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Myanmar. Vingt-huit civil·e·s tués lors d’un bombardement par l’armée – nouvelle enquête et témoignages

  • Au moins 12 enfants tués, et 57 personnes blessées selon certaines sources

L’armée du Myanmar a tué au moins 28 civil·e·s lors d’un bombardement sur un camp de personnes déplacées, qui pourrait constituer un crime de guerre, a déclaré Amnesty International vendredi 13 octobre.

Le 9 octobre vers 11 h 30, l’armée du Myanmar a lancé une attaque qui a touché le camp de personnes déplacées de Mung Lai Hkyet, proche de la ville de Laiza, dans l’État kachin, près de la frontière avec la Chine.

Des témoins ont indiqué à Amnesty International qu’une grosse bombe avait explosé à proximité du camp, suivie de tirs nourris de mortier provenant de positions de l’armée dans les environs.

Le monde doit enfin ouvrir les yeux sur l’horreur qui se déroule chaque jour au Myanmar

Matthew Wells, directeur du programme Réaction aux crises d’Amnesty International

Ce camp abrite quelque 150 familles déplacées et se trouve près d’autres habitations civiles dans le village de Mung Lai Hkyet. Il est situé à environ cinq kilomètres du centre de Laiza, siège de l’Organisation/Armée pour l’indépendance kachin (KIO/A), un groupe ethnique armé qui affronte l’armée du Myanmar depuis plusieurs décennies.

« Cette attaque meurtrière de la part de l’armée du Myanmar est une nouvelle preuve de son mépris total pour la vie des civil·e·s, a déclaré Matthew Wells, directeur du programme Réaction aux crises d’Amnesty International.

« Le bombardement du camp de personnes déplacées de Mung Lai Hkyet est la dernière d’une série d’attaques aveugles contre la population civile commises par l’armée depuis son coup d’État de 2021, dont beaucoup constituent des crimes de guerre. 

« Le monde doit enfin ouvrir les yeux sur l’horreur qui se déroule chaque jour au Myanmar. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit sans plus attendre imposer un embargo sur les armes à destination du Myanmar, notamment sur l’approvisionnement en carburant d’aviation, étant donné que l’armée déchaîne son arsenal contre la population civile dans tout le pays. »

Un expert en armement d’Amnesty International a analysé des photos et des vidéos des suites de l’attaque, sur lesquelles on voit des traces d’une explosion massive qui a rasé des dizaines de bâtiments – dont une église, une école maternelle et de nombreuses habitations – et déclenché des incendies.

L’onde de choc a provoqué des lésions catastrophiques causées par la surpression et par des fragments chez les victimes, y compris des blessures fatales au niveau de la tête, des lacérations qui ont mis à nu des organes et des membres arrachés ou pulvérisés. La taille du cratère et les dégâts observés correspondent aux plus grosses bombes aériennes que possède l’armée du Myanmar à la connaissance d’Amnesty International. L’organisation est presque certaine que celle-ci a largué une bombe non guidée, qui est une arme imprécise complètement inadaptée à une utilisation à proximité de civil·e·s.

Un habitant du camp de personnes déplacées de Mung Lai Hkyet se tient devant son abri détruit le lendemain de l’attaque par l’armée du 9 octobre. Copyright : Privé.

Dans une déclaration, l’armée du Myanmar a nié sa responsabilité en affirmant qu’il s’agissait de l’explosion d’un site où la KIO/A stockait du nitrate d’ammonium. Cette explication ne coïncide pas avec les témoignages recueillis, selon lesquels l’explosion a été le point de départ d’une attaque coordonnée. En outre, la bombe est tombée sur un vaste champ ouvert à travers lequel passent régulièrement des véhicules, où il est peu plausible que du nitrate d’ammonium ait été stocké.

Sur la base de l’ensemble des éléments disponibles, Amnesty International estime que le scénario le plus probable est celui d’une frappe à l’aide d’une bombe non guidée. L’armée du Myanmar a déjà mené de multiples attaques aveugles de ce type par le passé, y compris sur des camps de personnes déplacées.

Aux termes du droit international humanitaire, qui s’applique aux conflits armés non internationaux en cours au Myanmar, notamment dans l’État kachin, les attaques aveugles, qui ne font pas de distinction entre objectifs militaires et population civile ou biens de caractère civil, sont interdites. Lorsqu’une attaque menée sans discernement tue ou blesse des civil·e·s, elle constitue un crime de guerre.

« Cette nuit-là, j’ai cru que j’allais mourir. »

Amnesty International a interrogé trois témoins de l’attaque et de ses suites immédiates.

