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Swaziland
© Gianluigi Guercia/AFP/Getty Images

© Gianluigi Guercia/AFP/Getty Images

Eswatini

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Eswatini en 2024.

L’État n’a pas enquêté sur plusieurs homicides extrajudiciaires, dont celui de l’avocat défenseur des droits humains Thulani Maseko. Cette année encore, des journalistes et des personnes qui avaient critiqué le gouvernement ont fait l’objet d’une répression politique généralisée comprenant des arrestations et des détentions arbitraires. Des détenus ont subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements. La crise économique s’est aggravée, exacerbant les inégalités. Les violences fondées sur le genre étaient courantes et les droits des personnes LGBTI ont été gravement compromis.

CONTEXTE

Les troubles sociaux ont pris de l’ampleur sous la monarchie absolue du roi Mswati III, et la population a demandé à plusieurs reprises des réformes démocratiques. Le gouvernement a déclaré que les hauts niveaux de pauvreté et de chômage constituaient des urgences nationales. Le taux de chômage a atteint globalement 35,4 %, montant jusqu’à 48,7 % chez les jeunes.

EXÉCUTIONS EXTRAJUDICIAIRES

L’État n’a pas mené d’enquêtes transparentes, indépendantes et impartiales sur les homicides extrajudiciaires commis entre 2021 et 2024. Son mépris des appels au respect de l’obligation de rendre des comptes et l’absence de procédures judiciaires transparentes ont de fait bafoué les droits des victimes ou familles de victimes de la violence gouvernementale à obtenir justice, indemnisation et réparation. C’était notamment le cas concernant Thulani Maseko, tué chez lui par des hommes armés non identifiés en 2023, dans le cadre d’une intensification des attaques contre les détracteurs de l’État.

LIBERTÉ D'EXPRESSION

Les autorités ont utilisé la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme pour prendre pour cible des militant·e·s, notamment prodémocratie, et des journalistes. Ce texte aux dispositions formulées en termes vagues a permis à l’État de justifier l’arrestation et la détention arbitraires de personnes l’ayant critiqué.

Les actes de harcèlement et d’intimidation contre des journalistes se sont multipliés et visaient particulièrement celles et ceux qui signalaient des atteintes aux droits humains et des cas de corruption gouvernementale. Les manœuvres d’intimidation pouvaient aller jusqu’à des menaces de poursuites, comme pour le journaliste Zweli Martin Dlamini, rédacteur en chef du Swaziland News, qui vivait en exil en Afrique du Sud depuis plusieurs années. En février, le gouvernement a saisi la Haute Cour de Mpumalanga, en Afrique du Sud, afin d’engager une procédure contre cet homme et Swaziland News pour des articles qui, d’après le gouvernement, calomniaient le roi Mswati III ainsi que divers ministres et hauts fonctionnaires, et constituaient une menace pour la sécurité nationale.

LIBERTÉ DE RÉUNION PACIFIQUE

Le 15 juillet, les députés Mduduzi Bacede Mabuza et Mthandeni Dube ont été condamnés respectivement à 25 et 18 ans de réclusion au titre de la Loi relative à la répression du terrorisme pour leur participation à des manifestations en faveur d’une réforme politique en 2021. Ces affaires sont devenues un symbole de la répression de la dissidence politique.

TORTURE ET AUTRES MAUVAIS TRAITEMENTS

Des détenus, notamment ceux emprisonnés pour avoir exprimé leurs opinions politiques, ont été soumis à des actes de torture et d’autres mauvais traitements. À la suite de la condamnation de Mduduzi Bacede Mabuza (voir Liberté de réunion pacifique), les gardiens du complexe correctionnel de Matsapha ont refusé au député de la nourriture pendant au moins quatre jours, y compris celle qui lui était apportée depuis l’extérieur de la prison et dont il avait besoin en raison de son régime alimentaire particulier dû à l’hypertension.

DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS

Droit à l’alimentation

Il a été estimé qu’environ 22 % de la population (soit presque 270 000 personnes) seraient confrontés à une très grave insécurité alimentaire d’ici mars 2025, selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, en raison d’une explosion des prix des denrées alimentaires et d’autres produits essentiels due à l’inflation et à une perturbation des importations. Les foyers ruraux et ceux des zones urbaines dont les revenus étaient peu élevés étaient particulièrement exposés à l’insécurité alimentaire.

Droit à la santé

Les mesures d’austérité imposées par le gouvernement ont réduit encore davantage les dépenses publiques dans le secteur de la santé, engendrant une crise des soins de santé maternelle dans les zones rurales. Les femmes ont eu du mal à accéder aux services de base. Le Rapport d’analyse du marché du travail dans le domaine de la santé a prédit que, sans intervention urgente de la part des pouvoirs publics, il manquerait 26 563 soignant·e·s d’ici 2032, ce qui menacerait encore plus les services essentiels.

DROITS DES FEMMES ET DES FILLES

Les violences fondées sur le genre demeuraient nombreuses. L’État n’a pas protégé les femmes et les filles contre ces méfaits et n’a pas fait appliquer les lois en la matière, permettant ainsi aux auteurs de ces violences de rester bien souvent impunis. L’ONG Groupe d’action d’Eswatini contre les violences a déclaré en avril que le viol demeurait un problème majeur. Le nombre de femmes et de filles concernées restait inconnu, notamment car la plupart des victimes ne signalaient pas ces violences ou retiraient leur témoignage sous la contrainte.

Discriminatoire, la loi protégeait mal les femmes vivant en milieu rural, surtout en matière d’héritage foncier, ce qui exacerbait leur marginalisation économique et limitait leur accès à la terre, aux soins de santé et à l’éducation.

DROITS DES PERSONNES LGBTI

Le gouvernement a continué de refuser à l’association Minorités sexuelles et de genre d’Eswatini le droit de s’enregistrer comme organisation à but non lucratif, malgré une décision rendue par la Cour suprême en 2023, qui enjoignait au ministre du Commerce et de l’Industrie de réexaminer cette demande.