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©AP/Press Association Images

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Corée du Nord : tout ce qu'il faut savoir sur les droits humains

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 156 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Corée du Nord en 2022.

Le droit de circuler librement et le droit à l’information étaient toujours sévèrement restreints en raison de la fermeture des frontières. Les autorités ont déclaré avoir vaincu la pandémie de COVID-19, bien qu’il n’y ait aucune preuve que des vaccinations aient eu lieu dans le pays. Des personnes, y compris mineures, étaient soumises au travail forcé et certaines étaient obligées d’occuper des emplois qui leur avaient été attribués par l’État. Selon les informations disponibles, les camps de prisonniers politiques étaient toujours en activité. Des cas de torture et d’autres mauvais traitements contre des personnes détenues ont été signalés.

CONTEXTE

Une « urgence nationale maximum » a été déclarée après le premier signalement officiel de contaminations au coronavirus.

La Corée du Nord a procédé à de multiples lancements de missiles, et ses discours belliqueux ainsi que ses exercices militaires ont exacerbé les tensions dans la région.

Elle a envoyé son ambassadeur à la 27e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27), ce qui a constitué l’une des rares apparitions diplomatiques du pays en présentiel depuis le début de la pandémie.

En mars, le HCDH a déclaré qu’il y avait des motifs raisonnables de penser que des crimes contre l’humanité avaient été commis en Corée du Nord.

DROIT DE CIRCULER LIBREMENT

Le gouvernement a gardé les frontières du pays fermées pendant trois ans en raison de la pandémie de COVID-19 et a continué d’imposer des quarantaines temporaires et de contrôler les déplacements dans plusieurs régions. La circulation des personnes et des biens d’une région à l’autre restait limitée par la politique de quarantaine.

À la fin de l’année, au moins 67 Nord-Coréen·ne·s (32 femmes et 35 hommes) s’étaient enfuis en Corée du Sud, soit le deuxième chiffre le plus faible depuis 2003, année où des statistiques officielles ont commencé à être publiées. La plupart de ces personnes avaient rejoint d’autres pays, tels que la Chine, avant la pandémie et n’ont gagné la Corée du Sud que plus tard.

En raison des contrôles aux frontières, aucune ONG ni aucun média indépendant n’était présent dans le pays pour observer les conséquences des restrictions mises en place, notamment en matière de liberté d’expression et d’espace civique.

DROIT À L’INFORMATION

La fermeture des frontières face à la pandémie de COVID-19 a restreint davantage encore l’accès de la population aux informations provenant de l’extérieur. Une présence militaire accrue a été signalée le long de la frontière, ainsi que l’installation de caméras de surveillance et de capteurs de mouvements, ce qui a encore plus compliqué l’entrée d’informations dans le pays.

La répression de l’accès aux informations étrangères et l’imposition de sanctions aux contrevenant·e·s se sont poursuivies au titre de la Loi sur la dénonciation de la pensée et de la culture réactionnaires, promulguée en décembre 2020. Des adolescent·e·s auraient été exécutés pour avoir regardé et partagé une émission de télévision sud-coréenne.

L’usage quotidien du téléphone portable est devenu plus courant et de plus en plus de gens disposaient d’un abonnement. Néanmoins, l’accès aux services internationaux de téléphonie mobile et leur utilisation faisaient l’objet de sévères restrictions dans l’ensemble du pays. Les appels à l’étranger étaient presque totalement bloqués pour les citoyen·ne·s ordinaires et seul un nombre très limité de membres de l’élite dirigeante étaient autorisés à utiliser Internet.

DROIT À LA SANTÉ

Il n’existait aucune preuve que des vaccins anti-COVID-19 aient été administrés à la population. La communauté internationale, notamment COVAX, a proposé à plusieurs reprises son aide en la matière, mais les autorités l’ont systématiquement refusée.

Le virus constituait une grave menace pour les 25 millions de Nord-Coréen·ne·s, car ils n’avaient pas accès aux vaccins et vivaient dans l’un des pays dont le système de santé était le plus fragile au monde.

Le 12 mai, les autorités ont officiellement annoncé l’apparition des premiers cas confirmés de COVID-19. Elles ont ensuite proclamé leur « victoire » sur le virus le 10 août, affirmant qu’elles l’avaient complètement éradiqué du 
pays. Des cas présumés ont cependant continué de se manifester. En septembre, le gouvernement a déclaré que la vaccination pouvait commencer.

