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RDC. Un an après l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, l’insécurité et l’impunité continuent de mettre en péril les droits humains

Un an après l’arrivée au pouvoir du président Félix Tshisekedi, l’insécurité et l’impunité continuent d’entraver la progression des droits humains en République démocratique du Congo (RDC), a déclaré Amnesty International le 24 janvier 2020.

« Bien que le président Félix Tshisekedi ait pris des mesures positives, telles que gracier des prisonniers politiques et autoriser des détracteurs en exil à rentrer, des seigneurs de guerre et des auteurs présumés de terribles atteintes aux droits humains demeurent en liberté du fait de l’immobilisme de son gouvernement, a déclaré Deprose Muchena, directeur du programme Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnesty International.

« Pendant ce temps, la répression brutale de manifestations pacifiques continue de semer le doute quant au respect des droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique en RDC. »

Droit de réunion pacifique

Amnesty International a mis au jour plusieurs cas récents de manifestations pacifiques interdites ou dispersées avec violence.

Le 17 janvier 2020, par exemple, des réunions organisées à l’instigation du dirigeant de l’opposition Martin Fayulu ont été interdites dans six villes et dispersées avec violence à Kinshasa et Kindu ; au moins cinq personnes ont été blessées.

En novembre 2019, au moins 10 personnes qui manifestaient contre les homicides de civils par des rebelles ont été abattues par les forces de sécurité de la RDC et de l’Organisation des Nations unies (ONU) à Béni. Seuls quelques agents des forces de sécurité ont fait l’objet de poursuites en rapport avec la répression brutale de manifestations au cours des 12 derniers mois et au moment de la crise électorale qui a débuté en 2015.

« Tous les organes de sécurité et les instances du pays sont tenus de respecter, protéger et promouvoir les droits humains des manifestant·e·s pacifiques. Les responsables présumés du recours excessif à la force doivent être jugés dans le cadre d’un procès équitable », a déclaré Deprose Muchena.

Des civils sans protection

La partie est de la RDC continue d’être déchirée par des violences intercommunautaires et des conflits armés, qui ont fait des centaines de morts et des milliers de sans-abri au cours des 12 derniers mois.

Les Forces démocratiques alliées (ADF) d’Ouganda ont attaqué Béni (province du Nord-Kivu) et tué au moins 206 civils entre le 30 octobre 2019 et le 16 décembre 2019, selon le Baromètre sécuritaire du Kivu, au plus fort d’une opération militaire gouvernementale destinée à défaire les rebelles.

Les violences intercommunautaires et les conflits armés à Djugu (province de l’Ituri) et sur les hauts plateaux du Sud-Kivu ont laissé dans leur sillage des morts, des blessés et des personnes déplacées et ont créé un sentiment d’impuissance au sein de la population congolaise.

« La sécurité des personnes dans l’est de la RDC continue de susciter l’inquiétude, bien que le président se soit engagé à plusieurs reprises à s’attaquer au problème. La population a entendu assez de promesses et veut être protégée efficacement », a déclaré Deprose Muchena.

Les opérations militaires ont permis de désarmer quelque 3 000 rebelles rwandais et congolais dans les provinces du Kasaï, de l’Ituri, du Maniema, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Les autorités ont renvoyé de force au Rwanda plus de 1 500 membres de la famille de rebelles qui s’étaient rendus, dont la plupart étaient des personnes réfugiées. Par ailleurs, les autorités négligent le bien-être général de ces rebelles, certains sont même morts de faim en cantonnement.

Une justice hors de portée

En septembre 2019, le président Félix Tshisekedi a déclaré qu’il ne comptait pas « aller fouiner dans le passé » et n’avait pas le temps d’amener les auteurs présumés d’atteintes aux droits humains à répondre de leurs actes.

Il n’est donc pas surprenant que l’impunité ait régné ces 12 derniers mois : seule une poignée d’enquêtes et de procès concernant des atteintes aux droits humains ont eu lieu.

En novembre 2019, un membre de haut niveau du cabinet présidentiel a écrit aux tribunaux congolais pour leur demander de « suspendre » les mandats d’arrêt contre les cadres de l’ancien Mouvement du 23-Mars (M23) soupçonnés d’avoir commis de graves atteintes aux droits humains pendant la rébellion de 2012-2013.

« La Constitution oblige le président Félix Tshisekedi à amener les responsables présumés de tous les crimes, passés et présents, commis contre des Congolais·es et leur famille à rendre des comptes », a déclaré Deprose Muchena.

« Rechercher la paix aux dépens de la justice est une illusion par laquelle les autorités de la RDC ne doivent pas se laisser bercer. »

Des seigneurs de guerre en liberté

Un mandat d’arrêt décerné à Guidon Shimiray Mwissa en juin 2019 par un tribunal militaire pour le recrutement d’enfants soldats et des viols a apporté une lueur d’espoir, mais il n’a pas encore été exécuté.

Cet homme est le deuxième seigneur de guerre reconnu qui se trouve toujours en liberté après Gédéon Kyungu Mutamba, condamné pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité par un tribunal congolais en 2009. Ce dernier s’est évadé de prison en 2011 et s’est « rendu » aux autorités en 2016 mais demeure en liberté, engagé en politique dans l’ancienne province du Katanga.

Le procès d’un autre seigneur de guerre, Ntabo Ntaberi Cheka, qui s’est ouvert en novembre 2018, stagne.

« Le président Félix Tshisekedi a déclaré 2020 année de l’action. Le rétablissement de la justice et le respect total des droits humains et de l’état de droit doivent être au centre de toute action entreprise par son gouvernement. Faute de redevabilité et de justice pour les atteintes aux droits humains et les crimes de droit international, il sera impossible pour la population congolaise de se remettre des atrocités passées », a déclaré Deprose Muchena.

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