Une femme dont la famille a survécu à l’explosion a déclaré à l’organisation : « Je me suis couchée vers 22 h 30. Alors que j’écoutais les informations relatives au conflit entre Israël et le Hamas via Facebook, aux alentours de 23 h 30, une énorme bombe est tombée.

« Je logeais avec ma nièce dans une pièce, et ma sœur avec d’autres personnes dans une autre pièce. Je me suis réveillée en sursaut lorsque les armes lourdes ont explosé. Tout en restant allongée dans mon lit, j’ai appelé les membres de ma famille […]. J’ai dit : “Nous ne pouvons plus rester ici. Nous devons partir.”

« Comme nous sommes des personnes déplacées, nous devons habiter sur le terrain d’autres personnes […]. Nous n’avions pas d’endroit où creuser un abri anti-bombes. Nous avons dû nous cacher dans la canalisation en béton au bord de la route. Nous sommes restés assis là en continuant de crier à l’aide […] Cette nuit-là, j’ai cru que j’allais mourir. »

Cette femme et les neuf membres de sa famille sont restés cachés tandis que les tirs de mortier touchaient terre tout près d’eux, avant d’aller s’abriter non loin. Elle a ajouté : « Quand je regarde vers l’avenir de notre vie [de personnes déplacées], je ne vois que des ténèbres. »

Une personne logeant à proximité, qui est arrivée environ deux heures après l’explosion de la bombe, a déclaré à Amnesty International : « Nous ignorons comment ils ont largué ou lancé la première bombe, mais nous savons que les tirs qui ont suivi provenaient du lieu où se trouvent les postes de l’armée [du Myanmar].

« J’ai vu 28 corps […] Presque toutes les personnes ont été tuées par l’explosion de la bombe. Certaines avaient de telles blessures à la tête qu’elles étaient méconnaissables. Une mère et deux de ses enfants figuraient parmi les victimes. Je n’ai pas supporté de voir le bébé et les enfants mourir. Je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer. »

D’après une liste des victimes qu’Amnesty International a pu consulter, qui semble avoir été établie par la KIO, au moins 12 enfants ont été tués, et au moins 57 personnes ont été blessées.

Une garderie dans le village de Mung Lai Hkyet faisait partie des bâtiments détruits lors l’attaque par l’armée du Myanmar le 9 octobre. Copryright : Privé.

Un autre témoin habitant près du camp, qui dit avoir entendu un avion passer au-dessus de la zone, a indiqué à Amnesty International que la bombe avait laissé un énorme cratère au milieu d’un champ voisin. Selon lui, une église baptiste, comme des dizaines d’autres biens de caractère civil situés près du point d’impact de la bombe, a été détruite.

Il a déclaré : « L’explosion a détruit toutes les maisons […]. En kachin, on appelle ce type de bombe “bombe de l’enfer” […]. J’ai dû ramper à travers les débris pour survivre […]. Tout mon corps me fait mal et mes oreilles bourdonnent encore à cause de l’explosion. »

Amnesty International appelle à nouveau le Conseil de sécurité de l’ONU à imposer un embargo total sur les armes à destination du Myanmar et à saisir la Cour pénale internationale de la situation dans ce pays, afin que les responsables présumés de crimes de droit international puissent être traduits en justice.

Complément d’information

Depuis son coup d’État du 1er février 2021, l’armée du Myanmar a eu de plus en plus souvent recours à des frappes aériennes pour attaquer la population civile.

L’Organisation/Armée pour l’indépendance kachin (KIO/A) est l’un des nombreux groupes ethniques armés présents dans les zones frontalières du pays. L’armée du Myanmar et la KIO/A sont engagées dans un conflit armé non international depuis plusieurs décennies. Les affrontements entre ces deux forces ont continué après le coup d’État, et la KIO/A participe également au mouvement national d’opposition au régime militaire.

Dans un rapport publié en mai 2022, intitulé « Les balles pleuvaient ». Crimes de guerre et déplacements de population dans l’est du Myanmar, Amnesty International a établi que l’armée du Myanmar avait soumis des civil·e·s à des sanctions collectives par le biais d’attaques aériennes et terrestres de grande ampleur, de détentions arbitraires, d’actes de torture, d’exécutions extrajudiciaires, et de pillages et d’incendies systématiques de villages.

Une autre enquête menée en octobre 2022 a conclu que les frappes aériennes meurtrières visant un concert dans l’État kachin, qui ont tué des dizaines de personnes et notamment des civil·e·s, semblaient relever d’une campagne d’attaques illégales. Un rapport de novembre 2022 intitulé Deadly Cargo: Exposing the supply chain that fuels war crimes in Myanmar a identifié des entreprises participant à la chaîne d’approvisionnement en carburant d’aviation de l’armée du Myanmar et révélé de nouveaux témoignages relatifs à des frappes aériennes contre la population civile.

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