DROIT À L’ALIMENTATION, À L’EAU ET À L’ASSAINISSEMENT

Plus de 40 % de la population était sous-alimentée et avait besoin d’une aide humanitaire. Une grande partie souffrait de malnutrition chronique. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a de nouveau inclus la Corée du Nord dans la liste des pays nécessitant une aide alimentaire extérieure.

Les trains de marchandises transfrontaliers entre la Chine et la Corée du Nord ne circulaient que par intermittence et à moindre fréquence qu’avant la pandémie. La quantité de nourriture arrivant de l’étranger par le biais des importations et de l’aide de la communauté internationale était toujours inférieure aux niveaux pré-COVID-19. D’après certaines informations, les autorités ont demandé une aide alimentaire à certains pays, tels que l’Inde et le Viêt-Nam.

Une succession de catastrophes naturelles, notamment une période de sécheresse au printemps et des typhons en été, aurait aggravé la faible productivité du secteur agricole.

Dans le cadre de la politique de confinement, toute contrebande de marchandises à la frontière entre la Corée du Nord et la Chine était strictement interdite. Il semblerait cependant que certains individus aient continué de faire passer des produits en fraude et qu’un trafic illicite non officiel ait aussi été mené secrètement par les autorités.

Les groupes marginalisés, tels que les personnes en situation de handicap, les enfants, les personnes âgées et celles qui vivaient en dehors des villes et des agglomérations, étaient particulièrement touchés par les pénuries alimentaires. De nombreuses régions manquaient de systèmes d’approvisionnement en eau et d’évacuation des eaux usées.

DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS

Droits des travailleuses et travailleurs

À la fin de leurs études secondaires, certaines personnes étaient affectées à des emplois choisis par l’État. La plupart des travailleuses et travailleurs qui n’étaient pas employés dans les secteurs considérés comme des priorités nationales, tels que l’armée et les organes chargés de l’application des lois, ne touchaient pas des salaires suffisants pour accéder à un niveau de vie satisfaisant. De nombreux cas de personnes contraintes de mener des activités illégales pour survivre, telles que la contrebande, le vol et la production ou la vente de stupéfiants, ont été signalés.

Travail des enfants

Des enfants étaient forcés par l’État à travailler dans des mines de charbon et des exploitations agricoles dans des conditions dangereuses. En sus de leur éducation scolaire, les enfants avaient pour obligation d’accomplir des tâches imposées par l’État, comme du nettoyage, des travaux agricoles ou des travaux du bâtiment.

RÉPRESSION DE LA DISSIDENCE

Il était impossible de critiquer ouvertement les autorités ou les dirigeant·e·s du pays. Un sentiment de peur et d’angoisse extrêmes régnait chez les personnes qui risquaient d’être arrêtées pour des motifs politiques et accusées de crimes contre l’État ou le parti.

Quatre camps de prisonniers politiques (kwanliso) étaient toujours en activité, même si les autorités niaient leur existence. On estimait que jusqu’à 120 000 personnes y étaient détenues et soumises aux travaux forcés, à la torture et à d’autres mauvais traitements.

ARRESTATIONS ET DÉTENTIONS ARBITRAIRES

Le nombre d’arrestations et le nombre de détenu·e·s ont semble-t-il augmenté. Des personnes ont été arrêtées pour des violations des règles de quarantaine, par exemple pour s’être livrées à des trafics illicites, avoir violé les consignes d’isolement ou avoir tenté de franchir la frontière, ainsi que pour avoir consommé des stupéfiants, avoir pratiqué une religion (aucun système de croyance autre que la doctrine officielle n’étant toléré par les autorités) ou s’être procuré des informations provenant de l’étranger.

CONDITIONS DE DÉTENTION INHUMAINES

Bien que certaines informations aient fait état d’une amélioration partielle du traitement des détenu·e·s au cours des dernières années, des insultes, des coups, des actes de torture et des exécutions ont néanmoins eu lieu dans des centres de détention gérés par les organes chargés de l’application des lois, notamment le ministère de la Sûreté de l’État et le ministère de la Sécurité de la société.

Les autorités pénitentiaires auraient en particulier eu recours à des restrictions alimentaires, des coups et des actes de torture pour obtenir des « aveux » ou contrôler les personnes détenues.

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