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Guinée. Un projet de loi anti-terrorisme menace l’exercice des libertés à l’approche des élections

  • Son adoption confirmerait la dérive sécuritaire des autorités
  • La garde à vue pourrait s’étendre à un mois
  • Des lieux de culte pourraient être fermés et des communications surveillées sans contrôle du juge

Les autorités guinéennes doivent s’abstenir d’adopter une nouvelle loi restreignant la liberté d’expression et prolongeant jusqu’à 30 jours les délais de garde à vue, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.

Ce 24 avril, le parlement doit examiner le projet de loi portant prévention et répression du terrorisme, qui comporte plusieurs dispositions qui menacent l’exercice des droits humains.

 

 

« Si la loi est adoptée, certains de ses articles pourraient être appliqués contre des personnes ayant des opinions dissidentes alors que la Guinée se trouve déjà dans un contexte politique tendu avec des manifestations de masse », a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International. 

« Nous appelons les autorités à modifier ou supprimer les articles qui portent atteinte aux droits humains, notamment les droits à la liberté d’expression, la liberté de rassemblement pacifique, la liberté d’association, la liberté de conscience et la liberté de circulation ».

Selon l’analyse du projet de loi faite par Amnesty International, les “actes de terrorisme” et les autres infractions liées sont mal définis, vagues et ambigus. Ils risquent d’ériger en infraction l’exercice licite de la liberté d’expression, d’association et de rassemblement pacifique.
Par exemple, l’article 6 du projet fait référence à une définition floue d’un acte de terrorisme, en intégrant des notions telles que le fait de pouvoir occasionner « des dommages à l’économie nationale », «l’intimidation d’une population» et la perturbation du «fonctionnement normal des services publics».

Amnesty International considère que le caractère imprécis de cette disposition, parmi tant d’autres, va à l’encontre du principe de légalité. Dans le contexte politique d’un pays où les grèves, opérations ville-morte et manifestations de masse sont fréquentes, ces dispositions risquent d’être utilisées contre des manifestants et syndicalistes exerçant leurs droits humains.

Selon le projet de loi, une personne arrêtée sous le coup de la loi anti-terrorisme pourrait être en garde à vue pendant 30 jours et extradée vers des pays où elle pourrait être exposée à la peine de mort ou à des actes de torture et autres mauvais traitements.

Ce prolongement de la garde à vue est un véritable motif d’inquiétude compte tenu des cas de torture et autres mauvais traitements documentés par Amnesty International. Par exemple, le 4 mars 2016, un homme a été arrêté et emmené à la brigade anticriminalité de Kipé, un quartier de Conakry, la capitale guinéenne. Les forces de sécurité l’ont suspendu par les mains et les pieds à une barre en bois, et l’ont frappé à coups de crosse et de bâton pendant trois jours. En février 2017, un capitaine de la brigade a été arrêté et inculpé pour ces actes de torture. En février 2019, il a été condamné à six ans de prison. Au moins 10 autres gendarmes et policiers avaient été suspendus à la suite de ces faits, mais aucun n’a été déféré devant un juge.

Par ailleurs, si la loi était adoptée, elle donnerait aux autorités guinéennes des pouvoirs extraordinaires et autoriserait notamment la fermeture de lieux de culte, l’interception de communication et la restriction de l’accès à certaines zones, en dehors de tout contrôle juridictionnel.

L’article 29 du projet de loi stipule que des autorités locales, comme des préfets et sous-préfets, peuvent instituer des périmètres de protection au sein desquels l’accès et la circulation des personnes sont « réglementés ». Cette décision peut être prise sans l’appréciation préalable d’un juge et sans justification d’un risque précis.

Cette disposition est de nature à porter atteinte au droit à la liberté de circulation et pourrait entraver d’autres droits comme le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit au travail, le droit à la liberté de rassemblement pacifique et le droit à la liberté d’association. 

 « Ce projet de loi, s’il était adopté, confirmerait la dérive sécuritaire des autorités guinéennes et enverrait un très mauvais signal à l’approche des prochaines élections législatives et présidentielles », a déclaré François Patuel.

 

 

« Face à la recrudescence des attaques de groupes armés dans la sous-région, y compris au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Niger, au Nigéria et au Mali, toute mesure que la Guinée pourrait être légitimée à prendre en vue de protéger sa population contre les actes de violence criminelle doit s’inscrire dans un cadre qui garantit la protection de tous les droits humains ».

Complément d’information

Au moins 18 civils sont décédés dans le contexte de manifestations en Guinée l’année dernière et plusieurs douzaines ont été blessées par balle, y compris des enfants. Trois membres des forces de sécurité ont été tués dans ces violences. En octobre 2018, des militaires portant un béret rouge et des armes à feu sont intervenus au cours d’une opération de maintien de l’ordre lors d’une manifestation.

En novembre de la même année, les autorités ont annoncé le déploiement d’unités de l’armée au niveau de plusieurs points sensibles à Conakry, la plupart sur les itinéraires utilisés lors de manifestations. Malgré les demandes d’Amnesty International, les autorités ont refusé de préciser les modalités de ces déploiements, leur durée, les conditions de leur renouvellement et les procédures opérationnelles prévues en cas de manifestation.

 

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