

Zehra Dogan, rédactrice en chef de JINHA, a été condamnée à plus de deux ans et demi de prison pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste » © Third Party

Liberté d'expression

Les défenseures des droits des femmes réprimées en Turquie

Sous prétexte de l’état d’urgence et d’appartenance à des groupes terroristes, de nombreuses ONG ont été fermées. Des carences en matière de soutien et de conseil aux femmes commencent à se faire jour.

« On observe actuellement un vide immense en matière de conseil et de soutien aux victimes de viol et d’agressions sexuelles. Ça me brise vraiment le cœur », déclare Zozan Özgökçe, de l’Association de femmes Van, en Turquie.

Cette organisation a contribué à sensibiliser les enfants aux abus sexuels et dispensé des formations en leadership et éducation financière destinées aux femmes. Elle fait désormais partie des quelques 1 300 organisations non gouvernementales (ONG) turques ayant été fermées de manière permanente au titre de l'état d'urgence, au prétexte de vagues liens avec des groupes « terroristes ».

Lire aussi : En Turquie, une société civile asphyxiée

L’an dernier, à l’époque de sa fermeture, elle était sur le point de signer un contrat avec l’Union européenne pour un projet de prévention des violences contre les femmes. Ce projet aurait bénéficié à près de 8 000 femmes dans 92 villages, sur une période de trois ans, et se serait concentré sur des populations parmi les plus isolées.

Désormais, personne n’effectuera ce travail crucial.

L’Association de femmes Van est l’une des nombreuses ONG prises pour cible par la campagne de répression ayant suivi le coup d’État manqué de juillet 2016. Les organisations de défense des femmes ne sont cependant pas les seules à être visées.

Sont également concernées des organisations qui menaient un travail essentiel de soutien aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées, aux personnes déplacées, aux mineurs et à de nombreux autres groupes marginalisés.

Le journalisme au service des femmes

Les mesures d’exception tendent à se banaliser en Turquie - et les militant-e-s en faveur des droits humains en sont souvent la cible. Et pourtant, il existe encore des personnes assez courageuses pour dénoncer tout cela.

Lire aussi : En Turquie, défendre les droits humains est un crime

Le travail d’un petit groupe de femmes journalistes dans le sud-est du pays est un bel exemple de cette détermination.

En octobre 2016, JINHA, l’Agence de presse des femmes, exclusivement dirigée par des femmes et créée afin d’amplifier les voix de celles-ci, a été fermée en vertu d’un décret relevant de l’état d’urgence.

Zehra Doğan, la rédactrice en chef, a été condamnée à plus de deux ans et demi de prison pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste ».

Şûjin, la nouvelle agence de presse exclusivement féminine qui l’a remplacée, a elle aussi été fermée au titre d’un décret d’urgence en août 2017.

N’écoutant que leur courage, ces femmes ont établi Jin News, qui continue à donner des informations du point de vue des femmes kurdes.

Elles sont déterminées à ne pas se laisser réduire au silence. Mais alors qu'un climat de peur et d’intimidation s’installe, les voix courageuses telles que celles-ci se font de plus en plus rares, et elles ont plus que jamais besoin de solidarité.

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