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Soudan du Sud. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit renouveler et faire respecter l’embargo sur les armes afin de protéger la population civile

  • Une présence militaire ougandaise qui viole clairement les termes de l’embargo
  • Des images satellite d’hélicoptères de l’armée sud-soudanaise amènent à penser que des violations de l’embargo sont actuellement perpétrées
  • L’embargo sur les armes, en place depuis 2018, doit expirer le 31 mai

Le déploiement de soldats ougandais armés et d’équipements militaires au Soudan du Sud depuis le 11 mars dernier constitue une violation flagrante de l’embargo sur les armes, a déclaré Amnesty International le 14 mai 2025, en amont du vote du Conseil de sécurité de l’ONU prévu ce mois-ci sur le renouvellement de l’embargo.

Les Forces de défense populaire de l’Ouganda (UPDF), déployées au Soudan du Sud dans un contexte d’escalade de la violence dans l’État du Haut-Nil, ont livré des versions contradictoires quant à l’objectif de leur mission. Selon les médias, des responsables des UPDF ont déclaré que leurs forces étaient déployées à la demande du Soudan du Sud pour sécuriser la capitale Djouba et qu’elles « ne sont pas là-bas pour maintenir la paix ». Or, les UPDF affirment sur leur site Internet que l’objectif de ce déploiement est de « maintenir la paix et la sécurité dans le pays ».

Par ailleurs, Amnesty International a recueilli des informations prouvant que les Forces de défense populaires du Soudan du Sud (FDPSS) utilisent des hélicoptères d’attaque, ce qui laisse supposer que les livraisons de pièces détachées se poursuivent – une violation de l’embargo déjà dénoncée par l’organisation de défense des droits humains. Le 4 mai, Médecins sans frontières (MSF) a indiqué que deux hélicoptères de combat avaient bombardé la veille leur pharmacie à Old Fangak et tiré sur la ville, faisant sept morts et 20 blessés. Une attaque délibérée contre un hôpital remplissant son rôle humanitaire irait à l’encontre du droit international et constituerait un crime de guerre. Quelques jours plus tard, des médias ont rapporté les propos de témoins oculaires qui affirment que des hélicoptères de combat des FDPSS ont tué six civil·e·s dans le comté de Mayom, dans l’État d’Unité.

Nous engageons le Conseil de sécurité à renouveler l’embargo, à le faire respecter et à protéger la vie des civil·e·s

Tigere Chagutah, Amnesty International’s Regional Director for East and Southern Africa

« Si l’embargo de l’ONU sur les armes n’est pas la panacée, il est quasiment certain que la situation des droits humains serait encore pire sans cette mesure. Ce n’est pas le moment de lever l’embargo et d’autoriser l’afflux de nouvelles armes. Nous engageons le Conseil de sécurité à le renouveler, à le faire respecter et à protéger la vie des civil·e·s », a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.

Violation flagrante de l’embargo sur les armes par les UPDF

Le Laboratoire de preuves du programme Réaction aux crises d’Amnesty International a vérifié deux vidéos montrant du personnel et du matériel des Forces de défense populaire de l’Ouganda (UPDF). Sur la première, on peut voir des dizaines de soldats des UPDF arriver à l’aéroport international de Djouba le 11 mars. Sur la seconde, des véhicules blindés de transport de troupes et des camions militaires avec des plaques d’immatriculation des forces armées ougandaises transportent des chars à Nimule, du côté sud-soudanais de la frontière entre le Soudan du Sud et l’Ouganda, le 17 mars.

L’embargo prévoit des dérogations à l’interdiction de la fourniture, de la vente ou du transfert d’armes et d’assistance connexe, mais uniquement dans certaines circonstances définies de manière précise et si le Comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies en est averti au préalable.

Selon les informations recueillies par Amnesty International, ni les autorités ougandaises ni les autorités sud-soudanaises n’ont notifié le Comité des sanctions du Conseil de sécurité ou demandé une dérogation à l’embargo sur les armes concernant le déploiement de soldats des UPDF. Cela constitue une violation des termes de la résolution 2428 (2018) du Conseil de sécurité de l’ONU et des résolutions ultérieures la renouvelant, qui imposent un embargo sur « la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects au Soudan du Sud […] d’armements et de matériels connexes de tous types, y compris les armes et les munitions, les véhicules et les matériels militaires, les équipements paramilitaires et les pièces détachées correspondantes ».

Le 11 avril, Amnesty International a adressé des courriers au ministre ougandais de la Défense et des Anciens combattants, au chef d’état-major des armées et à la Mission permanente de l’Ouganda auprès de l’Organisation des Nations unies à New York ; elle n’a reçu aucune réponse.

Les entreprises doivent cesser de livrer des armes et des munitions au Soudan du Sud

Amnesty International a authentifié des vidéos qui montrent qu’un vol de Freedom Airlines Express a servi à transporter des troupes et du matériel des Forces de défense populaire de l’Ouganda (UPDF) à Djouba le 11 mars.

