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©AP/Press Association Images
Malawi
Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains au Malawi en 2024.
Les inondations et les sécheresses ont menacé le droit à l’alimentation. Des groupes marginalisés ont été victimes de discrimination et de violence. Les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ont été bafoués. Des personnes en détention ont été maltraitées et torturées.
CONTEXTE
En mars, le président, Lazarus Chakwera, a déclaré l’état de catastrophe naturelle dans 23 des 28 districts touchés par le phénomène El Niño.
En octobre, la Banque mondiale a indiqué que 71 % de la population vivait dans une pauvreté extrême.
DROIT À L'ALIMENTATION
En octobre, le Programme alimentaire mondial a signalé que 5,7 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire grave dans le pays et avaient besoin d’une aide alimentaire en raison des inondations, de la sécheresse provoquée par le phénomène El Niño, des mauvaises récoltes, de la dévaluation de la monnaie et de l’inflation. Les prix des aliments de base, et notamment du maïs, ont presque doublé en un an, et ont triplé par rapport à la moyenne nationale sur cinq ans.
En mars, le président avait déclaré que, selon un rapport préliminaire du gouvernement, 749 113 hectares de champs de maïs (soit près de la moitié des cultures du pays) avaient souffert de pluies insuffisantes, d’inondations et de longues périodes de sécheresse, ce qui a provoqué une forte augmentation des prix et une insécurité alimentaire. Le gouvernement a investi dans le secteur de l’irrigation et a fourni une aide alimentaire d’urgence, en coopération avec des partenaires.
DISCRIMINATION
L’ONG internationale Standing Voice a recensé quatre tentatives d’attaques contre des personnes atteintes d’albinisme entre janvier et août. En juillet, quatre hommes ont été condamnés à 40 ans d’incarcération, et un cinquième à la réclusion à perpétuité plus une peine de 50 ans de prison, pour avoir tué en 2022 une petite fille de trois ans atteinte d’albinisme, dans le district de Kasungu.
En juin, la Cour constitutionnelle du Malawi a confirmé l’interdiction des relations sexuelles entre adultes de même sexe consentants.
LIBERTÉ D'EXPRESSION ET DE RÉUNION
Des journalistes ont fait l’objet de poursuites judiciaires et de manœuvres d’intimidation. En janvier, Gregory Gondwe a dû fuir le Malawi après avoir publié sur le site internet de la Plateforme pour le journalisme d’investigation un article dénonçant des affaires de corruption présumées au sein de l’armée. En avril, Macmillan Mhone a été arrêté dans la ville de Blantyre et inculpé de « publication de fausses informations » en raison d’un article de 2023 qui révélait que le gouvernement aurait fait des affaires avec un homme poursuivi pour fraude et corruption. L’affaire n’a pas été jugée.
En mai, des membres supposés du Parti du Congrès du Malawi ont attaqué des membres de l’Alliance pour la démocratie avant un rassemblement organisé par ce parti d’opposition à Mponela, dans le district de Dowa. La police n’a rien fait pour protéger les victimes et n’a pas arrêté les assaillants.
TORTURE ET AUTRES MAUVAIS TRAITEMENTS
La Commission des droits humains du Malawi a signalé que la police avait fait subir à des personnes détenues des actes de torture et d’autres mauvais traitements, des maintiens prolongés en détention sans inculpation et des transferts entre districts non nécessaires.
En janvier, un garçon de 13 ans aurait été placé en garde à vue pendant environ quatre jours par la police de Misanjo (district de Mulanje). Pendant toute la durée de sa détention, ses mains étaient attachées avec des élastiques, qui ont provoqué de graves problèmes de circulation : le garçon a dû être amputé d’une main et de deux doigts de l’autre main. En août, deux agents ont comparu devant un tribunal pour lésions corporelles graves dans le cadre de cette affaire.
DROITS DES PERSONNES RÉFUGIÉES OU MIGRANTES
En janvier, l’organisation de la société civile Inua Advocacy a recensé au moins six cas d’attaques xénophobes subies par des personnes réfugiées travaillant comme conducteurs ou conductrices de motos-taxis. Inua Advocacy a également signalé des actes de corruption au sein du programme de réinstallation, et des soupçons de soudoiement et d’extorsion de la part de fonctionnaires et d’acteurs privés dans le camp de réfugié·e·s de Dzaleka.