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© Shirukhan Adam/Demotix/Corbis
Maldives
Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains aux Maldives en 2024.
Les Maldives demeuraient l’un des pays les plus exposés au changement climatique, mais continuaient de dépendre fortement des énergies fossiles. Les populations marginalisées subissaient de façon disproportionnée les effets de la crise climatique. La liberté de la presse et le droit à la liberté de réunion pacifique étaient toujours soumis à des restrictions.
CONTEXTE
Le Congrès national du peuple a remporté les élections parlementaires en avril.
LIBERTÉ D'EXPRESSION
La Loi relative à la preuve, en vertu de laquelle les juges pouvaient obliger les journalistes à révéler leurs sources sur des sujets ayant trait au « terrorisme » et à la « sécurité nationale », était toujours en vigueur. En mai, les Maldives ont reculé de six places dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, se classant ainsi au 106e rang sur 180 pays.
LIBERTÉ DE RÉUNION PACIFIQUE
Les restrictions illégales du droit à la liberté de réunion pacifique se sont multipliées. En février, le chef de la police a annoncé l’interdiction de toute manifestation autour des institutions gouvernementales comme le Parlement, la Présidence ou la Cour suprême.
En février, la Haute Cour a statué que Aishath Rasheed, employée de la police maldivienne, avait été injustement démise de ses fonctions. Elle avait été renvoyée en août 2017 après avoir participé à une manifestation marquant les trois ans écoulés depuis la disparition forcée du journaliste de Minivan News Ahmed Rilwan. Le tribunal a ordonné qu’elle soit réintégrée et indemnisée.
En août, les médias ont rapporté que deux femmes, Shazra Ibrahim et Aishath Shadhiya, avaient été illégalement arrêtées et détenues pour avoir manifesté devant des ambassades, les bureaux de l’ONU et la résidence de plusieurs ambassadeurs. Les manifestantes, qui appelaient au boycott de produits israéliens, ont été placées en détention provisoire avant d’obtenir une libération conditionnelle le 5 septembre.
DROITS DES FEMMES ET DES FILLES
Les femmes restaient sous-représentées dans les affaires publiques. Seules trois des 93 membres du Parlement élu en avril étaient des femmes. Les violences fondées sur le genre persistaient, et les cas de violences faites aux femmes et aux filles ne faisaient que rarement l’objet d’enquêtes, de poursuites et de procès. En juillet, le Comité des droits de l’homme [ONU] a exprimé son inquiétude au sujet des mutilations génitales féminines et de la violence domestique, déplorant qu’elles ne constituent pas des infractions pénales spécifiques.
DROITS DES PERSONNES LGBTI
Les relations sexuelles consenties entre adultes de même sexe, ainsi que les relations sexuelles hors mariage, demeuraient interdites par la loi.
LIBERTÉ DE RELIGION ET DE CONVICTION
En juillet, le Comité des droits de l’homme a appelé les Maldives à revenir sur la primauté constitutionnelle de la charia, conformément aux engagements internationaux du pays en matière de droits humains. Certains groupes religieux et politiques ont continué d’invoquer des arguments religieux pour demander la mise en œuvre de restrictions à l’exercice des droits humains et au travail des organisations de la société civile. Contraint à la fermeture en 2019 à la suite de pressions exercées par des groupes religieux, le Réseau des Maldives pour la démocratie demeurait dans l’incapacité de mener à bien ses activités.
DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS
Le Fonds monétaire international a souligné le coût élevé des importations, de l’énergie et de la vie dans le pays. L’expert indépendant des Nations unies sur la promotion d’un ordre international démocratique et équitable s’est rendu aux Maldives en mars et a constaté que la population des îles les plus isolées était confrontée à des difficultés d’accès au logement et à l’eau potable. En juillet, le Comité des droits de l’homme s’est déclaré préoccupé par la fréquence des avortements dangereux, la réprobation sociale entourant les soins de santé reproductive et les obstacles géographiques à l’accès aux soins.
DROIT À LA VÉRITÉ, À LA JUSTICE ET À DES RÉPARATIONS
La Commission présidentielle d’enquête sur les meurtres et les disparitions forcées a été dissoute en mai sans avoir publié les conclusions de ses enquêtes ni donné d’informations aux familles des victimes de disparition forcée.
DROIT À UN ENVIRONNEMENT SAIN
Le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit humain à un environnement propre, sain et durable a effectué une visite aux Maldives et signalé des retards dans la transition vers des énergies propres et une forte dépendance aux énergies fossiles subventionnées par l’État. Il a indiqué que la crise climatique avait des conséquences disproportionnées sur les populations marginalisées, qui avaient un accès limité aux mesures d’adaptation. L’expert indépendant pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable a constaté que l’urbanisation rapide et les pratiques de développement non durables continuaient d’aggraver la dégradation de l’environnement.