Le 16 avril, Amnesty International a écrit à Freedom Airlines Express pour lui faire part de ses conclusions. L’entreprise a répondu le 24 avril, confirmant avoir transporté du personnel des UPDF depuis l’Ouganda jusqu’à l’aéroport international de Djouba, tout en niant avoir enfreint l’embargo sur les armes. La compagnie a affirmé qu’elle « n’a pas transféré d’armes autres que les armes à feu standard portées par le personnel » et que « l’objectif de la présence des UPDF en République du Soudan du Sud est une question qui relève des gouvernements du Soudan du Sud et de l’Ouganda ».

Amnesty International estime néanmoins que le transport de soldats et d’armes à feu vers le Soudan du Sud par Freedom Airlines Express constitue une violation de l’embargo.

Sur d’autres images vérifiées on peut voir des soldats des UPDF se servir de véhicules blindés de transport de troupes Katmerciler Hizir, fabriqués en Turquie et transportés par un tiers au Soudan du Sud en violation de l’embargo. Amnesty International a adressé un courrier à l’entreprise Katmerciler le 16 avril pour lui faire part de ces conclusions, mais n’a pas encore reçu de réponse.

Alors que les tensions montent dans le pays, le Soudan du Sud et ses partenaires régionaux et internationaux ont le devoir de protéger la population civile en veillant à ce que l’embargo sur les armes actuellement en vigueur ne soit pas violé, notamment par l’afflux dans le pays de nouveaux armements, armes ou pièces détachées

Tigere Chagutah

Les entreprises sont tenues de respecter les droits humains, notamment en menant une procédure de diligence requise en la matière sur l’intégralité de leur chaîne de valeur afin d’identifier, de prévenir et d’atténuer toute implication réelle ou potentielle dans des atteintes à ces droits.

Le principe de diligence requise en matière de droits humains est renforcé lorsqu’il s’agit des activités d’entreprises qui ont un impact dans les zones touchées par un conflit. Compte tenu du risque important que les armes et les munitions transférées au Soudan du Sud soient utilisées par les parties au conflit pour commettre de graves violations des droits humains, les entreprises – dont Freedom Airlines Express – doivent cesser toute participation à des livraisons d’armes afin d’éviter de provoquer de telles violations ou d’y contribuer.

Des hélicoptères militaires décollent de l’aéroport de Djouba

D’après les images satellite analysées par Amnesty International, les mouvements d’hélicoptères d’attaque Mi-24 ont augmenté dans la zone militaire de l’aéroport international de Djouba entre janvier et mars. Des images à haute résolution montrent que les trois hélicoptères Mi-24 habituellement stationnés à l’aéroport ont disparu à diverses dates en février, laissant à penser qu’ils étaient en opération.

Ci-dessus : Les images satellite prises entre le 30 janvier et le 23 février 2025 montrent les positions des hélicoptères Mi-24 – pointées par des flèches jaunes à quatre dates différentes. Sur les images de février, on peut voir qu’un ou deux hélicoptères Mi-24 sont manquants à chacune de ces dates, ce qui suggère qu’ils sont en opération.

En 2020, Amnesty International a appris par des sources fiables qu’au moment où le Conseil de sécurité de l’ONU a instauré l’embargo sur les armes en juillet 2018, la flotte d’hélicoptères d’attaque Mi-24 du gouvernement était en panne et clouée au sol. Elle a établi par la suite que le gouvernement s’était procuré des pièces détachées pour remettre en état ces appareils, en violation de l’embargo sur les armes. Le fait que ces hélicoptères soient opérationnels laisse fortement penser que d’autres violations de l’embargo sur les armes ont été commises en termes d’approvisionnement en pièces détachées.

« Alors que les tensions montent dans le pays, le Soudan du Sud et ses partenaires régionaux et internationaux ont le devoir de protéger la population civile en veillant à ce que l’embargo sur les armes actuellement en vigueur ne soit pas violé, notamment par l’afflux dans le pays de nouveaux armements, armes ou pièces détachées », a déclaré Tigere Chagutah.

Complément d’information

Le déploiement des UPDF a fait suite aux affrontements armés dans l’État du Haut-Nil ayant entraîné entre autres des attaques à l’aide de barils incendiaires menées par le gouvernement du Soudan du Sud, qui aurait utilisé des armes incendiaires et fait au moins 58 morts et des blessés. Ce déploiement s’inscrit également dans le contexte des tensions politiques accrues qui ont donné lieu à l’arrestation arbitraire, et à la détention au secret, de hauts responsables de l’opposition.

Depuis quelques années, les UPDF sont régulièrement accusées, y compris par des organes des Nations unies, de violer l’embargo sur les armes à destination du Soudan du Sud.

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